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L'errance des migrants à Paris

Depuis quelques semaines, les réfugiés ne peuvent plus former de campement dans la capitale. [© JACQUES DEMARTHON / AFP]

Depuis quelques semaines, la situation se complique encore davantage pour les réfugiés dans les rues de Paris. Les interventions de police se multiplient afin d'éviter la création d'un nouveau campement de grande ampleur.

Au petit matin, ils sont une trentaine de migrants à faire la queue à proximité du métro Jaurès (19e arrondissement). Alors que flotte par endroits une odeur d'urine, ils attendent pour obtenir une tartine de pain et un gobelet de thé de la part de l'équipe de bénévoles, qui ont amené plusieurs dizaines de baguettes, de pots de faux Nutella, de la confiture et des thermos.

A quelques mètres de là, une vingtaine d'autres réfugiés fait le pied de grue devant les locaux de l'association France terre d'asile. Pour ces Erythréens, Soudanais ou Afghans, c'est seul endroit dans la capitale où ils peuvent entamer leurs démarches en vue d'obtenir le précieux document : la demande d'asile. Passage obligé, trottoir obligé, puisqu'il faut dormir devant, parfois plusieurs nuits d'affilée, afin d'espérer obtenir un entretien administratif.

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Mais passé la petite heure de calme de ce déjeuner, les migrants commencent à se disperser. La raison : depuis deux semaines environ, les forces de l'ordre multiplient les patrouilles, les comptages, les fouilles, les interventions, les embarquements et les Obligations de quitter le territoire français (OQTF), devenus quotidiens.

Il faut dire que depuis le mois de mars, les regroupements improvisés sous le métro aérien s'enchaînent dans le quartier. Rassemblés à l'origine entre les stations de Barbès et de La Chapelle, les camps de fortune ont été progressivement évacués et détruits, remplacés par de hautes grilles métalliques. Un endroit que la municipalité entend réaménager avec l'Atelier parisien d'urbanisme.

Alors, les campements se sont progressivement décalés sous le métro, d'abord entre La Chapelle et Stalingrad, puis sur le boulevard de la Villette depuis Jaurès. C'est là que le 22 juillet dernier, a eu lieu la plus importante évacuation, la 26e en un an, avec 2.600 personnes «mises à l'abris».

Depuis, les méthodes ont évolué. «Cela a pris une autre ampleur, les policiers interviennent régulièrement car ils ne veulent plus de campement. Et il y a eu des violences, qui ont fait plusieurs blessés», souligne Laurent Grossmann, du Collectif parisien de soutien aux exilés. C'était notamment le cas dimanche 31 juillet :

De son côté, la préfecture de police de Paris, tout en rejetant les accusations de violence, assume la hausse des fréquences des contrôles : «ces opérations seront renouvellées autant de fois que nécessaire pour éviter toute reconstitution de camps». Des interventions justifiées par «les nuisances d'ordre publique et de salubrité pour les riverains. De plus, il y avait beaucoup trop de monde, ce qui perturbait le fonctionnement normal de la plateforme d'accueil de France terre d’asile», indique-t-on à la préfecture.

Dernier épisode en date, samedi 6 août. Des membres d'associations de soutien avaient prévus de se rendre sur la place de la République avec des migrants pour un rassemblement. Mais tous ont été bloqués sur l'avenue de Flandre (19e), où ils étaient en train de se préparer, par une vingtaine de cars de CRS, puis nassés pendant plusieurs heures.

Après plusieurs heures, les deux organisateurs de l'événement ont été convoqués par la police puis placés en garde à vue le lendemain au commissariat du 20e arrondissement. Et convoqués devant le tribunal correctionnel en novembre prochain pour «organisation illicite de manifestation», selon le parquet de Paris.

Pour moins attirer l'attention, les réfugiés optent donc pour d'autres stratégies. Les Afghans et les autres personnes venues de cette région du monde ont désormais tendance à rester par petits groupes, vers Jaurès. Les réfugiés originaires d'Afrique, eux, se sont regroupés sur le terre-plein central au début de l'avenue de Flandre.

Là, au milieu du vacarme de la circulation, plusieurs dizaines de personnes sont emmitouflées dans des couvertures, ou même cachées sous des draps blancs. Comme des linceuls. Ce sont des hommes en majorité, mais aussi des femmes, parfois enceintes ou avec des enfants en bas âge. 

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Alors qu'il arrive chaque jour à Paris une cinquantaine de nouveaux réfugiés, la mairie devrait ouvrir la première partie de son centre humanitaire à la fin du mois de septembre. Située non loin de là, vers la porte de la Chapelle, elle sera dédiée à l'accueil de jour provisoire d'hommes seuls venant d'arriver dans la capitale. Entre le boulevard des Maréchaux et le périphérique, le lieu devrait pouvoir accueillir 400 personnes.

Le second volet de ce camp, destiné aux familles, aux femmes et aux enfants, devrait voir le jour plus tard dans le sud-est de Paris. Leurs localisations exactes devraient être annoncées par la municipalité à la fin du mois d'août.

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