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Le renouveau selon Macron

Conformément à la promesse d’Emmanuel Macron, l'équipe gouvernementale est composée pour moitié de femmes et de personnalités issues de la société civile.[YOAN VALAT / POOL / AFP]

Avec 22 membres au total, une vraie parité, une large place accordée à des personnalités issues de la société civile et un spectre élargi, la composition respecte les engagements présidentiels.

Un paysage politique remanié. Le suspense a pris fin, hier, avec l’annonce du nom des membres du gouvernement dirigé par Edouard Philippe. Une équipe resserrée de vingt- deux membres (contre trente-sept pour le dernier gouvernement Valls), avec dix-huit ministres et quatre secrétaires d’Etat.

Conformément à la promesse d’Emmanuel Macron, elle est composée pour moitié de femmes et de personnalités issues de la société civile. Autre particularité, un large spectre politique représenté, avec quatre socialistes, deux membres du PRG, deux Républicains et trois centristes. Tous seront au travail, dès ce matin, avec un premier Conseil des ministres.

La préparation des législatives de juin sera certainement dans toutes les têtes. D’autant que six des membres du gouvernement seront aussi candidats. Et, en cas de défaite, l’Elysée a fait savoir qu’ils devront quitter leur poste.

Nicolas Hulot : la garantie verte

Celui qui revendiquait son indépendance comme son «plus grand trésor» a finalement surmonté sa méfiance envers l’exercice du pouvoir. Nicolas Hulot, maintes fois sollicité par des présidents de droite et de gauche, a pour la première fois accepté un portefeuille, devenant à 62 ans ministre de la Transition écologique et solidaire.

Alors qu’il avait refusé de s’engager derrière un candidat pendant la campagne, l’ancien animateur d’Ushuaïa semble finalement avoir été séduit par la nouvelle donne incarnée par En Marche ! Une belle prise pour le président Emmanuel Macron, souvent accusé, durant la campagne, de faire passer les questions écologiques au second plan. Nicolas Hulot, un des trois ministres d’Etat du gouvernement, devra assurer la préservation et le développement des acquis de la COP21, à laquelle il avait œuvré en tant qu’envoyé spécial de François Hollande, à partir de 2012.

Car même s’il a longtemps refusé les ministères, il avait depuis plusieurs années l’oreille attentive des dirigeants. Interlocuteur privilégié de Jacques Chirac, qu’il avait accompagné au Sommet de la Terre, à Rio, en 2002, il a ensuite marqué les esprits avec le «pacte écologique» soumis aux candidats à la présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy, qui l’avait signé, avait lancé dès son élection le Grenelle de l’Environnement. 

François Bayrou : l'allié récompensé

Une prise de risque reconnue. Après avoir renoncé à sa propre candidature au profit d’une alliance avec Emmanuel Macron, le président du Modem, porte-étendard du centrisme, se voit récompensé du ministère de la Justice. Une nomination qui lui permettra de porter une loi de moralisation de la vie publique promise par le président de la République d’ici à cet été.

Agé de 65 ans, François Bayrou se voit propulsé à la tête d’un des trois ministères d’Etat, les plus prestigieux. Artisan de la construction d’un centre indépendant, il a notamment dirigé le portefeuille de l’Education nationale (1993-1997) et s’est porté trois fois candidat à l’élection présidentielle. 

Bruno Le Maire : un ambitieux à Bercy

Un retour en force. Arrivé cinquième de la primaire de la droite et du centre en novembre dernier, Bruno Le Maire, 48 ans, se voit confier le ministère de l’Economie au sein du gouvernement d’Edouard Philippe, dont il est un proche.

Passé par l’Ecole normale supérieure, Sciences-Po et l’ENA, l’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy, exclu hier des Républicains pour avoir offert ses services à Emmanuel Macron, va donc devoir mettre en œuvre les réformes économiques promises par le président élu. Au pro- gramme : la réduction dépenses publiques ou encore le prélèvement de l’impôt à la source. Avant cela, il sera à Berlin lundi pour rencontrer son ho- mologue allemand Wolfgang Schäuble.

