Diffusé au JT du 7 décembre dernier de France 2, un reportage de la journaliste Caroline Sinz montrait que l'accès à un bar PMU était refusé à deux femmes dans la ville de Sevran. Le gérant Amar Salhi a décidé de s'en remettre à la justice et de porter plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale.
Sur les images filmées en caméra cachée, deux militantes de l'association «La brigade des mères», Nadia Remadna et Aziza Sayah, se sont rendues au Jockey Club, bar PMU de Sevran. La porte de l'établissement à peine franchie, un client leur demande ce qu'elles veulent et si elles cherchent quelqu'un. «Dans ce café, il n'y a pas de mixité», «c'est des mentalités différentes, c'est comme au bled», explique un client.
A l'issue du reportage, un parallèle est même dressé entre cette discrimination et la religion musulmane. En voix-off, la journaliste commente : «Pourquoi les hommes rejettent-ils les femmes? Un problème de tradition, de culture mais aussi de religion». Un commentaire qu'un habitant du quartier avait dénoncé dans une lettre ouverte et publiée dans le Bondy Blog en décembre dernier.
Plainte pour diffamation et provocation à la haine raciale
A présent, le gérant de l'établissement a décidé de porter plainte contre France Télévision pour diffamation et provocation à la haine raciale. «Le reportage contient des propos et diffuse des images à caractère diffamatoire à raison de l'origine et de la religion supposée du propriétaire», a expliqué au Bondy Blog son avocat, Farid Bouzidi.
Un huissier a tenté de récupérer les enregistrements de la caméra, jeudi 9 mars, France Télévisions s'y est opposé.
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La contre-enquête du Bondy Blog
Les journalistes Nassira El Moadem et Sabrina Alves ont mené une contre-enquête, publiée vendredi 10 mars sur le site du Bondy Blog. Deux mois après la diffusion du reportage France Télévisions, elles se sont rendues au Jockey Club, établissement tenu depuis 2010 par Amir Salhi. «Au total, nous nous y sommes rendues à quatre reprises dont deux sans prévenir de notre arrivée, et à chaque fois, nous y sommes restées plusieurs heures», ce sans problème.
1-Nous avons publié cette enquête sur le fameux bar de #Sevran vendredi à 18h et toujours aucun papier hormis @arretsurimages et @mediapart. https://t.co/6TIU38iQWT
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) 12 mars 2017
Les deux journalistes témoignent que ce café est également fréquenté par des femmes. Tout comme Matthieu Fauroux, journaliste pour l'émission Complément d'Enquête diffusé sur France 2. Début janvier, il raconte avoir également poussé la porte du bar. «Dans ce bar PMU précisément, oui, j'ai bien vu qu'il y avait des femmes et que c'était des clientes fidèles, je leur ai parlé», raconte-t-il.