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Christian Chevalier (SE-Unsa) : «La sécurité n'est pas le coeur de métier des enseignants»

Le secrétaire général du syndicat des enseignants SE-Unsa estime que la France entre dans une nouvelle culture de la sécurité. Le secrétaire général du syndicat des enseignants SE-Unsa estime que la France entre dans une nouvelle culture de la sécurité. [Capture d'écran Dailymotion. ]

L'agression inventée de toute pièce par un instituteur dans une classe d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, a néanmoins mis en lumière les craintes d'attaques terroristes dans les établissements scolaires. Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat des enseignants SE-Unsa, revient sur l'inquiétude des professeurs.

Peut-on considérer qu'il n'y a pas de solution miracle face à la menace terroriste dans les écoles ? 
On ne peut pas mettre en place une surveillance jour et nuit. Face à des gens très déterminés, prêts à passer à l'acte, et qu'il y ait une protection ou non, la sécurité absolue n'existe pas. L'attaque de Charlie Hebdo, en janvier, l'a montré. Mais chacun, à son propre niveau, tente d'agir. L'Etat a diffusé des circulaires pour rappeler les consignes à suivre, la vigilance concernant les personnes qui entrent dans les établissements, les exercices de confinement... Mais il existe une vrai difficulté : la sécurité n'est pas le coeur de métier des enseignants. 

Est-ce donc difficile de concilier sécurité et éducation ?
C'est, d'une certaine manière, un véritable crève-coeur. L'école est un lieu d'ouverture. Elle est, particulièrement pour les bas âges, un lieu de proximité très forte entre les parents et les enseignants. Le danger serait d'aller vers une "bunkerisation" des classes. 

Sentez-vous une crainte nouvelle parmi les enseignants face à la menace terroriste, notamment depuis la publication fin novembre, dans un magazine de propagande de Daesh, d'un appel à les combattre ?
Nous avons reçu de nombreux appels de collègues. Chacun réagit selon son propre caractère. Certains arrivent à prendre du recul, mais il est clair que c'est un générateur d'angoisse. Nous sentons, et pas uniquement dans le seul cadre scolaire, mais aussi dans la collectivité, qu'une nouvelle culture de la sécurité, une vigilance quotidienne, est en train de s'installer. 

Dans les écoles, les enseignants doivent-ils en faire davantage ?
Des efforts ont été faits après les agressions des dernières années dans les collèges et les lycées. Des études ont été menées sur les conditions d'entrée dans les établissements, des caméras ont été installées, de même que des acceuils avec du personnel, des badges. Mais l'école est tout à fait différente : les enseignants doivent y accueillir les enfants, les parents, faire la classe... Ce ne sont pas des agents de sécurité.

Faut-il envisager un déploiement massif de portiques de sécurité dans les établissements scolaires ? 
Ce serait une idée uniquement politique. Car c'est impensable de faire entrer 400 enfants tous les matins avec ce système. Ils devraient venir 1h30 avant les cours pour passer. Et seraient nombreux à faire exprès de faire sonner les alarmes, afin de pouvoir rater un peu de temps de classe... Nous ne pouvons pas être dans la suspicion de nos enfants.   

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