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Viols : en appel, l'accusé avoue pour cinq victimes rencontrées sur internet

Le verdict est attendu jeudi soir.[PASCAL GUYOT / AFP]

«La vérité, je vous la donne aujourd'hui»: condamné en 2017 pour viols ou agressions sexuelles de 11 femmes rencontrées sur internet, un homme a reconnu en appel mercredi, pour la première fois, avoir imposé une relation sexuelle à cinq de ses victimes présumées.

En début d'audience en appel mercredi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, Willy Désir, 35 ans, ancien militaire originaire de Martinique, tient à évoquer un épisode traumatique qui, dit-il, l'a «cassé». Un jour de décembre 2012, déjà affecté par la mort de sa grand-mère qui l'a en grande partie élevé, il se voit rejeté par sa tante: celle qu'il considère alors comme une mère lui lance qu'il n'est «plus son fils».

«C'était ma seule attache», alors cette phrase, «ça m'a détruit», raconte le jeune homme, délaissé par sa mère après sa naissance et non reconnu par son père. «J'ai quitté la maison, j'ai vécu à droite, à gauche et me suis mis sur (le site de rencontres) Adopte (un mec), j'ai menti (aux filles contactées) pour pouvoir me débrouiller».

Pour la première fois depuis cinq ans, il avoue dans la foulée que «tout ce que disent» les quatre jeunes femmes parties civiles, ainsi qu'une autre victime présumée, «est vrai», et il leur «demande pardon». Pour les préliminaires, elles étaient «d'accord, pas pour le reste», précise-t-il, et «si j'ai nié» jusque-là, «c'est parce que j'avais honte de ce que j'avais fait».

Poussé par la présidente Sophie Clément et par les avocates des parties civiles à préciser ce qu'il avait fait exactement subir à ces jeunes femmes, souvent déjà fragilisées par la vie, le trentenaire s'est montré peu prolixe.

«Et pour les six autres?», l'interroge la présidente. «Non», il ne reconnaît rien. «Je peux pas laisser dire que j'ai violé une personne alors que c'est pas vrai».

Une des avocates des parties civiles fustige une simple «stratégie de défense», destinée à lui éviter une aggravation de sa peine de première instance: 13 ans de réclusion criminelle. 

 Mardi et mercredi, toutes les jeunes femmes appelées à la barre, dont la plus jeune avait 18 ans au moment des faits, ont pourtant décrit un même mode opératoire: une approche insistante de cet homme connu sur un site de rencontres, puis des menaces, parfois des coups quand elles se refusaient à lui, et finalement la contrainte et la sidération devant un homme violent qui «change de visage» quand il est frustré. 

«consentantes»

Crâne rasé et toujours vêtu de sombre, l'accusé, qui a reconnu durant l'instruction avoir besoin d'au moins «un rapport sexuel par jour», leur imposait, disent-elles, une ou plusieurs pénétrations, sans affect ni préservatif. Puis il s'excusait, avant de les raccompagner chez elles, et leur demandait si elles voulaient le revoir.

«Ça, c'est pas banal quand même...», souligne la présidente Sophie Clément. «J'étais perdu, je savais plus ce que je faisais. J'ai été détruit par une seule phrase», a-t-il répliqué, faisant allusion aux propos de sa tante.

«Aviez-vous conscience que ce que vous faisiez était des viols ?», lui demande-t-elle encore. «Sur le coup, non».

Quant aux autres? Soit elles étaient «consentantes», soit «il ne s'est rien passé du tout»  avec elles, selon lui. «La vérité, je vous la donne aujourd'hui», insiste ce père de quatre enfants, dont deux non reconnus.

Et de regretter, devant l'avocat général et les parties civiles, que sa parole n'ait «plus de valeur» à leurs yeux.

«Dénué de perversion» mais «immature» et «intolérant à la frustration» selon un expert psychiatre, il a été reconnu coupable en première instance d'avoir violé au total neuf femmes, parmi lesquelles deux étaient enceintes - dont sa compagne -, d'avoir tenté de violer une dixième victime et agressé sexuellement une onzième.

Le verdict est attendu jeudi soir.

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