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Hollande entame une visite d'"amitié" au Maroc

Le président François Hollande à l'Université de Rabat au Maroc, le 4 avril 2013, lors d'une visite officielle [Abdeljalil Bounhar / POOL/AFP/Archives] Le président François Hollande à l'Université de Rabat au Maroc, le 4 avril 2013, lors d'une visite officielle [Abdeljalil Bounhar / POOL/AFP/Archives]

Le président français François Hollande à la tête d'une importante délégation entame samedi une délicate visite de deux jours au Maroc sur fond de polémique autour du patron du contre-espionnage marocain, visé par des plaintes en France pour torture.

 

M. Hollande doit arriver à 15H00 locales (14H00 GMT) à Tanger, grande ville portuaire du nord du pays, où l'accueillera le roi Mohammed VI.

Le président, qui rencontrera également le Premier ministre marocain, l'islamiste Abdelilah Benkirane, sera accompagné de cinq ministres et d'une délégation étoffée de chefs d'entreprises. L'écrivain Tahar ben Jelloun et l'acteur Jamel Debbouze, tous deux marocains, seront également du voyage.

Alors que ce déplacement a été qualifié par Paris de "visite de travail et d'amitié", des associations de défense des droits de l'Homme se sont inquiétées jeudi qu'il puisse être l'occasion de décorer de la Légion d'honneur le chef de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi.

L'entourage du président a formellement démenti cette remise de décoration lors de la visite mais pas son principe.

En février, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé que Paris décorerait prochainement des insignes d'officier de la Légion d'honneur M. Hammouchi, pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme.

Rabat avait suspendu tous les accords de coopération judiciaire avec Paris de février 2014 à janvier 2015, après la convocation de M. Hammouchi par un juge d'instruction à Paris enquêtant sur plusieurs plaintes pour torture d'associations.

 

"Page tournée" 

Une série d'impairs diplomatiques avaient envenimé la crise, avant que François Hollande ne mette fin à la brouille en recevant Mohammed VI à l'Elysée en février, après la signature d'un nouvel accord judiciaire avec le Maroc.

Le roi du Maroc Mohammed VI et le président François Hollande le 3 avril 2013 [Abdeljalil Bounhar / POOL/AFP/Archives]
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Le roi du Maroc Mohammed VI et le président François Hollande le 3 avril 2013
 

 

A Paris, on considère que "la page est tournée" sur cette affaire. "Depuis plusieurs mois, on n'est plus dans la réconciliation, on est plutôt dans la reprise d'une relation très dense", assure un diplomate français.

Mais les critiques ne s'arrêtent pas là. A la veille de la visite de M. Hollande, l'association Reporters sans frontières (RSF) s'est dite inquiète de la situation de la liberté d'information dans le royaume, "où la critique de sujets tabous tels que la monarchie ou l'intégrité territoriale peut amener à de lourdes condamnations".

Le Parti communiste français a lui fustigé une visite "malvenue" dans un pays où "la répression policière et les emprisonnements s'abattent sur les démocrates et les syndicalistes."

Malgré ce contexte, le chef de l'Etat entend renforcer les liens économiques entre les deux pays, alors que la France s'est fait ravir par l'Espagne la place de premier partenaire commercial du Maroc. Mais Paris reste le premier partenaire économique de Rabat grâce à l'importance de ses investissements, "une douzaine de milliards d'euros en stock", souligne Paris.

M. Hollande inaugurera ainsi avec le souverain marocain le centre de maintenance des rames de la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca dont l'entrée en service est prévue en 2017-2018. La première rame du TGV marocain a été livrée par le groupe français Alstom en juin.

Il doit aussi se rendre sur le port de Tanger, deuxième port du Maroc et important hub entre l'Europe et l'Afrique.

 

Lutte contre le jihadisme 

"Ce sont deux chantiers très représentatifs de cette volonté de coproduction, de partenariat" entre la France et son ancien protectorat, affirme un diplomate français.

"On est vraiment dans une logique de coopération, partenariat, chacun avec sa valeur ajoutée".

La lutte contre le jihadisme sera aussi au programme, alors que le gouvernement marocain a récemment durci les lois contre toute personne impliquée dans des activités liées à des "groupes terroristes".

Le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane le 5 septembre 2015 à Rabat [Fadel Senna / AFP/Archives]
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Le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane le 5 septembre 2015 à Rabat
 

 

M. Hollande et Mohammed VI aborderont à ce sujet les possibilités de coopération "pour prévenir la radicalisation", et assisteront à la signature d'un accord sur la formation des imams.

Autre sujet au menu des discussions: le climat. M. Hollande signera "un appel de Tanger" en vue de la Conférence (COP 21) de Paris en décembre. Le Maroc, qui organisera la COP 22, est le premier pays du Maghreb à avoir remis sa contribution, avec pour objectif de passer à 42% d'énergies renouvelables d'ici 2020.

Les deux dirigeants poseront la première pierre d'un Institut de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.

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