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Giscard, De Gaulle, Chirac, Sarkozy : les présidents français devant le Congrès américain

A l'instar de ses prédécesseurs, le président Emmanuel Macron est attendu le 25 avril pour un discours devant le Congrès américain [ERIC FEFERBERG / AFP]

Le discours devant le Congrès américain : un événement symbolique auquel (presque) tous les présidents se sont pliés.

Les deux chambres du parlement américain - chambre des représentants et Sénat - ne se réunissent qu'à de rares occasions : lorsqu'un président nouvellement élu entre en fonction, lorsque se tient le discours annuel sur l'Etat de l'union ou lors de la venue du dirigeant d'un pays allié. 

De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, tous les chefs d'État français, à l'exception de François Hollande lors de sa visite en février 2014, se sont prêtés à cet exercice symbolique et solennel devant le Congrès. Ce rendez-vous, devenu tradition, est à chaque fois l'occasion de renforcer les relations diplomatiques entre Paris et Washington.

1960 : Charles de Gaulle reçu en héros

Charles de Gaulle avait été triomphalement reçu à Washington au printemps 1960, au point de parader dans les rues de la capitale à bord d’une limousine décapotable.

Lors de son discours au Congrès, celui qui dénonça à de multiples reprises l'impérialisme américain, avait rendu hommage à l’histoire commune des deux puissances et insiste sur l'importance de leur amitié dans un contexte de fortes tensions entre l'Est et l'Ouest. 

1970 : L'appel à la paix de Georges Pompidou

A son arrivée, le chef d'Etat français avait été accueilli à Washington par des slogans scandés aux fenêtres de la Maison Blanche : «Lafayette yes ! Pompidou no !». Des manifestants pro-Israël s'étaient alors rassemblés pour dénoncer la récente vente d’avions de chasse français «Mirage» à la Libye.

Lors de son discours devant les parlementaires, Georges Pompidou avait appelé les Etats-Unis, en pleine guerre froide avec l'Union soviétique, à ne pas céder à un conflit ouvert : «L’ampleur des moyens de destruction inventés par la science, le crime contre l’humanité que constituerait une guerre nucléaire, nous impose de faire de la paix notre objectif premier et permanent et puisque vous êtes l’Etat le plus puissant de la Terre, vous en avez, plus que tout autre, la charge».

1976 : L'anglais «compréhensible» de Valéry Giscard d'Estaing

A l’occasion de cette visite, c’est l’arrivée du président français qui avait créé l’événement, bien plus que la venue du dirigeant lui-même. En effet, Valéry Giscard d’Estaing avait foulé le sol américain après un vol de 3h55 à bord du Concorde, quelques jours avant la mise en service de la ligne régulière avec Washington.

Devant le Congrès, et dans un anglais qualifié le lendemain par le Washington Post, de «compréhensible malgré l’accent», «VGE» avait prononcé un vibrant plaidoyer en faveur de la société libérale tout en insistant sur la détente nécessaire entre les Etats-Unis et l’URSS, dans un contexte tendu de guerre froide.

Alors que sa visite coïncidait avec le bicentenaire de la création des Etats-Unis, le chef d’Etat avait également tenté de rassurer son voisin américain sur le processus de construction d’une Europe unie, assurant qu'elle ne représentait en rien une menace.

1984 : Le socialiste François Mitterrand reçu par les conservateurs

Le socialiste est reçu par le républicain conservateur Ronald Reagan dans une rare période d’entente entre l'Est et l'Ouest. Devant le Congrès, François Mitterrand avait fait appel aux parlementaires pour réinstaurer le dialogue avec l'Union soviétique.

Alors que la France était engagée depuis deux ans au sein de la force multinationale d’interposition au Liban, François Mitterrand avait annoncé lors de cette visite le retrait des forces françaises du territoire en proie à une guerre civile, comme les États-Unis un mois plus tôt. 

1996 : Jacques Chirac promeut l'aide au développement

Alors que la France venait d'interrompre ses essais nucléaires, Jacques Chirac a été reçu par le président démocrate Bill Clinton, qui entamait alors son deuxième mandat. Lors de son discours au Congrès, le dirigeant français avait très clairement affiché la volonté de la France de retrouver toute sa place dans l'OTAN, au sein d'une alliance atlantique rénovée, donnant plus d'importance à l'Europe.

En 1966, Charles de Gaulle avait en effet opté pour le retrait du commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique. Le retour de la France dans les hautes sphères de l'organisation sera rendu possible par Nicolas Sarkozy et effectif en 2009. 

Le président Chirac avait également insisté auprès des parlementaires américains sur l’importance de l’aide au développement, «une responsabilité des pays riches devant les plus pauvres».

Comme président, Jacques Chirac a traversé l'Atlantique 12 fois durant ses deux mandats, plus que tout autre dirigeant français.

2007 : L'opération séduction de Nicolas Sarkozy

Lors de sa première visite officielle aux États-Unis, six mois seulement après son élection, Nicolas Sarkozy avait voulu marquer le réchauffement des relations diplomatiques entre Paris et Washington, après une période de froid née de la guerre en Irak.

«La France est l’amie des États-Unis d’Amérique» : Au Capitole, le chef de l’Etat français a fait sa déclaration d’amour, vantant les mérites du rêve américain et de ses icônes – de Marylin Monroe à  Martin Luther King – ce qui lui a valu une standing ovation des parlementaires.

Lors de son discours, Nicolas Sarkozy avait également réitéré le soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan, sa volonté de résoudre le désordre monétaire, et encouragé l'engagement des Etats-Unis dans le changement climatique. 

2018 : une tradition relancée par Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a lui aussi renoué, en 2018, avec une tradition interrompue sous François Hollande. Reçu par Donald Trump du 23 au 25 avril 2018, le président français avait été officiellement invité par le président de la chambre des représentants, Paul Ryan, pour prononcer un discours au Capitole, le 25 avril. «La France est non seulement notre plus ancien allié, mais l'un de nos plus proches», avait-il alors déclaré. 

Le chef d'Etat avait prévu une allocution - en anglais - d'une trentaine de minutes, pour évoquer les «valeurs» et la démocratie. Pendant plus de 50 minutes, il avait livré devant les parlementaires américains une vision du monde diamétralement opposée à celle incarnée par Donald Trump.

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