En direct
A suivre

Réforme du rail : négociations sur la convention collective, grève en vue en juillet

L'unité de l'intersyndicale s'est désagrégée vendredi au sortir d'une réunion tripartite sur la convention collective nationale du secteur ferroviaire, une concertation qui prend le relais de la réforme de la SNCF adoptée la veille par le Parlement.

Écornant sérieusement l'unité syndicale pourtant encore réaffirmée mercredi, le patron de la CGT Cheminots a annoncé tôt vendredi que son syndicat prolongerait en juillet son appel à la grève, soit au delà de la dernière journée de mobilisation prévue, le 28 juin.

«Pour combien de temps ? On verra. Comment ? On verra. Il n'est pas question de s'arrêter au calendrier, puisque le gouvernement souhaite passer en force», a déclaré Laurent Brun, secrétaire général du premier syndicat de la SNCF sur franceinfo. Quelques heures plus tard, devant le ministère des Transports, il s'est dit «extrêmement» déçu de la table ronde patronat-syndicats-gouvernement qui venait de s'y tenir, parlant de «provocation».

Même tonalité chez SUD rail qui souhaite une poursuite de la grève sur des dates «ciblées» qui «feront sens» dans la négociation en cours.

A l'inverse, l'Unsa et la CFDT sont sorties satisfaites, même si prudentes. Le 2e et 4e syndicats de la SNCF se sont gardés de se prononcer sur la poursuite du mouvement de grève toujours prévu jusqu'au 28 juin.

Les acteurs du rail s'attellent à la convention collective nationale du secteur qui doit être bouclée pour le 1er janvier 2020 [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives]
Les acteurs du rail s'attellent à la convention collective nationale du secteur qui doit être bouclée pour le 1er janvier 2020 [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives]

«Si la SNCF fait un geste et si ce qui nous a été dit est confirmé, nous porterons ces propositions-là à nos équipes, à nos adhérents, qui décideront en toute démocratie et pour ce faire nous avons un conseil national mardi», a déclaré Didier Aubert de la CFDT Cheminot. Relevant «des éléments importants» recueillis à la réunion, Roger Dillenseger (Unsa) a également annoncé qu'il allait les «soumettre» à ses «structures» mardi.

Mais pour tous, la question de l'unité syndicale se pose. «Aujourd'hui, il est un peu hasardeux de parler d'intersyndicale», a reconnu l'Unsa ferroviaire, tandis que la CFDT assurait qu'elle irait «poliment faire le point» à l'intersyndicale programmée lundi. Celle-ci se tiendra «à deux, trois ou quatre», a complété SUD.

«Demandes actées»

Sur le fond, la réunion a permis de jeter les premières bases d'une concertation appelée à durer les 18 prochains mois, et d'acter la création d'un «observatoire du dialogue social», comprenant notamment l'ancien patron de la Poste et de la RATP, Jean-Paul Bailly, chargé de «suivre» les discussions.

Après deux mois et demi de conflit, la rédaction de la nouvelle convention collective du secteur ferroviaire est cruciale pour préparer l'ouverture à la concurrence et pour les salariés qui ne seront plus embauchés au statut à partir de janvier 2020. De gros morceaux sont à négocier : les classifications et rémunérations, les garanties collectives (la prévoyance) et le droit syndical, ainsi que de nouveaux points apparus avec la réforme ferroviaire.

Sur la forme, les syndicats se sont divisés en deux camps, la CGT et SUD Rail reprochant au gouvernement de ne pas vouloir présider cette longue concertation. L'Etat «passe le bébé au patronat du ferroviaire et aux organisations syndicales», a résumé Erik Meyer (SUD).

La CFDT a de son côté critiqué le rôle de la direction de la SNCF, estimant qu'elle «n'aura guère bougé dans cette affaire, si ce n'est d'être spectatrice» et «d'avoir mis de l'huile sur le feu» sur la question du non-paiement des jours de repos.

Au delà, l'Unsa a dit avoir «un a priori favorable» et a jugé la position tenue par l'Union des transports publics et ferroviaires, le patronat du secteur, «plutôt positive». Il y a «des demandes qui ont été actées», a ajouté la CFDT, qui attend néanmoins un relevé de conclusion écrit et «un geste important de la SNCF».

Reconnaissant que ces deux syndicats étaient «prêts à ouvrir ce dialogue» contrairement aux deux autres, le président de l'UTP, Thierry Mallet, a souligné que la branche «propose une convention collective de haut niveau». Elle s'y était engagée fin mai mais avait alors prévenu qu'elle refusait de calquer ce nouveau cadre sur le statut actuel de cheminot.

Pour la ministre des Transports Élisabeth Borne également, «l'UTP a pu faire des avancées depuis le document qu'elle a présenté le 24 mai dernier». «Je pense qu'on a des convergences avec certaines organisations syndicales», a-t-elle ajouté, se disant «confiante sur la façon dont cette négociation de branche va se dérouler dans les 18 prochains mois».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités