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Tarn : dix ans de prison en appel pour le buraliste qui a tué un cambrioleur

La légitime défense a, de nouveau, été exclue. [PASCAL PAVANI / AFP]

Le buraliste du Tarn qui avait tué en décembre 2009, un jeune cambrioleur de 17 ans, a été condamné vendredi en appel à Toulouse à dix ans de prison, soit trois ans de plus qu'en première instance, par la cour d'assises de Haute-Garonne qui a exclu la légitime défense.

"C'est la chronique d'une mort annoncée, tous les indicateurs étaient au rouge pour que cette affaire se termine par un drame et c'est précisément ce qui est arrivé", avait souligné dans ses réquisitions Jean-Marc Chazottes.

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En première instance, le parquet avait demandé implicitement l'acquittement, en retenant la qualification de légitime défense, mais n'avait pas été suivi par la cour d'assises du Tarn qui avait condamné M. Fournié à sept ans de prison. Il avait été libéré un mois après sa condamnation et avait fait appel de sa condamnation.

Il était jugé pour avoir tué d'un coup de fusil de chasse Jonathan, un lycéen de 17 ans, qui était venu cambrioler son bar-tabac à Lavaur (Tarn) dans la nuit du 14 décembre 2009.

Quatre jours avant les faits, l'accusé avait découvert que des barreaux d'une fenêtre de son café avaient été sciés. Il était alors allé chercher le fusil de son père, des cartouches et avait installé un système d'alarme de fortune, après avoir alerté les gendarmes. Il avait aussi décidé de dormir au rez-de-chaussée et de "faire des rondes".

L'avocat général a longuement questionné les décisions de M. Fournié : le fait que les barreaux n'aient pas été réparés, qu'il n'ait pas remis en marche son "alarme volumétrique", posé un verrou, puis le soir-même allumé la lumière ou appelé les gendarmes."On ne peut pas évoquer la légitime défense préventive", a estimé le magistrat.

"On sait que Luc Fournié avait quatre jours pour penser, réfléchir, se retourner, réagir de façon adéquate", a déclaré l'avocat général, estimant que l'accusé avait "préparé, anticipé un dispositif d'autodéfense qui n'était ni nécessaire ni proportionné".

Un "Homme apeuré"

"Luc Fournié, c'est vous, c'est moi, c'est eux", a lancé Me Laurent Boguet, pour la défense. "Il n'avait aucune intention de se faire justice lui-même, c'est un homme apeuré, terrorisé, qui a appuyé sur la détente", a-t-il ajouté.

"Je ne le laisserai pas décrire comme quelqu'un qui est en treillis, planqué derrière la porte de la cuisine", a-t-il lancé, demandant au jury l'acquittement de l'accusé. "C'est un droit d'avoir peur quand on est dans la nuit profonde, le soir", a renchéri Me Georges Catala, autre avocat de la défense.

Les parties civiles avaient auparavant mis en garde contre la "défiguration" de la légitime défense et plaidé "contre l'autodéfense". "Nous ne plaidons pas contre Luc Fournié", a lancé Me Simon Cohen, avocat des parties civiles. "Nous plaidons pour que la légitime défense soit consacrée telle qu'elle est instituée, pour qu'elle ne dégénère pas. Nous plaidons contre l'autodéfense, parce que nous considérons que c'est à la fois une régression et un danger."

"Madame, depuis le 14 décembre 2009, il n'y a pas un seul jour sans que je pense à votre souffrance", a déclaré M. Fournié, en pleurs, à l'attention de la mère de Jonathan présente dans la salle. Je n'ai jamais voulu tuer votre fils. Pardon, madame, pardon", a-t-il ajouté avant la clôture des débats.

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