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L'artiste russe Piotr Pavlenski obtient l'asile politique en France

Piotr Pavlenski à Paris en janvier, avec sa compagne. [MARTIN BUREAU / AFP]

L'artiste russe Piotr Pavlenski, qui défie régulièrement le Kremlin et affirme être menacé de dix ans de camp dans son pays sur de fausses accusations, a obtenu jeudi l'asile politique en France, a annoncé son avocate à l'AFP.

«L'artiste et sa compagne ont obtenu le statut de réfugiés politiques» auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), a déclaré Dominique Beyreuther Minkov. «La France reste une terre d'asile pour les opposants politiques. C'est là notre honneur», s'est-elle félicitée.

L'Office, contacté par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire, rappelant qu'il ne communiquait jamais sur ses décisions. Piotr Pavlenski, âgé de 33 ans, et sa compagne Oksana Chaliguina, arrivés en France, à Paris, avec leurs deux enfants en janvier, n'ont pas souhaité non plus réagir.

L'artiste s'est rendu célèbre pour avoir arrosé d'essence et incendié les portes du siège de l'ex-KGB et s'être cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge. Il s'était aussi cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot, un groupe de jeunes femmes condamnées à deux ans de camp pour avoir «profané» la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou au cours d'une «prière punk» qui critiquait ouvertement le président Vladimir Poutine.

«L'art politique»

En juin 2016, Piotr Pavlenski, qui se revendique de «l'art politique», avait été condamné à une simple amende, une décision d'une rare clémence dans le contexte politico-judiciaire russe - après toutefois sept mois de détention - pour avoir «endommagé» la Loubianka, siège historique des services de sécurité russes.

En décembre 2016, la justice russe l'a rattrapé, cette fois sur des accusations d'agression sexuelle portées par une actrice de théâtre. Des accusations qu'il conteste farouchement. «Je ne sais pas quel est l'intérêt de la personne qui a fait cette fausse déclaration mais en l'occurrence elle est très utile au pouvoir qui peut de cette façon nous exclure», déclarait-il en janvier à son arrivée à Paris.

Piotr Pavlenski et Oksana Chaliguina ont raconté avoir été interpellés à l'aéroport de Moscou au retour d'un voyage à Varsovie, le 14 décembre, et s'être vu alors notifier les accusations d'agression sexuelle. «On nous a expliqué qu'on avait en gros deux possibilités (...) aller en prison dans un camp pour dix ans, avec tout le loisir d'expliquer aux autres prisonniers qu'on avait été victimes d'une sale intrigue, ou partir de Russie», a relaté l'artiste.

Le couple a alors quitté la Russie en voiture, via l'Ukraine, pour la France, qui fut la terre d'exil de nombreux Russes au lendemain de la Révolution d'octobre. Il affirme avoir franchi la frontière russe sans difficulté. Pour l'artiste, c'est un bannissement en bonne et due forme. «Si on nous a exclus (...), c'est bien pour notre position», affirme-t-il.

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