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Le Parti Pirate cherche des candidat(e)s pour les législatives

Le Parti Pirate espère obtenir ses premiers députés en France. [LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Le Parti Pirate met le cap sur les législatives. Cette formation, qui milite pour les libertés individuelles et le renouvellement de la démocratie, a lancé officiellement sa campagne ce mardi 2 mai.

En 2012, le Parti Pirate avait présenté cent-un candidats dans toute la France, obtenant alors plus de 1% des suffrages dans vingt-cinq circonscriptions. Des scores honnêtes pour une formation qui participait alors à sa première élection au niveau national en France, avec des moyens très limités. 

Crée en 2006 en Suède par Rick Falkvinge avec l'idée de défendre la liberté de partage de la culture via le numérique, le Parti Pirate a élargi depuis son programme et promeut désormais la démocratisation du système politique (notamment via l'usage des outils numériques), la défense des libertés et des droits fondamentaux, la lutte contre le patriarcat, la défense de la vie privée (dénonciation du fichage abusif, etc...), le soutien à la culture des «communs» ainsi que l'écologie.

En vue de ces élections législatives, les Pirates peuvent compter pour le moment sur une dizaine de candidatures confirmées et plus de cent-trente candidatures déclarées. Le premier objectif affiché pour cette campagne est d'atteindre la barre des soixante-quinze candidats, un cap qui leur donnerait le droit de diffuser un clip de campagne. Une visibilité dont le Parti Pirate, peu relayé dans les médias, manque cruellement. «Si on dépasse 1% dans 50 circonscriptions de trente départements différents, on a droit à un financement public, détaille Thomas Watanabe-Vermorel, porte-parole du Parti Pirate. Si on obtient un député, cela aurait un impact médiatique fort, et nous aurions un relais à l'Assemblée. Et si on obtient un groupe à l'Assemblée nous pourrions proposer des lois. Et si on à la majorité, on gouverne !» 

Une campagne difficile pour les petits partis

Mais comme toutes les petites formations, les obstacles sont nombreux. Car mener une campagne coûte cher : il faut imprimer les affiches, les tracts, mais aussi payer les bulletins de vote afin qu'ils soient en nombre suffisant dans les bureaux de vote le jour de l'élection.

Trouver suffisamment de candidats pour être représentés au niveau national représente un autre défi, notamment en raison de la loi sur la parité. «On recherche surtout des candidates, explique Thomas Watanabe-Vermorel. Mais il faut que les femmes soient moins timides en politique ! La loi sur la parité pénalise les petits partis, car elle est mal faite. Sur le principe, il est évident qu'il faut parvenir à la parité. Sauf qu'en l'état, si la loi oblige les partis à présenter un nombre équivalent de candidats hommes et femmes, les grands partis la contournent en envoyant ces dernières dans des circonscriptions ingagnables. Donc la loi ne garantit pas la réprésentation des femmes à l'Assemblée. Et les petits partis se retrouvent menacés d'être pénalisés financièrement, puisque leurs subventions seront réduites si ils ne respectent pas la parité».  

Afin de se donner une chance supplémentaire d'accéder aux financements publics, le Parti Pirate s'est allié avec d'autres mouvements citoyens (La Belle Démocratie, A nous la Démocratie, La relève Citoyenne, PACE...) au sein de la «Caisse Claire». La loi permet en effet à plusieurs partis et associations de faire un décompte commun des circonscriptions pour obtenir des dotations d'Etat. Concrètement, les partis et mouvements mènent chacun leur campagne de manière indépendante, tout en profitant en commun d'éventuelles dotations si ils parviennent à obtenir au moins 50 circonscriptions au total. 

«Faire passer la démocratie à l'âge adulte»

Pour convaincre les citoyens de devenir candidats sous leurs couleurs, les pirates mettent en avant leur fonctionnement horizontal, en vertu duquel chacun est amené à s'exprimer, à soumettre des idées, puis éventuellement à les voter. «Chez les pirates, il n'y a pas de chef, chacun peut apporter quelque chose, sur le modèle associatif, explique Thomas Watanabe-Vermorel. Nous voulons créer des modèles collaboratifs, en utilisant notamment la technologie pour consulter les citoyens. Toutes les expériences l'ont montré : si on pose une question clivante, les gens vont se disputer. Alors que si on les met au travail autour d'une table, qu'ils échangent, on aboutit à quelque chose». 

Et pour parvenir à cette démocratisation des institutions, les Pirates souhaitent en finir avec la Ve République, qui «favorise les conflits et ne permet pas aux citoyens de voter pour leurs idées, mais contre celles qu'ils rejettent, comme on l'a vu lors de cette élection présidentielle». «Le projet pirate est exigeant pour les citoyens, concède Thomas Watanabe-Vermorel. Il s'agit de faire passer la démocratie à l'âge adulte. Il y a une forte attente de la part des citoyens, qui souhaitent s'impliquer davantage, mais en même temps la plupart des gens ne s'en sentent pas capables. Ils ont tort : les gens qui votent les lois à l'Assemblée ne sont pas toujours plus compétents qu'eux, car les politiques ne sont pas des experts. Nous voulons donner aux citoyens la confiance qui leur manque pour participer à la vie politique.» 

Donner confiance aux citoyens, mais aussi leur donner le temps de se livrer à une activité politique. «Avec du temps, on peut améliorer ses compétences, rencontrer des gens, échanger, élargir sa perception des choses. La politique peut aussi être un hobby, il y a du plaisir à se rencontrer, à discuter. Créer un espace de discussion permet aux gens de ne pas se sentir isolés.» 

Un mouvement citoyen

Depuis sa naissance, le Parti Pirate souhaite dépasser le clivage droite-gauche, afin de favoriser une politique de compromis. Et le spectacle donné par la campagne présidentielle rend, selon lui, plus urgente que jamais une évolution démocratique. «A l’occasion de cette élection présidentielle, les appareils politiques donnent à voir le pire, en termes d’affaires, d’arrangements, d’entre soi, de complaisance et d’influence, estime Thomas Watanabe-Vermorel. Le résultat de l’élection présidentielle, quel qu'il soit, sera pour nous une mauvaise nouvelle. Cependant, il n’y aura pas de gouvernement sans une majorité à l'Assemblée nationale. Au même moment, le terrain des initiatives citoyennes est en complète ébullition. Riche d’une incroyable diversité, cet écosystème agit partout en France pour que les citoyens prennent leur part légitime dans la vie politique de notre pays. Des convergences s’organisent sous une forme nouvelle, sans tomber dans le travers de la fusion ou de la synthèse politicienne.»

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