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Après Irma et avant Jose, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy placées en alerte maximale

Au cours des dernières 48 heures, plus de 1.000 secouristes, militaires et renforts en tous genres sont arrivés à Saint-Martin.[MARTIN BUREAU / AFP]

Entre protéger et évacuer, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, déjà dévastées par le passage d'Irma, étaient engagées samedi dans une course contre la montre avant l'arrivée de l'ouragan Jose, qui va interrompre le travail des secours. Samedi soir, les deux îles ont été placées en alerte violette.

José, rehaussé en niveau 4, devrait commencer à affecter vers 18h, heure de Paris, les deux îles jusqu'à dimanche à 12h. Il doit passer à 100 km au nord de Saint Martin, déjà détruite à 95% par Irma, qui a touché Cuba samedi et doit atteindre dimanche la Floride.

Le passage de deux ouragans « aussi puissants » au même moment sur l'Atlantique est "sans précédent connu", selon Météo-France.

«De la houle avec des creux de 5 à 7 mètres, de fortes pluies orageuses et des rafales de vents allant jusqu'à 130 à 150 km/h», voilà ce qu'augure ce nouvel ouragan selon Météo France.

Saint-Martin et Saint-Barthélémy ont été placées en alerte rouge cyclonique, dernière étape avant l'alerte violette et le confinement. Les deux îles sont «devenues hyper vulnérables après le passage de l'œil d'Irma», ajoute le prévisionniste, précisant que les conséquences sur les îles dépendront de «la distance du centre» de Jose.

Une nouvelle épreuve pour les habitants, déjà sous le choc et pas forcément informés. «Le manque d'informations rend les gens hystériques, tendus», a raconté à l'AFP Sandrine Reynal, assistante sociale à Saint-Barthélémy. 

Les autorités comptent attendre que Jose passe pour distribuer eau et nourriture. «Il nous reste 12 bouteilles d'eau, pour trois, pour se laver et boire, ça devient difficile», a témoigné au téléphone Olivier Toussaint, habitant de l'île.

A l'aéroport de Gustavia, certains patientaient des heures dans l'espoir d'évacuer, non sans tensions. Priorité était donnée aux femmes et aux enfants. «Les hommes restent mais les femmes raccompagnent les enfants en métropole, ou au moins sur un lieu sûr en Guadeloupe», a témoigné une infirmière à l'aéroport de Grand-Case à Saint-Martin.

Neuf abris capables d'abriter «1.600 personnes» vont être ouverts à Saint-Martin pendant le passage de Jose, a annoncé samedi la ministre des Outre-mer Annick Girardin. «Nous sommes là pour veiller à ce que tout le monde ait un abri samedi avant midi (local, 18 heures à Paris)» a-t-elle déclaré. «Notre défi c'est zéro mort pendant Jose», a dit une source de sécurité à l'AFP.

Les secours sont lancés dans une course de vitesse en attendant le nouvel ouragan, qui devrait paralyser samedi les liaisons aériennes. Un gros porteur A400M, avec à son bord un hélicoptère, a décollé samedi matin d'Orléans. Il doit arriver à 19 heures de Paris avec une douzaine de personnes de l'armée de Terre, mécaniciens, pilotes et des pièces de rechange. Les liaisons maritimes sont déjà suspendues. 

Pour la partie néerlandaise de Saint Martin, le commandant de la marine des Pays Bas, Peter Jan de Vin, a déclaré au journal NRC que ses équipes travaillaient toujours à enlever les nombreux débris d'Irma risquant de se muer en «projectiles pouvant blesser ou tuer» avec les nouveaux vents forts.

Sécurité difficile à assurer

Sur l'île, la sécurité reste difficile à assurer, a dit vendredi soir à l'AFP le major Mertz, détaché sur la ville de Marigot : entre pillage et rumeurs d'évacuation, «on n'arrive pas à sécuriser tous les points».

Le chaos profite aux pilleurs : plusieurs témoignages font état de magasins dévalisés. Jusqu'alors, il y a eu 11 interpellations pour pillage, selon les gendarmes. Les gendarmes vont être appuyés par des hélicoptères pour traquer les délinquants, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Selon le ministère de l'Intérieur, 1.105 personnes ont été déployées sur place, dont 300 sapeurs-pompiers, 65 techniciens et ingénieurs d'EDF, 74 ingénieurs spécialisés dans les crises, 384 gendarmes et une trentaine de personnels de santé.

Le coût des dommages provoqués par Irma sur les deux îles a été évalué samedi à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR).

L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy, devant permettre l'indemnisation des dommages, est paru au Journal officiel samedi.

A Marigot, chef-lieu de Saint-Martin, l'AFP a constaté que les toitures sont crevées, des débris de tôle, de ferraille et de végétaux jonchent le sol, les routes sont encore légèrement inondées. La population dégage les obstacles, scie les arbres, entasse des branchages. 

Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu pour les personnes et les véhicules (hors missions de service publics) a été instaurée à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu'à mercredi.

Cuba touché, la Floride évacuée

L'ouragan Irma a fait au moins dix morts et sept disparus, selon le bilan donné vendredi en fin de journée par la préfète déléguée de Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Cela porte à 19 le total des personnes ayant trouvé la mort lors de son passage dans les Caraïbes : dix dans la partie française de Saint-Martin, quatre personnes dans les îles Vierges américaines, deux à Porto-Rico, deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, une à Barbuda.

Irma, repassé en catégorie 5, la plus élevée, a atteint Cuba samedi à 03H00 GMT. Plus de 10.000 touristes étrangers et plusieurs milliers de vacanciers cubains ont été transportés en lieu sûr.

En Floride, où Irma devrait arriver dimanche matin via l'archipel des Keys avant de toucher Miami, avec des vents d'au moins 240 km/h, les autorités ont appelé 5,6 millions de personnes à évacuer.

A Porto Rico, plus de la moitié des 3 millions d'habitants sont sans électricité, des refuges ont été ouverts pouvant accueillir jusqu'à 62.000 personnes. Une partie d'Haïti est sous les eaux, 19.000 personnes ont été évacuées en République dominicaine.

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