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Lille : 30 heures de garde à vue pour avoir transporté sans le savoir des candidats au djihad

L'entrepreneur avait transporté une famille de djihadistes jusqu'en Turquie. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Un entrepreneur lillois a été placé trente heures en garde à vue pour avoir, à son insu, transporté par l'intermédiaire d'un covoiturage une famille de jihadistes en Turquie. Aucune charge n'a été retenue contre lui, mais le traumatisme de son arrestation reste encore vivace. 

« Ils ont bondi à une quinzaine, cagoulés, lourdement armés. Je pensais que c'était un bracage. J'étais tétanisé. », confie Tuncel Percin à La Voix du Nord. Menotté, l'homme de 43 ans de nationalité turque, assiste à la perquisition de sa maison et de celle de sa mère sous le choc. Sa garde à vue débute le 15 février à 14h15 et prend fin le 16 février à 21 heures. Pendant sa détention, Tuncel Percin apprend qu'il a été appréhendé en raison d'un covoiturage effectué l'été dernier.

« Une famille c'est moins suspect que des individus seuls »

Le 14 juillet 2015, ce père de quatre enfants décide de passer des vacances en Turquie avec son épouse et sa soeur. Il possède un minibus et a recours au site de covoiturage Blablacar pour partager les frais du trajet. Une famille « du sud », un père une mère et trois enfants, le contacte et verse 200 euros d'accompte pour un voyage qui en coûte 400. Rendez-vous est pris à la gare de Lille-Flandres, direction Istanbul. « Si sa femme portait le voile intégral, lui n'avait aucun signe distinctif et le enfants (dont un bébé) étaient des enfants... », fait remarquer Tuncel. 

A lire aussi : Un trafiquant de drogue adepte...du covoiturage

Deux jours de voyages ne suffiront pas à engager le dialogue entre les deux partis. Les familles se séparent à leur arrivée en Turquie. Celle covoiturée par Tuncel livrera plus tard sa véritable nature : « des jihadistes qui ont fait allégeance à Daesh en Irak. » Leurs proches, qui ont signalé leur disparition un mois plus tard, tombent sur l'annonce de Blablacar et alertent les autorités. « Tout était à mon nom et avec toutes mes coordonnées », souffle le Lillois en gage de sa bonne foi. « Je ne fais même pas le ramadan... On enquête sur moi depuis le mois de septembre. On aurait pu comprendre que je n'étais pas dangereux. », déplore-t-il. 

 

 

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