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Edouard Philippe confirme la création d'un parquet national antiterroriste

Edouard Philippe a confirmé vendredi la création d'un parquet national antiterroriste pour faire face à la menace terroriste en France, en dépit des critiques de nombreux magistrats. Le Premier ministre a également annoncé la création d'une «cellule spécifique» afin de suivre, à leur sortie de prison, les détenus terroristes ou radicalisés.

Cette cellule sera placée au sein de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT) et associera le renseignement pénitentiaire, a précisé le Premier ministre lors d'un discours au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Environ 450 détenus terroristes ou radicalisés devraient être libérés d'ici fin 2019, a encore indiqué M. Philippe en dévoilant le nouveau plan de lutte contre le terrorisme.

La lutte antiterroriste était jusque-là confiée à une section du parquet de Paris. Mais «nous considérons ensemble qu'il est désormais nécessaire de permettre à un procureur de se consacrer à temps plein à la lutte antiterroriste», a estimé le Premier ministre lors d'un discours au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Le nouveau plan antiterroriste de Matignon se déploiera sur fond d'évolution de la menace terroriste, devenue endogène, et d'inquiétudes autour des «sortants», les détenus condamnés pour des faits de terrorisme ou radicalisés en prison et qui doivent sortir de détention.

Ce plan d'une trentaine de mesures complètera le dispositif de prévention de la radicalisation présenté le 23 février à Lille. Centré sur les prisons, il balayait un large spectre avec notamment des mesures ciblant l'éducation, les services publics et internet.

Une source élyséenne avait estimé en mai que, d'ici fin 2019, 10% des condamnés pour terrorisme et près d'un tiers des détenus de droit commun radicalisés sortiraient de détention, soit environ 450 personnes.

Hommage au colonel Arnaud Beltrame, mort en héros lors d'une attaque terroriste le 23 mars 2018 à Trèbles, à Paris le 28 mars 2018 [BERTRAND GUAY / AFP/Archives]
Hommage au colonel Arnaud Beltrame, mort en héros lors d'une attaque terroriste le 23 mars 2018 à Trèbles, à Paris le 28 mars 2018 [BERTRAND GUAY / AFP/Archives]

La France a été frappée en 2018 à deux reprises par des attaques terroristes revendiquées par l'organisation jihadiste Etat islamique, coûtant la vie à cinq personnes, le 23 mars à Carcassonne et Trèbes (Aude) puis le 12 mai à Paris.

Depuis 2015, 246 personnes ont été tuées dans des attentats sur le territoire français.

«Travail d'une génération»

Ce nouveau plan antiterroriste constitue le troisième exercice du genre de la période récente, après le plan de lutte antiterroriste (PLAT) du 29 avril 2014 et le plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme (PART) du 9 mai 2016, sous le quinquennat Hollande.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus d'un an, le nouvel exécutif a à son tour renforcé l'arsenal antiterroriste, avec notamment la loi controversée renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT) promulguée à l'automne 2017.

Dans un rapport rendu public mardi, une commission d'enquête du Sénat a crédité les pouvoirs publics d'avoir renforcé la politique de lutte contre la menace terroriste, mais en s'inquiétant «de réelles insuffisances».

Parmi les préconisations : une lutte plus résolue contre le «radicalisme musulman» et le salafisme, considéré comme un «danger», ou encore l'accès des maires au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), qui contient environ 20.000 noms.

Mais cette dernière proposition, envisagée par Emmanuel Macron dans un discours prononcé fin mai, avait fait grincer des dents dans les services et même suscité l'opposition de la garde des Sceaux.

«On ne s'en sortira pas uniquement avec des services de force ou de renseignement mais en mobilisant aussi la société civile et la société toute entière», avait-t-on commenté à l'Elysée.

Dans son discours devant le Congrès lundi, le chef de l'Etat a estimé que la lutte contre le terrorisme était le «travail d'une génération» à poursuivre «sans fébrilité et sans relâche».

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