En direct
A suivre

Plus de 40 ans après, le magot du «casse du siècle» à portée des juges

Plan qui a servi aux cambrioleurs pour dévaliser la salle de coffres de la Société Générale à Nice, le 18 juillet 1976 [- / AFP/Archives] Plan qui a servi aux cambrioleurs pour dévaliser la salle de coffres de la Société Générale à Nice, le 18 juillet 1976 [- / AFP/Archives]

Plus de quatre décennies après l'attaque de la Société Générale à Nice, la justice pourrait rattraper in extremis le cerveau présumé de ce «casse du siècle» : figure du milieu marseillais, Jacques Cassandri doit être jugé à partir de lundi à Marseille pour le blanchiment du magot.

Le 18 juillet 1976, l'équivalent de 46 millions de francs s'évaporent de la salle des coffres de la Société Générale de Nice. «Ni coup de feu, ni violence, ni haine», fanfaronnent sur un billet laissé sur place les auteurs de ce «casse du siècle», qui fuient par le tunnel qu'ils ont creusé depuis les égouts de la ville.

La justice n'a jamais mis la main sur le butin. Un seul membre du commando, Jean Megozzi, a été condamné. Longtemps considéré comme le «cerveau» du casse, Albert Spaggiari, arrêté à Nice en octobre 1976, s'évade l'année suivante du bureau du juge d'instruction. Condamné à perpétuité par contumace, il est mort sans jamais être repris.

Photo montage datant du 27 octobre 1976 (G à D):  Alain Bournat, Francis Pellegrin, Alfred Aimar et  Homer Filippi, quatre des cambrioleurs qui ont participé au "Casse du siècle" de la Société Générale à Nice le 17 juillet 1976 [- / AFP/Archives]
 
Photo montage datant du 27 octobre 1976 (G à D): Alain Bournat, Francis Pellegrin, Alfred Aimar et Homer Filippi, quatre des cambrioleurs qui ont participé au «Casse du siècle» de la Société Générale à Nice le 17 juillet 1976[- / AFP/Archives]

Reste Jacques Cassandri, 74 ans. En 2010, alors que le vol est prescrit, un livre-témoignage entend raconter la vérité sur le casse. Exit Albert Spaggiari : l'auteur, sous le pseudonyme d'«Amigo», affirme être le véritable «cerveau» de l'opération. Derrière ce nom de plume se cache, les juges en sont vite certains, Jacques Cassandri.

Le texte de l'ouvrage est d'ailleurs retrouvé sur son disque dur, et comporte des détails corroborés par l'enquête. Seul peut les connaître un des auteurs du vol, entré dans les annales du banditisme et porté à l'écran plusieurs fois.

Bien trop tard pour espérer traîner Cassandri, a priori seul survivant du commando, devant le tribunal pour le casse. Mais le septuagénaire, soupçonné de longue date d'être un important financier du milieu, a bien dû investir ses millions. Et le blanchiment, lui, n'est pas prescrit.

Trahi par sa faconde

Le père de famille, fiché au grand banditisme, est coutumier des tribunaux : il avait été arrêté lors du démantèlement d'un trafic de drogue de la French Connection avec l'Amérique du Sud au début des années 1970, et a également été condamné à quatre ans de prison ferme avec sa femme en 1994 pour proxénétisme aggravé.

Albert Spaggiari, le cerveau présumé du Casse du siècle, le 1er janvier 1976 [- / AFP/Archives]
Albert Spaggiari, le cerveau présumé du Casse du siècle, le 1er janvier 1976[- / AFP/Archives]

Devant les enquêteurs, ses enfants, également renvoyés devant le tribunal, lâchent qu'il s'est déjà vanté d'être l'auteur du livre, et donc du vol de Nice. Trahi par sa faconde, Cassandri finit par reconnaître sa participation au «casse du siècle», mais assure n'avoir touché que deux millions sur le magot. Rapidement dilapidés, affirme-t-il.

Le magistrat instructeur n'en croit pas un mot : en 1976, Cassandri est sans le sou. Aujourd'hui, «il se trouve à la tête d'un patrimoine considérable constitué de nombreux fonds de commerce et biens immobiliers, exploités via sa famille et ses proches». Entre-temps, il n'a jamais travaillé...

Achat d'une maison en Savoie, d'une boîte de nuit à Marseille, de terrains en Corse, de dizaines de milliers d'euros de vison, paiement d'une garantie avec 7 lingots d'or... «La fortune de Jacques Cassandri et par conséquence de la famille Cassandri (apparaît) puiser son origine occulte dans le butin retiré du "casse de Nice"», conclut l'enquête.

«Ce livre est un roman, un roman n'est pas une source de preuve», répond son avocat Frédéric Monneret. Les faits de blanchiment qui lui sont reprochés sont «une construction, une vue de l'esprit», soutient-il.

Jacques Cassandri, qui doit comparaître aux côtés de plusieurs proches, devra également s'expliquer sur une série d'infractions financières en lien avec la gestion peu rigoureuse des sociétés familiales. Mais aussi sur une escroquerie autour de la construction d'un terrain en Corse, ou encore une fraude à la Sécurité sociale, d'un montant de 62.000 euros.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités