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Christian Estrosi : «un signe d'espérance»

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a accompagné plusieurs centaines de lycéens au camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne. [VALERY HACHE / AFP]

En invitant la jeunesse à se rappeler les horreurs des camps nazis, le maire de Nice, Christian Estrosi, veut oeuvrer pour l'avenir.

Chaque année, près de 400 lycéens de la région Paca participent ainsi au Voyage de la mémoire à Auschwitz-Birkenau, en Pologne, afin de se rendre dans les camps de concentration et d’extermination.

Un voyage pour se souvenir des juifs déportés lors de la Seconde Guerre mondiale, initié il y a une quinzaine d’années par Christian Estrosi, alors président du conseil général des Alpes-Maritimes.

Mardi 13 février, le maire de Nice a effectué le déplacement avec ces jeunes, pour réaffirmer l’importance de ces voyages face à la hausse des violences antisémites constatée dans le pays. Rencontre.

Que représente ce Voyage de la mémoire pour tous ces élèves ?

Une terrible leçon d’histoire, mais tellement nécessaire. J’ai pris cette décision en 2004, lorsque je présidais le conseil général des Alpes-Maritimes. J’avais été ému par les témoignages des déportés, et en particulier de mon ami Charles Gottlieb. Ils s’inquiétaient non par pour eux, mais pour les autres, pour les nouvelles générations. 

Il y avait chez eux un sentiment d’urgence. Ils avaient survécu, mais le pire était toujours possible, le mal toujours présent. Il fallait passer le relais de la mémoire, que d’autres témoins se lèvent, perpétuent le souvenir, deviennent la voix de tous ceux que l’on avait voulu à jamais réduire au silence.

Quatorze ans plus tard, ce sentiment d’urgence est-il le même ?

Simone Veil, qui nous a quittés l’an dernier, le disait avec ses mots qui sont si forts, si justes, dans l’une de ses dernières interventions comme présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Elle s’inquiétait de ce nouveau négationnisme qui «trouve un grand écho auprès d’esprits ignorants et fanatisés, et notamment, à cause des nouvelles technologies de communication, auprès des jeunes».

C’est, en effet, inquiétant et angoissant, parce que le négationnisme est au cœur de la machine de mort. Il fallait effacer toute trace, tout souvenir.

Que dites-vous à ceux qui estiment que l’on en fait trop sur le sujet ?

Aujourd’hui, certains souhaiteraient que l’on parle moins ou que l’on ne parle plus de la Shoah. C’était aussi le souhait des nazis, le silence devait parfaire le crime.

C’est pour cela que l’on se doit d’arracher chaque victime à l’oubli, comme on se doit d’honorer les Justes qui ont aidé à sauver des juifs. Si nous devons évoquer ce passé effroyable, c’est aussi et surtout pour prévenir d’autres crimes. Sous la haine des juifs, il y a la haine de toutes nos valeurs, de la raison, de la tolérance, de la liberté.

L’antisémitisme peut-il être combattu par la seule mémoire ?

C’est nécessaire, mais cela ne saurait suffire, bien sûr. Notamment, il est impératif de mettre un terme aux discours haineux et négationnistes qui se propagent sur les réseaux sociaux.

Insultes, intimidations, violences physiques… Des juifs témoignent d’agressions banalisées. Le fait que cela se passe dans notre pays, en France, soixante-treize ans après la libération des camps de la mort, est tout simplement insupportable.

Que peuvent faire les politiques ?

J’avais déposé, en tant que député, avec d’autres parlementaires à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution demandant la création d’une commission d’enquête à propos de cette montée de l’antisémitisme. Nous n’avions pas été entendus. Depuis, la situation s’est aggravée.

Ces voyages permettront-ils le passage de relais entre générations ?

C’est le but, et je crois que ce passage s’effectue. Les élèves reviennent d’un tel voyage bouleversés, bien sûr, mais aussi instruits et plus forts.

ls en reviennent avec le sentiment d’une responsabilité particulière, avec le sentiment d’une mission à accomplir : s’inscrire dans la longue chaîne des témoins, afin que jamais le crime ne s’efface.

C’est une défaite pour les bourreaux. Ces derniers auraient-ils imaginé que, plusieurs décennies plus tard, des adolescents soient animés d’une telle volonté de savoir et de transmettre ? C’est un signe envoyé à tous les assassins, à tous les génocidaires. C’est un signe d’espérance. 

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