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Au dîner du Crif, Macron promet de renforcer la lutte contre la cyberhaine

Le président Emmanuel Macron s'adresse aux convives lors du diner annuel du CRIF à Paris, le 7 mars 2018 [ludovic MARIN / POOL/AFP] Le président Emmanuel Macron s'adresse aux convives lors du diner annuel du CRIF à Paris, le 7 mars 2018. [ludovic MARIN / POOL/AFP]

«Il nous faut aller plus loin» : Emmanuel Macron a promis mercredi soir une lutte renforcée contre la haine raciste et antisémite qui prospère sur Internet, lors du premier dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) sous son quinquennat.

Devant un millier d'invités au Carrousel du Louvre à Paris, dont une quinzaine de ministres et une vingtaine d'ambassadeurs, le chef de l'Etat a dit vouloir mener «cette année» au niveau européen «un combat permettant de légiférer pour contraindre les opérateurs à retirer dans les meilleurs délais» les contenus haineux de la Toile.

En France, une mission sera confiée par le gouvernement à Gil Taïeb, vice-président du Crif, et à l'écrivain franco-algérien Karim Amellal sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme sur internet. Ce combat «doit non seulement impliquer les pouvoirs publics mais aussi la société civile et les plateformes», a souligné Emmanuel Macron, désignant l'antisémitisme comme «le contraire de la République» et le «déshonneur de la France».

(G à D): Brigitte Macron,  Emmanuel Macron, le président du CRIF Francis Kalifat, la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant le musée du Louvre avant le diner du CRIF, le 7 mars  2018 à Paris [LUDOVIC MARIN / POOL/AFP]
(G à D) : Brigitte Macron, Emmanuel Macron, le président du CRIF Francis Kalifat, la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant le musée du Louvre avant le diner du CRIF, le 7 mars 2018 à Paris [LUDOVIC MARIN / POOL/AFP]

«Aucune piste ne sera écartée, y compris la possibilité de légiférer dans ce domaine», a-t-il assuré en citant comme «exemple inspirant» la législation allemande, qui menace les plateformes internet de lourdes amendes en cas de diffusion de messages de haine.

Emmanuel Macron répondait au président du Crif, Francis Kalifat, qui avait un peu plus tôt souhaité que les entreprises internet «assument les mêmes responsabilités que les éditeurs de presse», soumis à un cadre juridique strict.

Le responsable de l'instance de représentation politique de la communauté juive organisée a confirmé que le Crif allait installer un «observatoire de la haine sur le net». «Lorsque notre outil aura fait ses preuves, nous pourrons l'élargir au racisme, à la xénophobie, à l'homophobie, à la haine des musulmans et, aussi, à la haine de la France», a-t-il précisé. «Si nous construisons cet observatoire, c'est parce que les entreprises internet ne le font pas elles-mêmes», a-t-il déploré, ajoutant : «peut-être faut-il les y contraindre ?»

Le responsable communautaire a longuement dénoncé les agressions et le harcèlement antisémites dans certaines banlieues françaises, évoquant des familles qui vivent "la peur au ventre» et sont contraintes de déménager vers des quartiers plus sûrs.

«Affaire Céline»

Interpellé sur les ravages de cet «antisémitisme du quotidien», Emmanuel Macron a assuré qu'«il ne saurait y avoir le moindre abandon des familles juives de France».

Emmanuel Macron à coté de sa femme Brigitte Macron lors du diner du Crif à Paris le 7 mars  2018 [ludovic MARIN / POOL/AFP]
Emmanuel Macron à coté de sa femme Brigitte Macron lors du diner du Crif à Paris le 7 mars 2018 [ludovic MARIN / POOL/AFP]

«L'Etat assurera sans faiblir son devoir de protection des personnes, lieux de culte, écoles et crèches», a-t-il promis, assurant que les aides financières dédiées à sécuriser ces lieux «verront leur niveau maintenu pendant toute la durée du quinquennat».

«Jamais nous ne faiblirons dans la lutte contre ce fléau», a-t-il martelé.

Comme prévu, «l'affaire Céline» s'est également invitée au dîner, après qu'Antoine Gallimard a fait savoir qu'il n'avait en fait «pas renoncé» à rééditer les pamphlets antisémites de l'écrivain.

Emmanuel Macron a laissé entendre qu'il désapprouvait le projet de l'éditeur, mais s'est dit «heureux» d'un tel débat. «Il n'y a pas dans notre pays de police mémorielle et morale des éditions dans le sens où je dirais 'j'interdis la publication de ces écrits'», a-t-il expliqué.

Le combattant pour la mémoire de la Shoah Serge Klarsfeld, qui a reçu avec son épouse Beate le prix du Crif 2018 lors du dîner, a redit sa ferme opposition à la réédition de ces pamphlets, même dotés d'un appareil critique.

Beate Klarsfeld à la tribune lors du diner du Crif, s'exprime devant son mari Serge Klarsfeld (3è d), son fils Arno Klarsfeld (c) et le président du Crif Francis Kalifat (g), le 7 mars 2018, à Paris [LUDOVIC MARIN / POOL/AFP]
Beate Klarsfeld à la tribune lors du diner du Crif, s'exprime devant son mari Serge Klarsfeld (3è d), son fils Arno Klarsfeld (c) et le président du Crif Francis Kalifat (g), le 7 mars 2018, à Paris [LUDOVIC MARIN / POOL/AFP]

«Pourquoi aujourd'hui, après tant d'agressions antijuives, jeter de l'huile sur le feu ?», a-t-il fait valoir.

«Les orphelins des déportés, ceux qui dans leur enfance ont connu et aimé les victimes de la Shoah n'ont pas tous disparu, ils sont encore debout. M. Gallimard, ayez la décence d'attendre notre mort pour tenter à nouveau d'inscrire ces pamphlets dans le catalogue de la Pléiade dont votre grand-père a renvoyé le créateur en application du statut des juifs !», a lancé Serge Klarsfeld dans un élan d'émotion chaleureusement applaudi.

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