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Grève : «Le test est autant pour le gouvernement que les syndicats»

Un futur printemps social ? [Eric FEFERBERG / AFP]

Le mouvement de colère des cheminots et des fonctionnaires, jeudi 22 mars, pourrait entraîner un printemps social plus général. Rémi Bourguignon, chercheur au CEVIPOF, éclaire sur les enjeux derrière cette mobilisation. 

La journée de mobilisation est-elle un test pour les syndicats ?

Le test est autant pour le gouvernement que les syndicats. La séquence syndicale ne s’arrêtera, cependant, pas à demain soir. La SNCF a encore prévu trois mois de grève. Mais si les syndicats n’arrivent pas à mobiliser, comme cela a été le cas pour les mouvements précédents, ils risquent d’être absents des débats pendant de nombreuses années et le gouvernement aura les mains libres sur les dossiers à venir. 

Le gouvernement, de son côté, n’avait pas vu la mobilisation venir et commence à s’inquiéter. Il y a le risque que le mouvement social le rattrape. Au moment de la réforme du Code du travail, la stratégie du gouvernement avait eu tendance à affaiblir les partenaires sociaux. On en voit la conséquence aujourd’hui : le gouvernement n’a plus de relai pour réguler le mouvement social. S’il est rattrapé par ce mouvement et doit revenir en arrière, c’est toute la réputation de réformateur d’Emmanuel Macron qui sera questionnée.

La superposition des luttes peut-elle desservir le mouvement ?

Je ne pense pas. On n’est pas sur un mouvement reconductible mais sur un mouvement unique. Il n’y a que lorsque le mouvement est reconductible qu’on peut le voir s’essouffler. Là le fait que ce soit une journée, on retiendra s’il y a eu de la grogne ou non. S’il y a une mobilisation forte demain, les cheminots y verront une sorte de mandat pour pouvoir se mobiliser à partir du 3 avril. Si la mobilisation est peu suivie, ils vont quand même avoir une capacité de nuisance. Mais si la grève n’est pas suivie, elle pourrait également perdre en légitimité.

Entre-t-on dans un printemps social ?

Il est encore tôt pour le dire. Mais s’il y a une forte mobilisation demain, puis ensuite chez Air France, les cheminots seront légitimes pour dire qu’il existe une grogne généralisée et en devenir les représentants. A ce moment-là, il y aura un printemps social compliqué pour le gouvernement. Inversement, il n’y aura pas de printemps social mais un affaiblissement des syndicats en France.

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