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La crise agricole prend un tour politique

Manifestation d'agriculteurs à Boulogne-sur-mer, le 2 février 2016 [DENIS CHARLET / AFP] Manifestation d'agriculteurs à Boulogne-sur-mer, le 2 février 2016 [DENIS CHARLET / AFP]

La crise agricole a pris un tour politique mercredi avec plusieurs interventions à droite dont celle du patron des Républicains, Nicolas Sarkozy, alors que les actions d'agriculteurs en colère se poursuivent et que la FNSEA dit vouloir limiter les débordements.

"L'agriculture n'est que la variable d'ajustement d'accords politiciens avec une écologie politicienne au service d'intérêts politiciens par un président politicien", a déclaré M. Sarkozy en conclusion d'un discours de 45 minutes et d'une matinée de travail au siège du parti sur le "drame" du monde agricole. L'ancien chef de l'Etat a défendu un "plan Marshall" pour revitaliser la France rurale, chiffré "aux alentours de 10 milliards d'euros" et appelé au "lissage fiscal des pertes comme des bénéfices des exploitations agricoles" sur cinq ans et la "sanctuarisation de la politique agricole commune".

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Les autres candidats, déclarés ou putatifs, à la primaire de la droite sont aussi engagés sur ce terrain convoité : Alain Juppé s'est rendu en Ille-et-Vilaine, Bruno Le Maire comme François Fillon en appellent à François Hollande et Jean-François Copé a publié mardi des propositions... Le président du Sénat Gérard Larcher et le député LR Laurent Wauquiez avaient pour leur part dénoncé la gestion de la crise agricole par le gouvernement.

Les opérations escargot et les blocages qui étaient menés mardi dans plusieurs régions se sont en effet poursuivis durant la nuit jusqu'à mercredi matin. Dans le Tarn-et-Garonne, entre 50 et 80 manifestants ont passé la nuit à Labastide Saint-Pierre près de Montauban sur une plateforme logistique du distributeur Intermarché, et le blocage était toujours en cours en début d'après-midi pour "mettre la pression" en empêchant l'entrée des camions de livraison.

"Mille-feuille administratif" d'anniversaire

Dans le Finistère, une centaine d'agriculteurs a déversé dans la nuit des déchets divers devant la MSA (Mutualité sociale agricole) et le centre départemental Groupama à Landerneau, provoquant également des ralentissements sur la RN12 avec leurs tracteurs, a-t-on appris auprès de la police. Par ailleurs, après les débordements qui ont eu lieu mardi durant une manifestation d'agriculteurs à Saint-Lô, le préfet de la Manche a décidé de porter plainte "contre les auteurs de l'enfoncement des grilles de la Préfecture".

Le président de la FNSEA, Xavier Beulin a reconnu que son syndicat, bien que très majoritaire dans le secteur, n'était pas en mesure d'arrêter ces mouvements ni les débordements qui secouent la France depuis quelques semaines, car il n'y a selon lui "aucune réponse". La FNSEA a "convoqué" distributeurs et transformateurs à venir constater "la vraie vie des paysans", précisant dans un communiqué qu'elle appellerait la semaine prochaine le tour des parlementaires.

Dans les manifestations, "il y a bien sûr un mouvement syndical entamé et la FNSEA et les JA sont devant, mais il y aussi des gens complétement exaspérés, en pleine colère qui n'entendent plus vraiment les arguments parce que quand on est dans cette situation plus rien n'est audible", a indiqué M. Beulin sur Radio classique. "Ces mouvements, nous ne les craignons pas, mais nous voulons quand même les maitriser car il faut faire très attention à quelques débordements qui, ici ou là, malheureusement peuvent se manifester", a-t-il ajouté.

Les agriculteurs en difficulté manifestent depuis plusieurs semaines pour protester contre la chute des prix de leurs productions, dans le sillage de leur forte mobilisation de l'an dernier. Leur mouvement ne s'est pas apaisé malgré la rallonge de 125 millions d'euros aux 700 millions du plan d'aide aux éleveurs, accordée en janvier par le gouvernement.

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll (c), le 3 février 2016 à Bourg-en-Bresse [ROMAIN LAFABREGUE / AFP]
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Le ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll (c), le 3 février 2016 à Bourg-en-Bresse

En fin de journée, Stéphane Le Foll, qui assistait à l'ouverture de l'assemblée annuelle des éleveurs bovins de la FNB à Bourg-en-Bresse, s'est vu offrir un gâteau d'anniversaire par les JA: un mille-feuille "administratif" pour dénoncer l'empilement réglementaire et un réveil, "pour réveiller le gouvernement" ont-ils expliqué. Le ministre fêtait mercredi ses 56 ans.

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