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Un vrai casse-tête en Syrie

Alors que Damas a repris la Ghouta, avec l’aide de Moscou, les Etats-Unis et la France menacent d’intervenir.

L’armée a annoncé elle-même la nouvelle, à Moscou. Le drapeau du régime syrien flotte depuis jeudi sur la ville de Douma, ultime bastion rebelle de la Ghouta orientale, en périphérie de Damas. Appuyées par Moscou, les forces de Bachar al-Assad ont en effet repris l’intégralité de l’enclave.

Une victoire décisive pour les forces du pouvoir en place, menacé de représailles par les Etats-Unis et la France après une possible attaque chimique, la semaine dernière. Ces interventions occidentales restent d’actualité, quelles que soient les avancées de Damas sur le terrain.

Un axe Washington-Paris-Londres ?

C’est le président des Etats-Unis, Donald Trump, qui s’est montré le plus offensif, exhortant mercredi, sur Twitter, la Russie à «se tenir prête» à l’envoi de missiles sur les positions du régime. La France a également tenu un discours menaçant, Emmanuel Macron évoquant mardi une attaque «dans les prochains jours», avant d’assurer, hier, détenir des «preuves» que «des armes chimiques avaient été utilisées».

Une accusation soutenue à demi-mot par Berlin, Angela Merkel ayant jugé «évident» que la Syrie n’avait pas détruit la totalité de son arsenal toxique. La Première ministre britannique, Theresa May, a de son côté réuni hier son gouvernement, pour discuter d’éventuelles frappes contre le régime syrien.

C’est donc une action conjointe Washington-Paris-Londres qui semble se dessiner. Une initiative condamnée par Moscou, qui dénonce l’utilisation de la question des armes chimiques comme un «prétexte» à une opération contre les forces de Bachar al-Assad.

De fait, la tension est à son comble entre la Russie, indéfectible allié du régime syrien, et les Occidentaux. Mardi, un triple vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur des textes concurrents russes et américains n’a donné lieu à aucune adoption, et le ton des échanges n’a cessé de s’envenimer depuis lors. La Russie a notamment demandé la tenue, vendredi, d'une nouvelle réunion du Conseil de sécurité. La tension est également extrême entre les Etats-Unis et l’Iran, autre allié du régime syrien, dont la présence dans la région inquiète aussi Israël. L’Etat hébreu pourrait d’ailleurs être à l’origine d’une attaque qui a tué 14 combattants pro-Assad, dont plusieurs Iraniens, lundi.

L’incertitude à son comble

Malgré ce contexte, une intervention occidentale en Syrie reste incertaine. Nuançant ses propres menaces, Donald Trump a indiqué jeudi qu’une telle attaque pourrait avoir lieu «très bientôt, ou pas bientôt du tout». Quant à Emmanuel Macron, il a remis les décisions au moment où elles seront «le plus utiles et le plus efficaces».

A ce stade, rien n’exclut donc que cet épisode ne se termine comme celui d’août 2013, quand Barack Obama avait envisagé une opération, avant de se rétracter. Jusqu’à présent, la seule intervention américaine contre le régime a eu lieu l’an dernier, à l’initiative de Donald Trump, après le bombardement toxique de Khan Cheikhoun.

Quoi qu’il arrive, Bachar al-Assad et son allié russe auront eu les mains libres pour leur assaut contre la Ghouta orientale, qui a tué plus de 1.600 civils depuis son déclenchement le 18 février. Cette opération a suivi un siège de plusieurs années, à l’origine d’une crise humanitaire qu’aucune condamnation de la communauté internationale n’a pu arrêter. Une tragédie de plus dans cette guerre qui a fait près de 400.000 morts en sept ans.

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