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La terreur au quotidien

Les deux victimes ont été surprises à leur domicile, dans les Yvelines. Les deux victimes ont été surprises à leur domicile, dans les Yvelines. [©T.CAMUS /AP SIPA]

L’attentat perpétré lundi soir dans les Yvelines illustre la complexité du danger actuel, à cause d’un jihadisme prenant de nombreuses formes.

«Un cap dans l’horreur a été franchi.» Les paroles de Manuel Valls illustrent l’effroi qui a saisi le pays après la mort d’un policier et de sa femme, lundi soir à Magnanville. Le couple, poignardé à mort, a été ciblé à son domicile, un pavillon discret des Yvelines, par un jihadiste autoproclamé, Larossi Abballa. Un nouvel attentat qui replonge la France dans l’angoisse. Et qui, moins de 48 heures après le carnage d’Orlando, aux Etats-Unis, montre que Daesh engendre désormais un terrorisme du quotidien.

Des appels à tuer en Occident 

Alors que la France a les yeux tournés vers l’Euro 2016, craignant un drame dans les stades ou les fan-zones, Larossi Abballa s’en est pris directement à deux représentants des forces de l’ordre. Un acte qui illustre la «complexité» du risque, souligne le procureur de Paris. Car, en plus de fomenter des attentats-suicides de masse, comme à Paris, Bru­xelles ou Istanbul dernièrement, ou de diffuser les exécutions de ses otages en Syrie ou en Irak, Daesh s’appuie désor­mais sur les actes de loups solitaires. 

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Le groupe terroriste appelle ainsi depuis de longs mois ses adeptes en Occident à tuer les «infidèles» par n’importe quel moyen. «Il y a sur Internet de véritables kits pour apprentis jihadistes, avec le type d’attaques à mener, les armes à utiliser, le comportement à adopter pour ne pas se faire repérer, et même des conseils juridiques en cas d’arrestation», explique Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme. Sont aussi mentionnées les cibles à abattre. Chrétiens, juifs, militaires, policiers, magistrats, politiques… la liste s’allonge au fil du temps. L’individu qui souhaite passer à l’acte n’a alors plus qu’à «faire son marché», ajoute Roland Jacquard. 

Dans le cas d’Omar Mateen, à Orlando, c’est la communauté gay qui était visée. Daesh, en difficulté au Moyen-Orient face à la coalition internationale, profite donc de ces attaques isolées pour asseoir sa propagande, sans avoir à entrer en contact avec ces assaillants, selon le spécialiste.

Un casse-tête sécuritaire 

Pour l’ensemble des policiers, le drame de lundi soir a été vécu comme une nouvelle onde ce choc. «Nos collègues pensaient qu’ils étaient à l’abri chez eux […] Ils vont avoir peur», a réagi Yves Lefebvre, du syndicat Unité SGP Police FO. Car si le président François Hollande a assuré que la vigilance contre le terrorisme était «portée à son niveau maximal», la détection d’individus comme Abballa pose problème. «Le danger est aujourd’hui protéiforme, de la bombe sophistiquée à l’attaque au couteau, du groupe structuré au simple individu», note Roland Jacquard. Un casse-tête qui paraît presque insoluble pour la police et les forces de renseignement, sur le pont depuis près d’un an et demi.

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