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Evasion de Redoine Faïd : le braqueur condamné à 10 ans de prison

L'avocat général avait requis la veille de douze à quatorze ans de prison. [Benoit PEYRUCQ / AFP]

Le médiatique braqueur Redoine Faïd a été condamné mardi à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Nord pour son évasion avec prise d'otages de la prison de Sequedin en 2013, tandis que ses quatre complices ont écopé entre trois ans dont deux avec sursis et quatre ans ferme.

La peine de Redoine Faïd est légèrement inférieure à celle demandée lundi par l'avocat général Eric Bedos, qui avait requis entre douze à quatorze ans de prison. Pour ses présumés complices, il avait sollicité de trois à sept années.

Le 13 avril 2013, Faïd s'était évadé en moins d'une demi-heure, prenant quatre surveillants en otages, utilisés ensuite comme boucliers humains, et faisait exploser cinq portes au plastic avant d'être récupéré en voiture par un complice.

A l'énoncé de sa peine, après neuf heures de délibération, Faïd n'a eu aucune réaction, se contentant d'échanger quelques mots avec son avocat. Selon Me Christian Saint-Palais, son client ne devrait a priori pas faire appel. L'avocat s'est dit «heureux» auprès de la presse que le jury ait «fait une lecture rigoureusement juridique du dossier». «Dix ans, c'est lourd», a-t-il toutefois regretté. Les jurés n'ont pas retenu la circonstance aggravante de bande organisée concernant l'usage d'explosifs, et le chef d'enlèvement arbitraire d'otages - sauf pour le dernier des quatre.

Regrets de Faïd

«Je réitère mes regrets concernant toute cette histoire, surtout concernant le personnel pénitentiaire (traumatisé, ndlr). Si c'était à refaire, je ne le referais pas», avait assuré l'accusé lors de sa dernière prise de parole, minerve au cou après un accident mineur ayant impliqué la veille son fourgon pénitentiaire.

L'avocat général avait motivé lundi ses lourdes réquisitions par le caractère récidiviste du truand, qui avait déjà comparu pour trois prises d'otages lors de braquages, dont deux fois aux assises au début des années 2000.

«Dans son récit, Redoine Faïd a dit "J'ai bréché la porte" avec un explosif, mais il a aussi ébréché des personnes, des surveillants qui disent aujourd'hui "On est toujours vivant, mais quelque chose s'est cassé"», a dénoncé l'avocat général, Éric Bedos.

Durant le procès, Redoine Faïd avait assumé son «appel de la liberté», tout en motivant son évasion par le désir de revoir son père mourant et le sentiment d'injustice de devoir être jugé pour un crime qu'il dit n'avoir pas commis. Il était détenu à Sequedin pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet en 2010 et, bien qu'acquitté pour ce chef d'accusation, sera condamné à dix-huit ans de réclusion en 2016 pour avoir préparé le funeste braquage.

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A propos du traumatisme subi par les surveillants de Sequedin, Eric Bedos s'est emporté : «Essayez d'imaginer ce que ça peut être, le fracas de chacune des explosions, un coup de feu rapidement tiré au début de l'évasion dans une pièce fermée, d'être à genoux, les mains jointes, tenus par le col, de sentir l'arme à proximité !»

L'avocat de Faïd avait tenu à éclairer les raisons d'un renvoi aux assises, qui traduisent la nécessité pour les jurés de «garder raison» et de ne pas franchir la barre des dix ans de prison comme les y avait enjoint l'avocat général : «Le crime n'est pas l'évasion elle-même, mais l'explosion des portes. Détruire une partie d'un établissement public est passible de dix ans d'emprisonnement. La bande organisée fait passer l'encours à vingt ans puis, avec les précédentes prises d'otages (de la fin des années 90, ndlr), la notion de récidive le fait passer à la perpétuité». Or, a-t-il souligné, «aucun de ses coaccusés n'est poursuivi pour appartenir à la bande organisée de l'explosion des portes»; il n'existe aucune preuve matérielle que Faïd a fait entrer les explosifs dans une prison où les trafics sont monnaie courante; et Faïd «s'est préoccupé à chaque explosion des risques pour les surveillants» en les mettant à l'abri.

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