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"Jungle" de Calais : 800 personnalités appellent à un plan d'urgence

Les tentes de migrants dans la "Jungle" le 7 octobre 2015 à Calais [PHILIPPE HUGUEN / AFP] Les tentes de migrants dans la "Jungle" le 7 octobre 2015 à Calais. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Huit cents artistes, intellectuels ou militants ont réclamé mardi "un large plan d'urgence pour sortir la 'Jungle' de Calais de l'indignité dans laquelle elle se trouve", dans un appel sur le site internet du quotidien Libération. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé dans le même temps qu'il se rendrait sur place mercredi.

Les signataires de cet "appel de Calais", parmi lesquels les réalisateurs Luc et Jean-Pierre Dardenne et Michel Hazanavicius, les comédiens Omar Sy et Jeanne Moreau, les musiciens Benjamin Biolay et Abd al Malik, le dessinateur Enki Bilal, l'économiste Thomas Piketty, déplorent "un désengagement de la puissance publique" de ce camp informel, toléré par les pouvoirs publics, qui s'est formé depuis début 2015.

Cette zone concentre "cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes, une épidémie de gale dévastatrice", rappelle le texte, qui évoque également des "viols", des "enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus", des "violences policières presque routinières" et des "ratonnades organisées par des militants d'extrême droite".

Cet appel est lancé alors que plusieurs professionnels du cinéma européen, dont Michel Hazanavicius ou l'icône allemande Hanna Shygulla, ont rencontré mardi à Bruxelles des hauts responsables de l'UE pour "rappeler l'Europe à ses devoirs" en matière d'accueil des réfugiés.

L'"appel de Calais" s'indigne pour sa part que, "au prétexte que des conditions de vie moins inhumaines pourraient produire 'un appel d'air' envers d'autres réfugiés, le gouvernement de notre pays a décidé de se défausser sur les associations et les bonnes volontés". "La spirale du pire est amorcée", affirment les signataires.

Evaluation sanitaire

"Il n'y aurait plus de place pour les exilés d'où qu'ils viennent, soi-disant au nom de la défense des plus pauvres des Français", ajoutent-ils, en fustigeant une "mise en concurrence des indigences ignoble". Ces artistes "manifestent une préoccupation que j'entends et que je partage", a réagi Bernard Cazeneuve lors d'une conférence de presse. "Ils sont la voix d'une France mobilisée, solidaire, généreuse, d'une France qui refuse le repli sur soi et le rejet", a ajouté le ministre de l'Intérieur.

Lors de sa visite, il compte annoncer "les nouveaux moyens que l'Etat s'engage à mettre en oeuvre pour surmonter les difficultés". Mercredi devraient également être annoncées les conclusions de la mission d'évaluation sanitaire lancée la semaine dernière sur le bidonville.

Rappelant qu'un doublement des capacités était prévu pour le centre d'hébergement des personnes vulnérables, M. Cazeneuve a indiqué que "les travaux débutent cette semaine" pour "une mise à l'abri rapide de 200 femmes et enfants".

La "Jungle" s'est formée à proximité de la rocade portuaire de Calais depuis le début d'année, à la suite de la volonté de la mairie de déplacer les migrants du centre-ville. Le gouvernement a annoncé fin août l'installation de containers permettant de loger 1.500 personnes au sein d'un nouveau camp jouxtant ce centre. Les travaux devraient débuter fin octobre.

 

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