Jean-Yves Le Drian : le rescapé

Le hollandais survivant. Agé de 69 ans, l’ex-ministre de la Défense est le seul poids lourd issu du gouvernement précédent. Désormais ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian devra consolider le couple franco-allemand cher à Emmanuel Macron et renforcer la zone euro. Son expérience en matière de lutte antiterroriste devrait également s’avérer précieuse. 

Gérard Collomb : le pillier

Policier en chef. «Marcheur» de la première heure, dès juillet 2016, le maire de Lyon, Gérard Collomb, hérite du ministère régalien de la place Beauvau, un des trois ministères d’Etat. Une tâche qui s’annonce monumentale, à l’heure où la menace terroriste – «multiforme» et «enracinée» sur le territoire, selon lui – continue de planer sur l’Hexagone.

Doyen du gouvernement, à 69 ans, le sénateur socialiste s’est ainsi engagé hier à «lutter contre l’insécurité», estimant que «la tranquillité était la première des libertés publiques». Dans un autre registre, il entend aussi défendre «la laïcité telle que définie dans la loi de 1905». Cofondateur de la fondation Jean-Jaurès, cet ancien professeur de lettres classiques a joué un rôle essentiel pour convaincre certains élus, à commencer par Fran- çois Bayrou, de rejoindre les couleurs d’Emmanuel Macron.

Laura Flessel : une femme en or

Une touche de choix. La célèbre épéiste Laura Flessel a été nommée, à la surprise générale, ministre des Sports. A 45 ans, cette ancienne championne, qui a remporté pas moins de cinq médailles olympiques (dont deux en or) et treize autres en championnats du monde, aura notam- ment la tâche de porter la candidature de la France pour les Jeux olympiques de 2024.

Depuis la fin de sa carrière, en 2012, l’escrimeuse s’était engagée dans l’associatif, en présidant notamment le comité de lutte contre les discriminations dans le sport. 

Gérald Darmanin : l'ex Sarkozyste

La caution conservatrice. Nommé à l’Action et aux Comptes publics, Gérald Darmanin, 34 ans, est pour Emmanuel Macron une belle prise à droite, dans la mesure où le maire de Tourcoing devait incarner la nouvelle génération du parti Les Républicains. Parmi les chantiers qui l’attendent : piloter le budget de l’Etat et assainir les comptes de la Sécurité sociale.

Se revendiquant «gaulliste social», tout en se prononçant pour l’abrogation du mariage gay, cet ex-député du Nord, proche de Nicolas Sarkozy, est à l’origine de l’appel diffusé par des élus LR à «répondre à la main tendue» par le chef de l’Etat. Il a été exclu de son parti, hier, à l’annonce de sa nomination.

Sylvie Goulard : l'Europe à la Défense

Une nomination très symbolique. La centriste Sylvie Goulard a pris la tête, hier, d’un ministère de la Défense renommé des «Armées». Po- lyglotte, maîtrisant l’allemand, l’italien et l’anglais, la députée européenne sera notamment chargée de construire une défense européenne commune, de concert avec Berlin.

Europhile convaincue, elle affirme son souhait de «redonner envie d’Europe», si possible au sein d’une Union fédérale. Juriste de formation, passée par les plus grandes écoles – Sciences-Po, Ena –, Sylvie Goulard, 52 ans, a effectué la quasi- totalité de sa carrière au sein des instances européennes, dont deux mandats en tant que députée au Parlement de l’UE (2009 et 2014).

Et aussi

Agnès Buzyn, médecin, prend la tête du ministère de la Santé. Richard Ferrand, l’ex-PS devient ministre de la Cohésion des territoires. Françoise Nyssen quitte les éditions Actes Sud pour le ministère de la Culture. Jean-Michel Blanquer, directeur de l'Essec, s'est vu confié l’Education nationale. Jacques Mézard, sénateur du Cantal, devient ministre de l’Agriculture. La biochimiste Frédérique Vidal hérite de l’Enseignement supérieur. Annick Girardin, passe de la Fonction publique aux Outre-mer. Élisabeth Borne, présidente de la RATP sera chargée des Transports. Muriel Pénicaud, spécialiste des RH hérite du ministère du Travail.

 

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