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Procès Heaulme : «J'ai le coeur qui saigne», dit la maman d'Alexandre

Francis Heaulme au tribunal de Metz le 27 septembre 1995 [Franck FIFE / AFP/Archives] Francis Heaulme au tribunal de Metz le 27 septembre 1995 [Franck FIFE / AFP/Archives]

Elle n'a pas réussi à venir tous les jours au procès du meurtrier présumé de son fils, tué à coups de pierre en 1986. Mais mardi, la maman d'Alexandre s'est adressée à la cour.

Toute de colère rentrée, Dominique Beckrich est venue dire le supplice que furent pour elle les 30 dernières années, au cours desquelles un homme - Patrick Dils - a été condamné puis acquitté, en 2002, avant que Francis Heaulme ne devienne le suspect numéro un, au début des années 2000. «Toutes ces péripéties qu'on nous fait subir, toute cette folie de procès, de mensonges, je...». Droite à la barre, elle renifle. Respire fort. «C'est insupportable. On dit "la justice des hommes", mais il n'y a pas de "justice des hommes"».

La maman d'Alexandre a «des convictions». Elle le dit, sans jamais mentionner Patrick Dils, qui avait avoué avant de se rétracter, et qu'elle n'a jamais vraiment cru innocent. «On nous dit des choses aberrantes, des choses qu'on ne comprend plus. On nous dit : les aveux, ça compte plus maintenant ? Des aveux circonstanciés, ça compte plus ? La justice a détruit tous les scellés. Et ça, je ne lui pardonnerai jamais».

C'est ensuite son mari, Serge, qui l'a épaulée tout au long de son témoignage, qui prend la parole. Lui raconte ce dimanche 28 septembre 1986, la recherche des deux garçons, sur un talus SNCF à Montigny-lès-Metz (Moselle) où lui-même jouait enfant.

«Ca ne sert absolument à rien»

Serge Beckrich, ce 28 septembre, passe sous les wagons, sur les wagons. Mais il ne les trouve pas. C'est un policier qui découvrira les corps des deux garçons de huit ans, le crâne enfoncé à coups de pierre. «A un moment, un policier a secoué sa lampe de poche... Alors, on a voulu y aller avec mon père. Un policier a barré la route, mais mon père a réussi à passer. Il est revenu et il m'a dit "c'est fini"...». Serge Beckrich pleure. «Et voilà».

«Comme ma femme disait : ça fait 30 ans qu'on nous dit tout et n'importe quoi, une fois c'est "on a les preuves" et après on ne les a plus. On ne sait plus quoi penser... Aujourd'hui, on ne sait toujours pas quoi penser». Serge Beckrich pleure et retourne s'asseoir à côté de sa fille, Alison, 28 ans, et de sa femme.

Ces témoignages, juste avant les plaidoiries des parties civiles, soulignent combien ce dossier, dans lequel plus aucune preuve ne subsiste, a été, pour les familles, une épreuve longue de trois décennies. Qui ne sera, jusqu'à «ce qu'on ferme les yeux», jamais finie. Francis Heaulme lui-même, dans le box, n'a rien dit depuis le début de son procès. Seule, en boucle, cette phrase : «Montigny, c'est pas moi». 

Pour Dominique Beckrich, une seule chose est certaine. «Mon coeur saignera jusqu'à ma mort». «C'est tout. Voilà, je ne peux pas dire plus de choses. De toute façon, ça ne sert à rien. Ca ne sert absolument à rien. Et ce n'est pas encore aujourd'hui que l'on va nous apporter des réponses. Je n'ai aucune réponse».

Elle ajoute : «Voilà. Et on souffre, et on souffre, et on souffre encore. Jusqu'à la fin. Nos enfants sont morts. (...) J'espère que ça sera la dernière fois que je viendrai dans une salle, j'aimerais bien ne plus jamais, plus jamais ... Ca suffit maintenant». Le verdict est attendu jeudi.

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