Parti en Afghanistan au début des années 2000, Mourad Benchellali a été incarcéré à Guantanamo avant de pouvoir rentrer en France. Depuis sa sortie de prison, il sillonne le pays pour dissuader les jeunes de partir faire le jihad.
"Une fuite en avant mortifère". Voilà comment Mourad, 35 ans aujourd'hui, décrit son parcours, retracé par le magazine Néon. Rien ne prédestinait ce jeune Français de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, à se retrouver dans un camp d'entrainement taliban en Afghanistan. Fils d'imam, il avait un rapport serein à la religion musulmane. C'est dans le sillon de son frère qu'il s'est petit à petit radicalisé.
Au début des années 2000, celui-ci a commencé à lui parler de l'Afghanistan, un pays "mythique" dont les médias donnaient "une fausse image", et où Mourad pourrait "vivre sa religion tranquille". Lassée des tours de béton de Vénissieux, il s'est laissé convaincre de partir. A posteriori, il reconnaît avoir été naïf. À l'époque, il avait 20 ans, rêvait d'aventure, et n'a pas tiqué lorsqu'on lui a demandé de partir sans son passeport.
Une visite d'Oussama Ben Laden
Le jeune homme s'est alors retrouvé pris dans un engrenage dont il ne maitrisait plus aucun rouage. Livré sans pièce d'identité ni argent aux recruteurs jihadistes, il n'a eu d'autre choix que de s'installer comme on le lui a demandé dans un camp taliban en plein désert. Une vie de privation et de souffrance, dédiée au maniement des armes, à l'entrainement physique et à de violentes prêches anti-occidentales.
Un jour, un visiteur de marque est venu visiter le camp, accompagné d'un important convoi et d'une équipe de gardes du corps. Il s'agissait d'Oussama Ben Laden. Quelques semaines plus tard, l'attentat contre le World Trade Center à New York plongeait le monde occidental dans l'effroi. Les talibans se sont alors réorganisés et les jihadistes recrutés à l'étranger se sont retrouvés livrés à eux-mêmes.
De Guantanamo à Fleury-Mérogis
Mourad a été arrêté par la police pakistanaise, puis livré aux Américains. Transféré à Guantanamo, il a subi toutes sortes de tortures, avant d'être renvoyé en France. Il a alors été enfermé à Fleury-Mérogis, et toute sa famille s'est retrouvée derrière les verrous. A sa sortie, deux ans plus tard, il a écrit un livre autobiographique, "Voyage vers l'enfer" (éd. Robert Laffont), passé relativement inaperçu à l'époque.
Mais depuis la recrudescence de départs de jeunes Français pour le jihad, désormais en Syrie, son témoignage est très recherché. Il s'est même exprimé devant une commission parlementaire. Son objectif : éviter que d'autres jeunes désœuvrés reproduisent son erreur.