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Après Irma et José, Saint-Martin et Saint-Barthélemy à l'épreuve de la reconstruction

L'ile de Saint-Martin a été détruite à 95% par l'ouragan Irma.[MARTIN BUREAU / AFP]

Saint-Martin et Saint-Barthélemy, épargnées par José mais dévastées par Irma, doivent attaquer dimanche le colossal chantier de la reconstruction, alors qu'une partie de la population ne cache pas son exaspération face à l'action de l'Etat, également critiquée par certains politiques.

Contrairement au scénario redouté, le centre de José, ouragan de niveau 4 sur une échelle de 5, est passé à environ 135 km de Saint-Barthélémy et 125 km de Saint-Martin, épargnant les deux îles, déjà dévastées par l'ouragan Irma

Les îles, placées samedi en vigilance violette, le degré maximal, n'étaient plus qu'en vigilance jaune à 6H00 locale (midi, heure de Paris). L'ouragan ne les affecte plus «qu'indirectement», ajoute le prévisionniste.

 «C'est un soulagement de fou ! On est très heureux, très contents», a lancé Junior Joseph, 28 ans, confiné samedi dans un établissement scolaire à Saint-Martin. A ses côtés, Donald Tchuisseu, se dit aussi «soulagé, limite heureux».

Saint-Barthélemy et Saint-Martin doivent maintenant affronter de nombreux problèmes dans un paysage de ruines : manque d'eau, de nourriture, pas d'électricité. La situation sanitaire est «délicate», a observé le Premier ministre Edouard Philippe samedi, mais l'hôpital est «à nouveau fonctionnel», a assuré le ministre de l'Intérieur dimanche.

«La première consigne donnée» aux forces de sécurité est «de pouvoir apporter de l'eau dans tous les territoires», a dit Gérard Collomb. «Nous avons un million de litres d'eau. Le problème n'est pas de l'avoir, mais de la distribuer», a-t-il souligné. «La sécurité» est la «deuxième consigne», a poursuivi le ministre, évoquant «un certain nombre de pillages». Il y a eu 11 interpellations jusqu'alors, selon la place Beauvau.

Outre les 410 gendarmes et 80 policiers déjà sur place, 380 militaires, 240 gendarmes mobiles, 30 hommes du GIGN et 15 du GIPN étaient «en cours d'acheminement» dimanche, a précisé le gouvernement. Un A400M parti de métropole est aussi arrivé en Martinique samedi, avec des militaires, un hélicoptère et du fret à bord.

Les effectifs militaires et de police vont être «doublés» pour «renforcer rapidement la sécurité des sinistrés», a tweeté le président Emmanuel Macron samedi soir après une réunion de crise à l'Elysée.

Gérard Collomb a par ailleurs indiqué qu'une radio d'urgence, «pour informer la population», émettra dans la journée, ce qu'a confirmé Radio France.

Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu est en vigueur à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu'à mercredi.

Polémique politique

Avant le soulagement de voir José s'éloigner, la tension était parfois palpable à Saint-Martin. «Je suis en colère après Paris et sa gestion de crise», disait Nicolas, fonctionnaire installé depuis six ans sur l'île.

Un début de polémique politique est aussi apparu à Paris. La présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé samedi un gouvernement n'ayant «rien anticipé» et des moyens «tout à fait insuffisants», et des insulaires «obligés d'organiser leur propre défense». Le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, soutien de Laurent Wauquiez, a fustigé dimanche les «défaillances de l'Etat».

Le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réclamé une commission d'enquête parlementaire sur la gestion en amont de la catastrophe et «plus de solidarité» internationale dans les zones confrontées aux ouragans.

Face à ces critiques, le gouvernement s'est défendu. Son porte-parole Christophe Castaner, a dit «comprendre la colère», mais insisté sur les moyens déployés par l'Etat et la «première priorité»donnée aux secours et pas aux pillages. Edouard Philippe avait également assuré samedi de la «mobilisation totale de l'État» devant «une succession de phénomènes d'une intensité jamais égalée».

Un premier coût des dommages a été évalué samedi à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR).

Dans la partie néerlandaise de Saint-Martin des évacuations de touristes devaient reprendre dimanche et des distributions de vivres «à grande échelle» lundi.

L'ouragan Irma a fait au moins dix morts et sept disparus dans les îles françaises, deux dans la partie néerlandaise, selon le dernier bilan. Cela porte à 25 le total des personnes ayant trouvé la mort dans les Caraïbes, si l'on ajoute six décès dans les îles Vierges britanniques, quatre dans les îles Vierges américaines, deux à Porto-Rico, un à Barbuda.

Après de nombreuses destructions dans le centre et l'est de Cuba, Irma, remonté en catégorie 4, s'approchait dimanche de l'archipel des Keys dans le sud de la Floride, où plus du quart de la population a reçu l'ordre d'évacuer.

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