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Puisseguin : l'heure du recueillement deux jours après le drame

Un homme s'agenouille devant l'affiche appellant à un hommage aux victimes de la collision de Puisseguin le 24 octobre 2015 à Petit-Palais [JEAN-PIERRE MULLER / AFP] Un homme s'agenouille devant l'affiche appellant à un hommage aux victimes de la collision de Puisseguin le 24 octobre 2015 à Petit-Palais [JEAN-PIERRE MULLER / AFP]

Deux jours après la collision de Puisseguin, ce dimanche va être une journée de journée de recueillement et du souvenir avec les familles des 43 à 44 morts, tandis que les enquêteurs poursuivent avec minutie la pénible identification des victimes et la délicate élucidation des causes du drame.

Recueillement et solidarité avec les familles ont dominé samedi dans plusieurs villages endeuillés de Gironde, au lendemain de la collision entre un car et un camion qui a fait au moins 43 morts et culmineront mardi avec un hommage du président François Hollande.

Parallèlement, à Puisseguin où s'est produit vendredi l'accident de la route le plus meurtrier en France depuis 33 ans, les enquêteurs de la gendarmerie se sont attelé méticuleusement au pénible travail d'identification des victimes - pour la plupart des personnes âgées, mais aussi un enfant - et à tenter de percer les causes de l'accident.

Samedi, plus de 36 heures après les faits, le bilan définitif restait incertain, un doute subsistant sur le nombre - 41 ou 42 - de tués à bord de l'autocar, faute de liste de passagers à la disposition des enquêteurs. Si le second chiffre se vérifiait le bilan s'alourdirait à 44 morts.

Sur les huit rescapés, quatre blessés restaient hospitalisés samedi, trois au CHU de Bordeaux dont un en soins intensifs, et un à l'hôpital de Libourne. Plus aucun pronostic vital n'était engagé, selon la préfecture.

Le président François Hollande a confirmé dans l'après-midi qu'il irait témoigner de sa "solidarité face à cette épreuve", ainsi que de celle du gouvernement, mardi dans la matinée lors d'une cérémonie à Petit-Palais-et-Cornemps, l'une des communes les plus endeuillées. Auparavant, le chef de l'Etat s'était entretenu avec la maire, Patricia Raichini, qui a perdu ses trois belles-soeurs dans le drame.

Comme dans un crash aérien

En fin d'après-midi, 21 corps calcinés - deux retrouvés dans le camion, le chauffeur et son fils de trois ans, et les autres dans l'autocar - avaient été extraits des carcasses et transférés vers l'Institut médico-légal de Bordeaux.

Le prélèvement "d'éléments biologiques" et "d'objets personnels", qui serviront à identifier les victimes, devraient prendre "trois à cinq jours", et une identification formelle "trois semaines", a indiqué un responsable de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).

Sur le site de la collision, une équipe d'identification d'une vingtaine de gendarmes, en combinaisons blanches, s'est affairée toute la journée, marquant d'étiquettes numérotées les pièces recueillies, a constaté une journaliste de l'AFP.

Photo fournie le 23 octobre 2015 par le ministère de l'Intérieur de gendarmes de l'IRCGN à Puisseguin [Jerome GROISARD / MINISTERE DE L'INTERIEUR/AFP]
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Photo fournie le 23 octobre 2015 par le ministère de l'Intérieur de gendarmes de l'IRCGN à Puisseguin
 

"Ils vont travailler corps par corps, de manière très méthodique", s'attachant notamment aux relevés dentaires et ADN, "comme dans le cadre des accidents d'avion", a indiqué le colonel Ghislain Réty, commandant du Groupement de gendarmerie de Gironde.

Des enquêteurs spécialisés en accidentologie et dans les incendies devaient arriver lundi sur site, pour tenter d'éclairer les causes de la collision entre l'autocar et le camion. Lequel "n'avait qu'un an et avait été révisé en août", selon la direction de l'entreprise familiale normande de transports, dirigée par le père du conducteur.

Selon le porte-parole de cette société de Saint-Germain-de-Clairefeuille (Orne), le chauffeur de 31 ans était parti jeudi matin, avant de se rendre en Mayenne pour charger du bois et rouler jusqu'en Gironde. Il était reparti vendredi matin à 05H30 pour livrer ce bois. L'accident s'est produit quand il rentrait vers l'Orne.

"Besoin de se sentir ensemble"

Les enquêteurs ont d'ores et déjà récupéré dans les véhicules les chronotachygraphes, ces enregistreurs de divers paramètres comme vitesse et temps de parcours. Mais "fortement carbonisés et endommagés", "on ne peut pas se prononcer sur le résultat de leurs examens", a précisé le colonel Patrick Touron, de l'IRCGN.

Des bougies allumées le 24 octobre 2015 dans la chapelle ardente installée à Puisseguin  [JEAN-PIERRE MULLER / AFP]
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Des bougies allumées le 24 octobre 2015 dans la chapelle ardente installée à Puisseguin
 

La rapidité de l'embrasement est aussi une question clef. "Le feu a démarré tout de suite. C'était comme un éclair", se souvient Jean-Claude Leonardet, 73 ans, l'un des rares rescapés qui a réussi à sortir du car. "Ça pétait de partout: les pneus, les vitres...", a-t-il raconté au Parisien.

Dans les communes touchées par le drame, une journée de recueillement solidaire s'est déroulée dans le calme et l'émotion.

A Puisseguin, des familles éplorées se sont succédées dans la chapelle ardente, toute symbolique car sans corps, installée depuis vendredi soir dans le foyer municipal, où des roses blanches ont été déposées sur 43 tonneaux recouverts d'un linceul blanc, une bougie allumée sur chacun d'eux.

A Petit-Palais-et-Cornemps, à 7 km, la salle polyvalente s'est muée en cellule médico-psychologique, afin de recevoir les familles qui le souhaitent. Lors de tels drames, "c'est souvent important de réunir les gens en groupe, car ils partagent un récit commun de ce qui s'est passé et cela peut les aider à faire face au deuil", a expliqué à l'AFP le Dr François Castandet, du pôle psychiatrie de l'Hôpital de Libourne.

Une messe du souvenir aura lieu dimanche à 11H00 à l'église du village, suivie d'une marche vers 15H00.

Au total, 18 communes ont été touchées par le drame, à savoir qu'une ou des victimes, soit décédées soit blessées, en sont orginaires, dont une en Normandie d'où sont originaires le conducteur du camion et son fils.

L'accident s'est produit vendredi vers 07H30 sur le RD-17 à la sortie de Puisseguin. Selon les premiers éléments, le camion était en portefeuille en travers de la route quand le bus l'a percuté, dans une courbe. Les deux véhicules se sont embrasés très rapidement.

L'accident est le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune (Côte d'Or) en 1982, qui avait coûté la vie à 53 personnes, la plupart des enfants.

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