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Affaire Benalla : les politiques réagissent

Un collaborateur d'Emmanuel Macron, responsable de sa sécurité durant la campagne présidentielle, s'en serait pris à un jeune homme à terre pendant une manifestation place de la Contrescarpe, le 1er mai dernier. Les réactions des politiques n'ont pas tardé à affluer. Jean-Luc Mélenchon a annoncé, dans la soirée, sa volonté de proposer une «motion de censure» contre le gouvernement.

Le secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires Julien Denormandie a indiqué jeudi que des sanctions avaient été prises face au comportement «inacceptable» du collaborateur d'Emmanuel Macron, qui a été suspendu de ses fonctions pour deux semaines après cette agression, puis muté à des fonctions administratives à l'Elysée.

«Une personne a eu un comportement inacceptable des sanctions ont été prises. Elles ont été prises immédiatement, (...) à savoir une mise à pied et un changement de fonctions», a expliqué M. Denormandie, interrogé sur France Inter.

Le Monde, dont l'article est accompagné d'une vidéo de l'incident, affirme qu'«Alexandre Benalla, un proche conseiller du président de la République (...) équipé d'un casque à visière des forces de l'ordre alors qu'il n'est pas policier, s'en est pris à un jeune homme à terre pendant une manifestation qui se tenait place de la Contrescarpe, à Paris».

Emmanuel Macron a réclamé «des sanctions», et son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, lui a infligé «une simple suspension temporaire, du 4 au 19 mai», le menaçant de licenciement en cas de nouvel écart, indique le quotidien.

Une « affaire très grave», selon Olivier Faure

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a quant à lui estimé que l'homme devait «être redevable devant la justice». «C'est une affaire très grave», a réagi Olivier Faure sur France 2. «On ne peut pas vouloir une République exemplaire et considérer que quand c'est un collaborateur du président de la République, il n'a pas lui à répondre des mêmes règles que n'importe quel Français», a-t-il déclaré.

«Je souhaite que cette affaire soit tirée au clair (...). On doit saisir le procureur de la République et faire en sorte que ce monsieur puisse être redevable devant la justice», a-t-il affirmé, souhaitant «qu'il y ait une sanction aussi» au sein du cabinet lui-même.

«Il n'est pas imaginable qu'un directeur de cabinet qui connaît parfaitement le droit et qui doit être exemplaire (...) donne le sentiment qu'il y a deux Républiques (...), deux poids deux mesures, c'est ce sentiment là que les Français ne veulent plus ressentir», a poursuivi M. Faure.

Laurent Saint-Martin «profondément choqué»

Le député LREM Laurent Saint-Martin a estimé jeudi que le collaborateur d'Emmanuel Macron filmé en train de frapper un manifestant le 1er-Mai ne devait «plus travailler à l'Elysée» car «il a failli», tout en estimant que l'Elysée a eu le «bon réflexe» en le rétrogradant rapidement.

«Mon avis personnel c'est qu'après des faits comme cela on ne peut plus travailler pour le président de la République, on ne peut plus travailler à l'Elysée tout court», et il faut «prouver qu'il n'y a pas de république intouchable», a réagi M. Saint-Martin sur CNews.

Il s'est dit «d'abord sidéré puis finalement profondément choqué car quand on est collaborateur à l'Elysée, quel que soit son rang protocolaire, on représente l'Etat, on a une certaine responsabilité vis-à-vis de tous les Français. Donc par rapport à ça, l'exemplarité doit être irréprochable», et «ce qui s'est passé là est tout simplement inadmissible : il doit y avoir des sanctions».

Ce collaborateur «devait être là en observation, il a effectivement utilisé un casque de policier pour frapper des manifestants, il n'en avait absolument pas le droit, il a failli», a-t-il poursuivi.

Néanmoins, «la gestion» par l'Elysée selon lui «a été bonne puisque le réflexe immédiat a été de retirer les fonctions précédentes de la personne et de le rétrograder administrativement», a estimé Laurent Saint-Martin, par ailleurs vice-président de la commission des finances à l'Assemblée nationale.

