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Le ras-le-bol des prisons

Deux tiers des 188 établissements pénitentiaires ont été concernés par les blocages.[Rémy GABALDA / AFP]

Entre les violences, la surpopulation et la radicalisation, la situation devient de plus en plus explosive dans le pays.

Barricades de palettes, pneus enflammés, banderoles... La colère des  surveillants de prison a franchi un nouveau cap hier, avec des manifestations et le blocage de deux tiers des 188 établissements pénitentiaires, à l’appel des trois syndicats Ufap-Unsa Justice, CGT Pénitentiaire et FO Pénitentiaire. Une «opération prison morte», qui sera reconduite mardi 16 janvier, et organisée en réaction à l’agression à l’arme blanche de trois gardiens par un détenu jihadiste, il y a quatre jours, à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Ce grave incident réveille une exaspération latente des surveillants pénitentiaires, qui «condamnent les gouvernements successifs» pour leur situation de plus en plus alarmante. 

Un milieu carcéral difficile

La violence à laquelle les surveillants font face quotidiennement ne passe plus. «Pas un jour ne passe sans qu’un personnel se fasse attaquer. Le degré d’agression est de plus en plus élevé», s’alarme Samuel Gauthier, secrétaire général adjoint de la CGT Pénitentiaire. Les syndicats réclament donc au gouvernement davantage de moyens matériels et humains. Autre défi à relever : la prise en charge des détenus radicalisés, qui prend de plus en plus de place. Les plus dangereux d’entre eux sont ainsi placés, pendant quatre mois, dans des quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER), mais les autres se retrouvent dans les prisons habituelles, où ils peuvent diffuser librement leurs idées. 

Ce qui provoque de vives tensions, exacerbées par une surpopulation difficile à juguler. Au 1er décembre 2017, 69 714 personnes étaient ainsi incarcérées pour 59 165 places. Un chiffre qui se rapproche du record de 70 230 détenus atteint en avril 2017. L’environnement vétuste et l’insalubrité de certains établissements finissent de rendre la situation explosive. C’est par exemple le cas de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), régulièrement pointée du doigt pour ses installations obsolètes et la présence de nombreux rats. Elle a d’ailleurs été récemment visitée par deux sénateurs communistes, qui ont, dans la foulée, demandé un «plan d’urgence» au gouvernement.

Le gouvernement s’engage

Face au ras-le-bol, Emmanuel Macron a annoncé hier un «plan pénitentiaire global» qui sera détaillé avant la fin février, lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation. Le chef de l’Etat a notamment souligné vouloir limiter l’incarcération par les travaux d’intérêt général ou le port du bracelet électronique. 

Des téléphones fixes pourraient aussi être installés dans chaque cellule pour améliorer les conditions de vie et près de 15 000 places supplémentaires ont en outre été promises. 

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