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La semaine de Philippe Labro : la saison d’un virtuose, la mélodie du Printemps

"Les bourgeons s’ouvrent, les feuilles nouvelles réapparaissent sur les marronniers, hêtres, chênes des parcs et jardins."[CC / Morgane / Pixabay]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

SAMEDI 2 AVRIL ET DIMANCHE 3 AVRIL

Une des villes françaises qui respirent le plus «la douceur de vivre», Aix-en-Provence, accueille, pour la quatrième année consécutive, le festival de musique de Pâques. C’est le violoniste  Renaud Capuçon qui a pris l’initiative de ce rendez-vous, soutenu par le Crédit Mutuel-CIC, lequel vient de renouveler son contrat de partenaire-fondateur pour les cinq prochaines années.

C’est une réussite pour Capuçon, car l’aventure, au départ, était périlleuse. Non content d’être devenu l’un des solistes les plus recherchés (il passe sa vie en concert, de Tokyo à Chicago, de Milan à Los Angeles), Capuçon, avec cet événement, dû à son énergie et sa volonté de «faire bouger les choses», est un cas plutôt rare, celui d’une double personnalité.

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Voici un artiste qui se mue en manager. A Aix, pendant deux semaines, il aura reçu les interprètes, se sera préoccupé, avec son directeur exécutif Dominique Bluzet, que les invités soient bien répartis dans les bons rangs de la salle du Grand Théâtre, que l’on respecte les horaires, que l’on organise déjà les programmes pour l’année prochaine.

Malgré cela, il va jouer, le soir, du Brahms avec fougue et maîtrise, en harmonie avec le pianiste Nicholas Angelich et trois autres virtuoses. Il est alors totalement possédé par la musique. C’est un violoniste, rien d’autre, il est tout à son art, son instrument, son archet. Or, je vais le retrouver, plus tard, le spectacle achevé, assis sur un canapé de cuir vert, fumant un cigare, entouré d’invités de toutes sortes, il a une allure d’homme d’affaires.

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Ce court séjour à Aix nous aura aussi permis de découvrir le château La Coste, situé à une trentaine de kilomètres, une révélation. Ce domaine de deux cent cinquante hectares est à la fois un espace où l’on élève le vin, issu des vignes qui jalonnent collines et vallées et où l’on vous accueille dans un centre d’art, réalisé par le génial architecte Tadao Ando. Autour d’un bâtiment aux formes ­apparemment simples, on rencontre dans les bois et les champs d’oliviers, des installations, des structures architecturales, signées des plus grands noms – Jean Nouvel, Richard Serra, Calder, Louise Bourgeois… Posées à même le sol, découpant le ciel, accrochant le regard, ces œuvres se marient avec la beauté de la nature provençale. C’est assez prodigieux.

MARDI 5 AVRIL ET MERCREDI 6 AVRIL

De retour à Paris, on glisse dans les prémices du printemps. Cette fois, ça y est, enfin, ça semble y être. Les bourgeons s’ouvrent, les feuilles nouvelles réapparaissent sur les marronniers, hêtres, chênes des parcs et jardins. Soudain, les humains se «printanisent». Les hommes sont moins «lourds» et les femmes oublient la doudoune et la parka pour chercher la couleur qui différencie, pour promener leurs silhouettes le long des terrasses de bistrot toutes envahies.

Elles possèdent cette grâce que les Anglo-Saxons adorent, cette «touche française» mystérieuse, ce charme unique. Que l’on me pardonne cette courte envolée printanière, tant il est vrai que, malgré l’inquiétude de l’opinion, la baisse des revenus du tourisme, on sent un besoin de fraîcheur, une envie de vivre «comme avant», dans l’insouciance.

Est-ce une éphémère illusion ? Sans doute. Mais 2°C de plus et un ciel moins chargé auront contribué à cette note d’espoir. On cite toujours «carpe diem», («cueille le jour»), on aurait tort d’oublier la fin de la locution latine : «quam minimum credula postero», c’est-à-dire «en se fiant le moins possible au lendemain».

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