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La prise de contrôle d'Alstom par Siemens avive critiques et craintes pour l'emploi

Alstom et Siemens ont décidé de regrouper leurs activités ferroviaires pour contrer la concurrence chinoise [SEBASTIEN BOZON, CHRISTOF STACHE / AFP/Archives] Alstom et Siemens ont décidé de regrouper leurs activités ferroviaires pour contrer la concurrence chinoise [SEBASTIEN BOZON, CHRISTOF STACHE / AFP/Archives]

Alstom et Siemens ont justifié mercredi la fusion de leurs activités ferroviaires par la montée en puissance d'une forte concurrence chinoise mais la prise de contrôle de ce fleuron industriel français par le groupe allemand suscite en France critiques et craintes sur l'emploi.

"C'est une fusion entre égaux", a martelé, lors d'une conférence de presse commune, le PDG de Siemens Joe Kaeser, tout en reconnaissant que le conglomérat allemand "recevrait 50% ou un peu plus" du nouvel ensemble.

Dans les faits, Siemens devient donc l'actionnaire de contrôle du nouveau groupe, l'accord prévoyant en outre que le groupe allemand pourra dépasser les 50,5% après quatre ans.

Le nouveau groupe sera baptisé Siemens-Alstom, "par manque d'inspiration", a plaisanté Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, qui prendra la tête du futur numéro deux mondial du matériel ferroviaire roulant, numéro un pour la signalisation.

L'Etat français a assuré avoir obtenu des "garanties solides", selon le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire: maintien de l'emploi et des sites industriels pour une durée de quatre ans, cotation du groupe à Paris, maintien du siège social en France et sa direction par un PDG français.

Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, lors d'une conférence de presse le 27 septembre 2017 à Paris [Thomas SAMSON / AFP]
Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, lors d'une conférence de presse le 27 septembre 2017 à Paris

Elus et syndicats se disent pourtant inquiets pour l'emploi à moyen terme dans l'Hexagone estimant qu'Alstom est "en choc frontal avec Siemens sur toutes ses activités" (grande vitesse, trains régionaux, tramways et métros, signalisation).

Le PDG d'Alstom a reconnu que des "optimisations" toucheraient les fonctions support (activités hors production), sans donner de détail mais que l'alliance "renforcera la structure productive" des deux groupes.

Claude Mandart, élu CFE-CGC, premier syndicat au sein d'Alstom, a noté que l'engagement de quatre ans porterait sur les sites, pas sur le niveau de l'emploi.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a jugé ce mariage "scandaleux" tandis que Laurent Berger, numéro un de la CFDT a demandé que l'Etat s'assure de "garanties très précises".

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Woerth (LR) a invité le gouvernement à venir s'expliquer devant les députés sur ce rapprochement qu'il juge "totalement déséquilibré".

L'absence de l'Etat français du capital et du conseil d'administration de Siemens-Alstom est un autre motif de critiques.

Des TGV Gare de Lyon à Paris, le 24 mars 2010 [LOIC VENANCE / AFP/Archives]
Des TGV Gare de Lyon à Paris, le 24 mars 2010

Il était jusqu'à présent actionnaire d'Alstom à hauteur de 20%, via des actions prêtées par le groupe Bouygues, mais ne va pas activer son option d'achat.

"L'Etat n'a pas vocation à être assis sur un strapontin dans les conseils d'administration (...) sans pouvoir intervenir", a souligné Bruno Le Maire, promettant que l'Etat garderait des moyens d'actions, notamment via la commande publique.

Bouygues, qui détient une participation de 28,2% dans Alstom, a indiqué qu'il resterait actionnaire jusqu'à la fusion avec Siemens en juillet prochain mais sans se prononcer sur l'après.

 

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