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Maïwenn sur le harcèlement sexuel : «arrêtons de nous juger les unes les autres»

Il s'agissait de la première réaction de Maïwenn depuis la sortie des révélations sur Harvey Weinstein[Capture d'écran - France2]

La réalisatrice, Maïwenn, s'est exprimée sur le mouvement «Mee too» et sur les accusations de harcèlement sexuel qui touchent le cinéma, au cours de l'émission de France 2, «Stupéfiant!». L'artiste, interrogée par Léa Salamé, a livré une position nuancée.

Dans la séquence, diffusée lundi soir, l'invitée a choisi de lire un texte qu'elle avait écrit après la publication de la tribune co-signée par Catherine Deneuve et Catherine Millet, dans Le Monde du 9 janvier. Il s'agissait de la première réaction de Maïwenn depuis la sortie des révélations sur le producteur Harvey Weinstein.

«J'avais l'impression que c'était une guerre des mots, une guerre de linguistes et qu'au fond on était tous d'accord», explique-t-elle avant de débuter la lecture de son texte dont voici la retranscription :   

«Ecrire un film, écrire une lettre, écrire un sms, employer des mots et des phrases qui ne veulent pas dire la même chose pour vous que pour moi. Je réclame de panser mes plaies comme je le veux. Je réclame le droit de coucher avec qui je veux, le temps d'une nuit, sans être une femme facile quand les hommes sont des séducteurs. Je réclame le droit d'avoir du pouvoir dans mon travail sans faire peur aux hommes. Je réclame le droit d'être draguée avec maladresse, insistance, et d'appeler ça importuner, si je le veux. Je réclame le droit de ne pas être jugée si j'emploie des mots qui n'ont pas la même résonance que pour vous. Je réclame qu'on ne juge pas une femme si elle a eu besoin d'écrire un livre sur son histoire d'harcèlement sexuel. Je réclame le droit qu'on ne juge pas une femme qui pense qu'on doit se débrouiller seule après un viol. Nous ne sommes pas tous égaux dans la douleur et dans la résilience et nous n'avons pas la même capacité mentale ou physique de nous remettre de nos traumatismes. Ne jugeons pas une femme qui aime la violence pendant qu'elle fait l'amour. Ne jugeons pas une femme qui ne se remet pas d'une main aux fesses. Ne jugeons pas des femmes intellectuelles qui prennent la parole et bousculent nos mœurs. Par pitié, arrêtons de nous juger les unes les autres. Quelque chose d'historique est en train de se jouer en ce moment, alors soyons uni(e)s. Chacun doit pouvoir souffrir de ce qu'il veut, comme il veut et quand il veut. On va y arriver.»

«C'est trop touchy»

A la fin de son discours, Maïwenn fond en larmes, avant de finalement reprendre les dernières phrases du texte. 

Léa Salamé l'a ensuite interrogée sur le passage du texte dans lequel elle demande le droit d'être importunée, comme le demandaient les 100 femmes ayant signé la tribune du Monde. «Est-ce que vous auriez pu la signer ?», la questionne la journaliste. 

«Oui. J'aurais pu faire l'erreur de la signer», répond la réalisatrice de «Polisse», avant de poursuivre :

«Avec du recul, je me suis aperçue que si elle avait été mal perçue, c'est parce qu'on ne peut pas parler de tout avec tout le monde. Et c'est un sujet tellement délicat, et le mot 'importuner' peut être lu à tellement de niveau de lecture différente que c'est trop touchy. Donc je suis contente de ne pas l'avoir signée mais j'assume l'idée que j'aurais pu effectivement la signer.»

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