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SNCF, fonctionnaires : Macron face à son premier test social d'envergure

Manifestation de cheminots en juin 2014 [Fred DUFOUR / AFP/Archives] Manifestation de cheminots en juin 2014. [Fred DUFOUR / AFP/Archives]

Emmanuel Macron et son gouvernement vont passer jeudi leur plus gros test social, avec des manifestations et grèves dans les transports qui vont éprouver leur capacité à mener à bien leurs réformes, en dépit d'une impopularité grandissante.

En Conseil des ministres mercredi, le chef de l'Etat a demandé «de poursuivre la pédagogie», a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, affichant «une attitude d'écoute mais aussi une très grande détermination à poursuivre les réformes».

Un peu plus de dix mois après son élection, la journée de «manifestation nationale» des cheminots marque pour le chef de l'Etat le prélude à une inédite «grève en pointillés» (deux jours sur cinq) contre la réforme ferroviaire, annoncée entre début avril et fin juin par les syndicats de la SNCF. Ces derniers s'attendent à un cortège d'au moins 25.000 personnes jeudi à Paris.

Quatre ans après le dernier mouvement d'ampleur de 2014, et près d'un quart de siècle après le mouvement historique de 1995 contre les réformes Juppé, la France se prépare, entre télétravail, covoiturage et «cars Macron», à un printemps de perturbations dans les trains.

Les premières indications sur la mobilisation jeudi à la SNCF, que Matignon attend comme «forte», ont été données par la compagnie : rouleront 40% des TGV, 25% des Intercités, la moitié des TER et 30% des trains en Ile-de-France.

Le cortège des cheminots vient s'ajouter à la mobilisation des syndicats de fonctionnaires (hôpitaux, enseignants, contrôleurs aériens...), qui défileront séparément contre la réforme de la fonction publique. Plus de 140 manifestations de fonctionnaires sont annoncées en France.

Après la fronde des gardiens de prison en janvier, au sommet de l'Etat, on oscille entre sérénité et un certain fatalisme. Déterminé à «tenir» face aux grèves, selon la formule employée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

L'Elysée affiche «sérénité et confiance», selon le porte-parole Bruno Roger-Petit, «parce que la politique de transformation du pays menée dans tous les secteurs correspond au vœu profond des Français. Et qu'ils ont confié ce mandat à Emmanuel Macron».

«Nous sommes dans une configuration qui ressemble à celle de la rentrée 2017», lorsque la mobilisation contre la réforme du droit du travail s'était essoufflée au bout de quelques semaines, juge-t-on encore au palais présidentiel.

«Ingérable»

Elisabeth Borne à la sortie du conseil des ministres le 21 mars 2018  [LUDOVIC MARIN / AFP]
Elisabeth Borne à la sortie du conseil des ministres le 21 mars 2018 [LUDOVIC MARIN / AFP]

L'essentiel pour l'exécutif est que la «concertation» avec les syndicats, menée par la ministre des Transports Elisabeth Borne avec l'appui du Premier ministre Edouard Philippe, reste sur de bons rails.

Si les syndicats quittaient la table des négociations, «ça veut dire que leur voix ne portera pas dans l'établissement du projet de loi. C'est tout le paradoxe de leur situation: la concertation doit se poursuivre», observe-t-on à Matignon.

Le gouvernement aborde aussi le mouvement avec l'assurance d'avoir, du moins pour l'instant, l'avantage de l'opinion, échaudée par les fréquents retards et incidents.

«Les syndicats ont compris qu'ils n'avaient pas le soutien de l'opinion et que pour eux le seul moyen c'était de faire peser la responsabilité de la grève sur le gouvernement», analyse un conseiller gouvernemental.

La grève en pointillés peut tout aussi bien être lue comme un signe que les syndicats sont trop affaiblis pour lancer de front une grève totale, mais aussi comme une stratégie redoutable - «ingérable», selon un message interne de la CGT-Cheminots - pour tenir trois mois en limitant l'impact sur les salaires des cheminots.

Au front social va venir s'ajouter la bataille politique, même si l'exécutif peut compter sur sa nette majorité En Marche à l'Assemblée.

Le coup d'envoi du projet de loi «pour un nouveau pacte ferroviaire», que l'exécutif entend mener tambour battant par ordonnances, sera donné à l'Assemblée nationale le 9 avril.

La gauche, souvent divisée, a retrouvé un semblant d'unité avec un appel commun à manifester jeudi d'une douzaine de partis, d'EELV au NPA en passant par le PCF, Generation.s ou la France insoumise, dont le dirigeant Jean-Luc Mélenchon participera au cortège, selon son entourage.

Le PS, tenu à l'écart de cette initiative, sera également mobilisé: son nouveau premier secrétaire Olivier Faure, présent, a appelé les socialistes à la manifestation.

Le Front national de Marine Le Pen «combattra» la réforme de la SNCF, mais sans manifester.

LR «attend de voir» ce que le gouvernement «propose concrètement» pour répondre «point par point» avec «des propositions».

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