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François Heisbourg : "Un petit groupe de radicaux peut faire d'importants dégâts"

François Heisbourg estime qu'il faut mettre davantage de moyens dans le renseignement. François Heisbourg estime qu'il faut mettre davantage de moyens dans le renseignement. [[Capture d'écran Youtube.]

Les Eagles of Death Metal doivent se produire mardi à Paris, trois mois après les attentats. François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), estime que la menace qui pèse sur la France reste vive. 

Manuel Valls a indiqué en fin de semaine dernière à Munich que la menace terroriste est sans doute supérieure à celle d'avant le 13 novembre. Partagez-vous ce constat ?
Je ne trouve rien à redire à la formulation du Premier ministre, qui a répété à plusieurs reprises le danger de l’"hyperterrorisme". Un petit groupe de radicaux peut toujours faire, s’il est motivé, d’importants dégâts.

Les méthodes utilisées lors du 13 novembre, qui ont ciblé la population sans distinction, augmentent-elles la menace ?
Les attentats de masse commis en fin d’année dernière ne sont pas nouveaux en Europe. Il faut se souvenir de Madrid (191 morts, ndlr), en 2004, et de Londres (56 morts, ndlr), en 2005, qui, là aussi, ont été des violences faites sur des cibles indifférenciées, non spécifiques. Le risque zéro n’existe pas, c’est pourquoi il faut développer le renseignement et l’anticipation.

Dans quel but ?
Dans le commando du 13 novembre, la majorité des terroristes étaient fichés. Pour Charlie Hebdo, les frères Kouachi étaient fichés. Coulibaly l’était aussi. Cela montre que nous avons les renseignements, mais qu’il faut encore savoir quoi en faire. De même, il faut améliorer la gestion de crise, pour limiter ses effets. Tout cela sera plus utile que la déchéance de nationalité, qui ne déjouera aucun attentat.

Doit-on s'attendre à une nouvelle attaque prochainement, ou au contraire une longue attente avant le prochain acte, pour endormir la vigilance des autorités et des Français ?
C’est impossible de répondre, car les terroristes ne fonctionnent pas dans une logique d’organisation structurée, d’entreprise. Les responsables peuvent décider d’attendre, de prendre du temps pour préparer tranquillement une autre attaque. Mais un, deux, ou trois individus motivés, inspirés par Daesh, peuvent frapper. Entre 2004 et novembre dernier, l’attentat le plus meurtrier commis en Europe a été le fait d’un seul homme. Un seul. Anders Behring Breivik, qui a fait exploser 8 personnes avant d’en abattre 69 autres en Norvège.

La menace peut-elle venir d'autres pays d'Europe, comme cela a été le cas à Paris ? 
Les hommes qui ont frappé le 13 novembre venaient certes de Belgique, mais Bruxelles est proche de Paris. Les jihadistes connaissaient sans doute les lieux. Car les terroristes sont basiques, conservateurs : ils préfèrent frapper des lieux familiers. Pour mener l’opération des terrasses, il fallait connaître les terrasses. Et a contrario, un jihadiste néerlandais serait bien plus à l’aise pour attaquer Amsterdam que la capitale française.

Peut-on craindre des actes encore pire ?
Malheureusement, oui. Cela s'est déjà vu à Beslan (Russie), en 2004, une attaque perpétrée dans une école le jour de la rentrée des classes. La menace est aujourd’hui protéiforme mais on ne peut pas tout protéger, ni poster un policier tous les dix mètres. Nous sommes dons obligés de mettre le turbo sur le renseignement.

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