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Abaissement de la vitesse à 80km/h : la France prête à lever le pied ?

Destiné à faire baisser la mortalité routière, le changement de limitation est toujours loin de faire l’unanimité. [SEBASTIEN BOZON / AFP].

Une route semée d’embûches. Promis par Emmanuel Macron, l’abaissement de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires, de 90 km/h à 80 km/h, entrera en vigueur dimanche 1er juillet.

Son but : tenter d’inverser la courbe de la mortalité routière, qui est repartie à la hausse depuis 2013.

Mais à une semaine de sa mise en œuvre, la mesure suscite un vif débat, les opposants tentant jusqu’au bout de faire fléchir le gouvernement.

Des obstacles divers

Ils sont plus de trois Français sur quatre (76 %) à être opposés à la réforme, selon un récent sondage BVA. Parmi les premiers arguments mis en avant par les réfractaires, figure la crainte de voir les temps de trajets rallongés.

Une inquiétude partagée par de nombreux élus locaux, qui dénoncent un changement aux conséquences néfastes pour leur territoire.

Dès le mois de mars, une trentaine de présidents de département avaient ainsi écrit directement au Premier ministre Edouard Philippe, qui porte personnellement la réforme depuis janvier.

Ils réclamaient une application «au cas par cas dans des zones où la voiture est souvent le seul moyen de se rendre au travail».

Pas plus tard que la semaine dernière, une trentaine de parlementaires centristes a par ailleurs déposé un recours devant le Conseil d’Etat, dénonçant un «excès de pouvoir». Une procédure emblématique du climat de défiance actuel.

D’autant plus que, selon Pierre Chasseray, président de l’association 40 millions d’automobilistes, le changement de limitation n’aura pas d’effet sur la mortalité.

Il pourrait même, selon lui, être davantage «accidentogène», car il y a moins de dépassements dangereux lors­que la limite est plus élevée.

A ces barrières idéologiques s’ajoutent des obstacles logistiques. Le changement de limitation de vitesse implique en effet de remplacer les 11.000 panneaux de signalisation concernés sur le territoire.

Le coût, au total, est estimé entre 6 et 12 millions d’euros. Car si, en moyenne, un panneau vaut entre 80 et 350 euros, il faut y ajouter la main-d’œuvre, la pose des nouveaux et le retrait des anciens «90».

L’Etat a promis de rembourser aux collectivités les travaux entrepris, mais tout le monde n’est pas convaincu, à l’image des départements du Gers et de la Creuse.

Ce dernier a d’ailleurs indiqué, mercredi, qu’il ne ferait rien pour se conformer à la nouvelle législation.

L’Etat veut aller au bout

Les autorités, pourtant, restent déterminées et jouent la carte de la pédagogie.

Alors que plus de la moitié des accidents mortels (avec 3.448 tués en 2017, ndlr) ont lieu sur les 466.000 km de routes nationales et départementales concernées, il a lancé, dimanche 24  juin, à la télévision, une vaste campagne de communication.

Intitulée «13 mètres», elle fait référence à la distance de freinage gagnée grâce à l’abaissement de la vitesse. De quoi sauver entre 350 et 400 vies par an, selon l’Etat.

Quant au temps perdu, il ne serait que d’1 minute et 32 secondes pour 40 km parcourus.

Les réticences seraient ainsi surtout d’ordre psychologique pour Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière.

«Les Français respecteront la mesure car ils vont se rendre compte qu’elle est réellement efficace», assure-t-elle. 

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