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Rhinocéros abattu au zoo de Thoiry : ce que l'on sait

Vince le rhinocéros a été abattu de trois balles dans la tête. [ARTHUS BOUTIN / DOMAINE DE THOIRY / AFP]

Vingt-quatre heures après la mort du rhinocéros du zoo de Thoiry (Yvelines), abattu de trois balles dans la tête et dont la corne principale a été sciée et volée, les enquêteurs multiplient les investigations sur cette attaque inédite, au retentissement international.

L'autopsie du rhinocéros, prénommé Vince, a été réalisée mercredi matin au parc de Thoiry par deux vétérinaires du zoo, en présence de gendarmes. Elle doit notamment permettre d'extraire les trois balles de la tête du mammifère, tué dans la nuit de lundi à mardi, et tenter de déterminer le type d'arme utilisé.

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La dizaine d'enquêteurs de la brigade de recherches de la gendarmerie de Mantes-la-Jolie traite l'affaire «comme si c'était un meurtre d'humain», a indiqué à l'AFP la commandante de compagnie. Gendarmes et vétérinaires sont toutefois confrontés à plusieurs difficultés : impossible de donner avec précision l'heure de la mort, notamment en raison de l'épaisseur de la peau de l'animal et de l'absence de littérature sur l'évolution de la rigidité cadavérique post-mortem des rhinocéros. De même, l'impact de la balle n'a pour l'instant pas permis de déterminer son calibre, car l'effet du projectile «n'est pas le même que sur un humain».

«Tout est compliqué, c'est une affaire très, très particulière», a relevé l'enquêtrice. Les gendarmes ont inspecté le zoo jusque tard dans la soirée de mardi. Une enquête de voisinage a été lancée : les gendarmes s'interrogent notamment sur le fait que personne n'ait entendu les coups de feu, alors que cinq membres du personnel habitent dans le parc.

La corne déja vendue ? 

Pour l'instant, pas de suspect, «mais ça ressemble à de la criminalité organisée, pas d'opportunité», a dit à l'AFP une source proche du dossier. «Il y a probablement un réseau derrière» et «de fortes chances pour que la corne ait été vendue avant d'avoir été volée», «un petit peu comme avec les tableaux», a-t-elle ajouté.

Les enquêteurs luttent contre le temps, «sinon, dans trois jours, la corne, elle est en Chine», a craint cette source. Le trafic est généralement destiné à plusieurs pays asiatiques, dont la Chine et le Vietnam, où la médecine traditionnelle attribue toutes sortes de vertus à la corne de rhinocéros, dont celles de guérir le cancer ou l'impuissance.

Il est particulièrement lucratif: la corne, faite de kératine comme les ongles humains, peut se vendre jusqu'à 60.000 dollars le kilo sur le marché noir, soit près de deux fois le prix de l'or. Celle de Vince, d'une longueur d'environ 20 cm, est estimée entre 30.000 et 40.000 euros.

Aucun précédent en Europe

Aucun précédent n'a au lieu dans un zoo en Europe. «Il y a quelques années, il y a eu des vols de cornes dans les salles de vente aux enchères, des lieux d'exposition, mais sur du non-vivant», a précisé le responsable du programme Commerce des espèces sauvages au WWF, Stéphane Ringuet. Selon la porte-parole de l'ONG Robin des Bois, Charlotte Nithart, «des défenses ont déjà été volées dans un zoo en Inde, mais l'éléphant n'avait pas été tué et, plus récemment, deux petits rhinocéros ont été tués dans un orphelinat en Afrique du Sud».

La mort de Vince a relancé la question de la sécurité dans les zoos. Si Thoiry compte des dizaines de caméras, aucune ne filme la maison où vivent les rhinocéros la nuit. Au zoo d'Amnéville (Moselle), qui abrite huit rhinocéros, le directeur a indiqué à l'AFP avoir «blindé la zone de caméras et d'alarmes» depuis une alerte d'Interpol en 2011. «Et, depuis mardi, nous travaillons à augmenter la puissance du signal de ces alarmes pour que nos gardiens, où qu'ils se trouvent dans le parc, les entendent immédiatement.»

Le zoo de Beauval (Loir-et-Cher), qui compte cinq rhinocéros blancs et quatre rhinocéros indiens, avait «déjà renforcé la sécurité» après le vol de petits singes rares -sept tamarins-lions dorés et dix ouistitis- en mai 2015, selon Delphine Delord, directrice de la communication.

Thoiry a reçu «des centaines d'appels de soutien du monde entier» depuis mardi. Et, selon son directeur, Thierry Duguet, les deux autres rhinocéros blancs du parc, Gracie, 37 ans, et Bruno, 5 ans, qui se trouvaient près de Vince lorsqu'il a été abattu, «n'ont pas l'air stressés et vont bien».

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