Et, a-t-il jugé, «ce n'est pas au président de s'occuper de la gestion du cabinet, il y a un directeur de cabinet (...) Ce n'est pas au président de faire du micromanagement au sein du palais de l'Elysée».

Emmanuel Macron était en voyage en Australie lors des faits, il «a eu un très bon réflexe et a demandé si les faits étaient avérés, et si les faits étaient avérés alors il a demandé des sanctions», a rapporté Laurent Saint-Martin.

Laurent Wauquiez monte au créneau

Le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez a sommé jeudi Emmanuel Macron de «s'exprimer» et «faire la lumière» sur cette affaire, demandant notamment s'il y a eu «des manoeuvres pour étouffer cette affaire».

«Aujourd'hui on attend une réponse du président de la République», a déclaré M. Wauquiez sur Europe 1, jugeant la vidéo de l'incident «choquante» et «qui pose des questions».

«Il est évident qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer et faire la lumière sur ces faits avec principalement deux questions qu'on peut se poser», a-t-il affirmé. 

«D'abord, comment se fait-il que l'un de ses proches collaborateurs, qui était le chef de sa sécurité pendant sa campagne, qui est chef de cabinet adjoint, se retrouve, vraisemblablement avec une usurpation d'identité, dans une manifestation avec du matériel de police. Qui était au courant ?», a-t-il développé. «La deuxième question c'est : y a t-il eu des manoeuvres pour étouffer cette affaire ?», a-t-il poursuivi. «Je pose la question et j'attends des réponses comme beaucoup d'autres Français».

«Quand on est à l'Elysée on doit montrer l'exemple et aujourd'hui le sentiment qu'on a, c'est qu'à l'Elysée on se croit au-dessus de tout, c'est au fond ça la question qui est posée derrière cette affaire et c'est à cette question qu'on attend des réponses», a déclaré Laurent Wauquiez.

Mélenchon propose une «motion de censure» contre le gouvernement

Le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé sur Twitter sa volonté de proposer une motion de censure contre le gouvernement.

«Puisque le gouvernement ne vient pas s'expliquer devant l'Assemblée, la France Insoumise propose une motion de censure du gouvernement», a écrit le député de la 4 e circonscription des Bouches-du-Rhône.

Pour pouvoir être déposée, une telle motion devrait réunir 58 signatures. Le groupe des députés Insoumis n'en compte que 17. Samedi, dans un entretien accordé au Monde, l'élu a estimé que cette affaire était «du niveau du Watergate». «Le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire en sa parole. Bien sûr qu’il va démissionner et il ne sera pas le seul», a-t-il affirmé au sujet de Gérard Collomb.

Une «tentation de polices parallèles», pour Marine Le Pen

Dans une vidéo au ton très solennel, Marine Le Pen a déclaré que «les pratiques de l'Elysée semblent mettre en lumière la tentation de polices parallèles agissant en dehors de tout cadre légal». «La question politique porte sur les conditions dans lesquelles ces actes ont été rendus possibles, comment, pourquoi et par qui ils ont été couverts et enfin ce qu'ils révèlent de la nature du pouvoir», a souligné la dirigeante du Rassemblement national.

«Cette affaire révèle qu'Emmanuel Macron n'a pas simplement oublié d'incarner la fonction présidentielle mais que le pouvoir qu'il décrivait lui-même comme jupitérien semble s'affranchir des valeurs sur lesquelles repose notre République», a affirmé Marine Le Pen. Selon elle, «ces personnes (M. Benalla et Vincent Crase) ont visiblement bénéficié de protections illégitimes voire illégales de la part d'agents publics». «Le ministère de l'Intérieur, au courant de ces faits, s'est gardé d'y donner les suites juridiques et judiciaires qu'ils exigeaient» et «les services de sécurité officiels de l'Elysée ne pouvaient ignorer les fonctions particulières de ces collaborateurs, venus d'on ne sait où et qui bénéficiaient de privilèges inexplicables», fait valoir la finaliste de la dernière élection présidentielle.

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