Cinq centimètres en trop, des euros en moins ? Il y a un problème de taille avec le nouveau portrait du président de la République.
C'est l'édile de la commune de Forges (Seine-et-Marne), Romain Senoble, qui, le premier, a déploré le changement de format de la photographie officielle : «jusqu'à présent de 50X65 cm, allez savoir pourquoi celle d'Emmanuel Macron est de 50X70». Une remarque amère reprise sur Twitter par l'élu UDI de Montereau-Fault-Yonne, James Chéron.
Le changement de format de la photo officielle du Président va coûter 2,7M€ aux collectivités. Ce Président qui demande des économies... pic.twitter.com/oLsj2hkY2A
— James Chéron (@jamescheron) 18 juillet 2017
Les 36.000 maires de l'Hexagone seraient obligés mettre la main à la poche, selon Romain Senoble. A hauteur de 2,7 millions d'euros, selon les estimations de l'élu, basées sur les prix du fournisseur Sedi, qui fournit les collectivités et propose le cadre à 77 euros. Sauf que, s'il est certain que l'encadrement coûtera une certaine somme, celle-ci n'atteindra pas de tels sommets.
Des calculs viciés
Et ce, pour trois raisons. D'abord, aucune règle n'oblige les élus à accrocher la photo officielle du chef de l'Etat dans leur propre mairie : il ne s'agit que d'une tradition républicaine à laquelle dérogeront certains. Ensuite, les calculs du maire sont viciés, car fondés sur le pack «cadre+photo», or toutes les mairies recoivent gratuitement un exemplaire du portrait officiel, nul besoin de le racheter.
© capture d'écran Sedi
De plus, à chaque début de quinquennat, la plupart des maires remplacent, en même temps que le portrait officiel, l'ancien cadre par un nouveau, peu importe sa taille. La dépense ne représenterait donc pas un «surcoût», mais un simple «coût» qui, de fait, revient tous les cinq ans.
Enfin, l'entreprise Sedi n'a pas le monopole des cadres : libre aux édiles de s'en procurer un pour moins cher. Dès lors, si chaque maire se contente de la photo envoyée par la préfecture et achète un cadre à 10 euros, la facture globale ne serait «que» de 360.000 euros. Loin du magot annoncé par Romain Senoble.
Reste que l'ardoise devra être effacée par le contribuable. Et que la dépense est jugée non seulement superflue mais également incohérente, à l'heure où Emmanuel Macron vient de demander aux collectivités de se serrer la ceinture pour réaliser 13 milliards d'économies d'ici à la fin du quinquennat.