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Le gouvernement peaufine son plan de privatisations

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse à Paris, le 12 janvier 2018 [Patrick KOVARIK / AFP/Archives] Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. [Patrick KOVARIK / AFP/Archives]

En lançant cette semaine le fonds pour l'innovation de dix milliards d'euros, le gouvernement a engagé les grandes manoeuvres en vue de son vaste plan de privatisations. Avec notamment dans le collimateur Aéroports de Paris et La Française des jeux.

Des hauts fonctionnaires et des banquiers d'affaires qui s'activent, des investisseurs aux aguets : le programme de cession d'actifs publics, destiné à alimenter le fonds promis par Emmanuel Macron, «est désormais sur les rails», reconnaît auprès de l'AFP une source proche du dossier.

Lors de sa cérémonie de voeux lundi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé avoir transféré dans ce nouveau dispositif 1,6 milliard d'euros issus des ventes de titres Engie et Renault, réalisées au second semestre 2017. En parallèle, 8,4 milliards d'euros de titres EDF et Thales, restant propriété de l'Etat, ont été mobilisés.

A terme, la dotation du fonds pour l'innovation «reposera exclusivement sur les cessions d'actifs et sur des produits de privatisation», a toutefois prévenu M. Le Maire. Une décision qui implique de céder - dans un délai relativement contraint - 8,4 milliards d'euros de nouveaux titres.

Quelles seront les entreprises concernées ? En théorie, le choix est large : l'agence des participations de l'Etat (APE), chargée de gérer le portefeuille de l'Etat, est actuellement présente au capital de 81 entreprises, pour un patrimoine pesant près de 100 milliards d'euros. Mais en pratique, l'éventail des possibilités est limité, l'Etat ayant d'ores et déjà exclu de vendre des actifs d'entreprises considérées comme «stratégiques» (à l'image d'EDF ou de la SNCF) et de réaliser des opérations qui ne seraient pas intéressantes financièrement.

«Trouver des entreprises qui cochent toutes les cases n'est pas simple, car on a déjà beaucoup réduit la voilure de l'Etat actionnaire avec les privatisations des années 1980», souligne Emmanuelle Auriol, chercheuse à l'Ecole d'économie de Toulouse (TSE). «Le risque, c'est que cela ne conduise à des opérations peu pertinentes», avec «des retours financiers aléatoires», insiste cette spécialiste des privatisations.

Du côté de Bercy, on se refuse à donner les noms des entreprises visées, «aucune décision» n'ayant pour l'instant été prise. Mais le ministre a donné lundi un indice indirect, en indiquant lundi que des «cessions d'actifs» et «privatisations» seraient «autorisées par la loi Pacte», qu'il présentera au mois d'avril.

Trois entreprises ciblées

Quatre entreprises, actuellement, sont confrontées à des contraintes légales, qui empêchent l'Etat de descendre en-deçà d'un certain seuil de détention : Aéroports de Paris (ADP), Engie, EDF et la Française des jeux (FDJ). EDF étant a priori exclue, restent les trois autres sociétés, sur lesquelles se concentre l'attention.

Pour ADP, dont l'Etat est actionnaire à hauteur de 50,63%, les voyants semblent au vert. Le gestionnaire des aéroports parisiens, valorisé à 16 milliards d'euros, est en pleine forme financière. Et un candidat a fait part publiquement de son intérêt : le groupe Vinci, qui possède déjà 8% d'ADP et gère 35 plateformes aéroportuaires dans le monde. Plusieurs contraintes techniques ralentissent toutefois le dossier, ADP étant propriétaire de ses terrains, considérés comme stratégiques par l'Etat. Selon Les Echos, une solution serait cependant en vue, consistant à accorder à ADP une concession de cinquante voire cent ans, qui donnerait lieu à terme à une prolongation ou mise en concurrence.

Pour la FDJ, dont l'Etat possède 72%, d'autres problèmes se posent, d'ordre plus politique. «C'est une privatisation qui suscite à juste titre des réticences» car «le groupe bénéficie d'un monopole de droit sur les jeux de loterie et les jeux à gratter, que l'Etat a tout intérêt à conserver», souligne Emmanuelle Auriol. Selon une source proche du dossier, la solution serait une descente à hauteur de 25 ou 30% du capital, mais avec des droits de vote double, permettant aux pouvoirs publics de garder la main sur le secteur. Bercy pourrait en outre faire le choix d'une introduction en Bourse, afin de permettre au grand public de devenir actionnaire de la société.

Qu'adviendra-t-il enfin d'Engie, dont l'Etat ne possède actuellement plus que 24% ? Il faut se mettre «en situation de faire face à toutes les options», a assuré lundi la directrice générale du groupe Isabelle Kocher lors de ses voeux à la presse. «Ma responsabilité, c'est de préparer Engie à tous les scénarios».

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