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Tout savoir sur Christine Rivière, alias «Mamie jihad», partie trois fois en Syrie

Christine Rivière, lors du premier jour de son procès en appel, en juin 2018.[Benoit PEYRUCQ / AFP]

La Cour d’appel de Paris a condamné, mardi 3 juillet, Christine Rivière à dix ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste et financement du terrorisme. Initialement totalement étrangère à l’Islam, elle s’est convertie par amour pour son fils.

« La peine était trop élevée », avait jugé Christine Rivière, à l’issue de sa condamnation en octobre 2017 pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Surnommée « Mamie jihad », la Champenoise a de nouveau été condamnée à dix ans de prison, assortis d’une peine de sûreté de deux tiers, ce à quoi la Cour d’appel de Paris a ajouté ce mardi 3 juillet financement de terrorisme.

Mère d’un des premiers français partis en Syrie

A 52 ans, Christine Rivière est la doyenne des personnes revenues de Syrie. Son fils, Tyler Vilus, est l’un des premiers français radicalisés à avoir rejoint la Syrie en mars 2013, à l’âge de 21 ans. Dès 2011, le jeune homme avait embrassé la mouvance jihadiste et rejoint la Tunisie. Cette année-là, sa mère le rejoint en Tunisie, se convertit à son tour à l’Islam et adhère aux convictions très radicales de son fils.

Arrestation en 2014

En septembre 2012, Tyler participe au saccage de l’ambassade américaine de Tunis. Il gagne la Syrie un an plus tard et devient « émir » de Daesh, responsable d’un groupe de combattants francophones. C’est là qu’elle s'y rend pour la première fois, à l’été 2013. Elle y retourne en décembre de la même année puis en avril 2014, au point d’envisager de s’y installer. Elle est finalement arrêtée en juillet 2014, alors qu’elle repart vers la Syrie « pour profiter pleinement de [son] fils jusqu’à ce qu’il soit mort ».

Lors de ses différents voyages, Christiane Rivière ne se contente pas de rester paisiblement chez elle. Après avoir fouillé son matériel informatique, les enquêteurs tombent sur des photos d’elle, armée d’une kalachnikov, ce à quoi elle répond : « Je porte une kalachnikov pour me défendre, comme tout le monde là-bas, j’envoie de l’argent à mon fils, ça aussi, c’est normal. » Lors de son audition, Le Monde rapporte qu'elle répond aux enquêteurs : « Ici on prend des photos à la plage. Là-bas il y avait des armes : je prenais des photos avec des armes. »

Recrutements sur internet

Entre deux voyages en Syrie, la Troyenne s’occupe des relations amoureuses de son fils, recrutant ses futures conquêtes sur Facebook. La première est une Canadienne que Christine Rivière convainc de partir en Syrie. La seconde, une Belgo-Tunisienne de 25 ans.

« Je suis utile en France », disait-elle à son fils Tyler en décembre 2013. Une utilité dénoncée par l’avocate générale ce mardi : « Elle était utile pour recruter des candidates au jihad, utile pour marier son fils avec des ‘vraies sœurs’, utile pour fournir de la logistique à un certain nombre de jihadistes, utile pour collecter des fonds.»

Une femme d’origine modeste

Christine Rivière est issue d’une famille de forains. Elle a quitté l’école à l’âge de 16 ans pour travailler à l’usine. Déjà maman d’un enfant, Leroy, elle rencontre Roland Vilus, un prêtre évangéliste, avec qui elle a un deuxième enfant, Tyler. Peu de temps après, le père quitte le foyer familial et Christine Rivière élève ses enfants seule.

A l’issue de la première instance en octobre 2017, le fils aîné de Christine Rivière, Leroy, défendait sa mère sur France 3 : « C’est n’est pas du tout une terroriste. C’est une mère de famille qui s’est perdue dans l’amour. Et par amour, on est souvent aveuglé… »

« Il y avait une dimension psychiatrique et psychologique qu'on aurait voulu faire entendre, mais ces arguments ont été balayés », a déploré son avocat, Thomas Klotz, à la sortie de l'audience.

De son côté, Tyler Vilus a été extradé de la Turquie vers la France en 2015. Il est désormais en détention provisoire.

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