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Tarnac : le tribunal balaye les errances de l'enquête par une relaxe quasi-générale

Le chef du groupe dit "de Tarnac" Julien Coupat arrive au procès avec une personne portant le masque du procureur Olivier Christen, le 13 mars 2018 [ALAIN JOCARD / AFP/Archives] Le chef du groupe dit «de Tarnac» Julien Coupat arrive au procès avec une personne portant le masque du procureur Olivier Christen, le 13 mars 2018. [ALAIN JOCARD / AFP/Archives]

Absence de preuves, un groupe présenté comme «une fiction» : le tribunal correctionnel a tiré jeudi le bilan juridique des errances d'une enquête sur le sabotage en 2008 de lignes SNCF en relaxant la quasi-totalité des prévenus du groupe libertaire de Tarnac.

Les principaux prévenus du procès, Julien Coupat, longtemps présenté comme le leader charismatique du groupe d'ultragauche, et son ex-compagne Yildune Lévy, ont notamment été relaxés pour le sabotage d'une ligne SNCF et une association de malfaiteur.

Initialement poursuivis pour terrorisme avant d'être jugés pour des délits de droit commun, ils n'ont au final été reconnus coupables que d'avoir refusé un prélèvement biologique lors de leur première garde à vue mais ont été dispensés de peine.

«L'audience a permis de comprendre que 'le groupe de Tarnac' était une fiction et qu'il avait été regroupé sous cette dénomination des personnes qui ne se connaissaient pas entre elles», a notamment expliqué la présidente Corinne Goetzmann avant de prononcer la relaxe du duo pour association de malfaiteurs.

La magistrate avait auparavant balayé la pièce centrale de l'accusation, un procès-verbal de surveillance qui attestait de la présence du couple, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, stationné dans une voiture en contrebas du lieu du sabotage d'une ligne du TGV-Est.

«Ce PV, dont la valeur probante est ténue, ne démontre pas que Julien Coupat et Yildune Lévy soient les auteurs des dégradations», a expliqué la magistrate.

Selon elle, «rien ne permet d'affirmer que le crochet n'ait pas été posé sur la ligne avant l'arrivée du couple sur le site», a-t-elle expliqué.

Au total, le tribunal a prononcé des relaxes pour la quasi-totalité des huit prévenus, à l'exception de Christophe Becker, condamné notamment pour recel de vols, tentative de falsification de documents administratifs à 4 mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende avec sursis pour son refus de prélèvement d'empreintes et biologique.

«Un château de cartes»

«On n'a eu de cesse depuis 10 ans de dénoncer les méthodes utilisées par les services de police par le parquet et par le juge de instruction et de dire qu'à partir du moment où un tribunal, des magistrats indépendants, examineront attentivement les pièces, ils ne pourront que prononcer la relaxe des mis en cause. C'est ce qui s'est passé», a salué Jérémie Assous, avocat de Julien Coupat, évoquant une "humiliation pour les services antiterroristes».

«Ce sont dix années de procédure qui ont été balayées en trois semaines d'audience. Les prétendues charges du parquet n'ont pas résisté à la réalité des débats», a ajouté Marie Dosé, avocate de Yildune Lévy comparant l'affaire à «un château de cartes politique et policier» qui vient de s'écrouler. «Enfin, dans ce dossier, on a pu faire oeuvre de justice», a-t-elle lancé.

«Pour moi, s'il y a une chose qu'il faut retenir (...) c'est qu'il ne faut jamais lâcher, il ne faut jamais cesser de se battre contre toutes les machines à broyer de l'antiterrorisme jusqu'aux tractopelles à Notre-Dame-des-Landes», a réagi Mme Lévy devant la presse.

Les huit prévenus du dossier, cinq hommes et trois femmes âgés de 31 à 43 ans, ont été jugés pendant trois semaines pour association de malfaiteurs, dégradation d'une ligne SNCF, violences lors d'une manifestation à Vichy, recel de documents volés et refus de se soumettre à un prélèvement biologique. Ces qualifications étaient passibles de cinq ans de prison.

Des peines symboliques allant de 1.000 euros avec sursis à 6 mois de prison ferme, avaient été requises par le parquet pour qui, il fallait «prendre en compte la personnalité» des prévenus et «le temps passé».

«La société n'aurait rien à gagner à ce qu'ils soient condamnés à des peines qui les ramèneraient en prison», avait expliqué le procureur Olivier Christen après avoir défendu un dossier vivement critiqué.

Les avocats de la défense avaient eux plaidé une relaxe générale en demandant notamment au tribunal de refuser d'avaliser «les méthodes» employées par l'antiterrorisme dans ce dossier.

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