Pendant la cérémonie d'hommage aux victimes de la rafle du Vel d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942, une survivante a livré un récit poignant de l'événement tragique.
«À l'aube, des grands coups sur la porte nous ont fait sursauter», se souvient Rachel Jedinak, devant Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien invité à assister à cette commémoration, soixante-quinze ans après la terrible rafle.
Petite fille à l'époque, Rachel Jedinak livre un récit très émouvant de son expérience, ce jour de l'été 1942, lorsqu'elle est arrêtée avec sa soeur et sa mère par les autorités françaises.
Sur le chemin, en compagnie de nombreuses familles juives, elle se souvient des questions des mères de famille : «Mais où nous emmenez-vous ?», sans que les policiers ne leur répondent.
Rachel Jedinak témoigne aussi des réactions contrastées des passants croisés dans la rue : «Certains faisaient le signe de croix, les larmes aux yeux. D'autres nous montraient du doigt en riant».
Une gifle salvatrice
Alors qu'elle est parquée, avec les autres juifs interpellés, «debouts, serrés les uns contre les autres» dans le cinéma désaffecté de la Bellevilloise au nord de la capitale, la rescapée porte en elle le souvenir du geste, aussi terrible que salvateur, de sa mère.
Cette dernière ordonne à sa petite fille d'essayer de fuir pour se réfugier chez ses grands-parents. Mais devant le refus de Rachel Jedinak de la quitter, elle lui mettra une gifle.
«Cette gifle, la seule de mon existence, a été dure à accepter, car à ce moment, je n'ai pas compris que c'était un acte d'amour et de déchirement pour elle», conclut-elle la gorge serrée. La petite fille de huit ans et sa soeur ont finalement réussi à s'échapper, elles ne reverront jamais leur mère.