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Oise : une fête honorant la vertu des jeunes femmes fait polémique

«Louis XVIII couronne la rosière de Mittau», tableau de Jean-Charles Tardieu.[Domaine public]

Alors que la «fête de la Rosière», qui récompense une jeune fille «vertueuse» devait faire son retour dans la ville de Salency (Oise), en 2019, une polémique pourrait bien tout remettre en question.

Le retour de cette fête, qui attribue une couronne de roses à une jeune fille vertueuse, était prévu pour le mois de juin 2019, dans cette petite commune de l’Oise, à l’initative de Bertrand Tribout, président de la Confrérie de Saint-Médard, une association sans «caractère religieux» selon Franceinfo.

«Cette fête a été initiée au Ve siècle par Saint Médard, originaire de Salency. Il a décidé d’encourager la vertu sur ses terres, et donc de couronner, chaque année, une jeune femme que l’on jugeait "parée de toutes les vertus"», raconte-t-il à nos confrères.

Une initiative qui se heurte à de nombreuses réactions choquées, sur les réseaux sociaux mais aussi au sein de Salency. Ainsi, beaucoup s’émeuvent de l’emploi du mot vertu, qui renvoie souvent dans l’imaginaire à la notion de virginité. «Je ne vois pas pourquoi cela choquerait : la pureté des jeunes filles n’est pas répréhensible ! Ce n’est pas quelque chose de repoussant», martèle Bertrand Tribout, qui assure vouloir «célébrer la vraie probité de la jeune femme, le fait qu’elle soit gentille avec sa famille et ses proches, qu’elle soit prête à aider les autres». À ses yeux, cette tradition «fait la spécificité» de Salency, «il serait dommage de ne pas la conserver».

Bertrand Tribourd assure que des jeunes filles étaient d’ores et déjà volontaires pour concourir. Notamment Camille, 18 ans, fille de la dernière «Rosière», en 1987. «Cela me tenait à cœur de participer à mon tour à cette célébration», explique-t-elle à nos confrères, avant d’ajouter qu’a ses yeux, «la vertu n’est pas forcément le fait d’être vierge. C’est simplement la volonté de faire le bien, et d’éloigner le mal».

Une fête «rétrograde et sexiste»

Pourtant, la tenue de cette fête semble désormais compromise. Le maire (sans étiquette) de la ville, Hervé Deplanque, avait donné son autorisation à son organisation, en dépit du fait qu’il jugeait «rétrograde et sexiste». Aujourd’hui, il confie ne plus dormir «depuis deux jours», en raison de «centaines de mails», notamment «des messages d’associations féministes, qui me partagent leur sentiment d’indignation».

«Nous nous étions engagés de loin pour subventionner la Confrérie de Saint-Médard, comme nous aurions pu subventionner n’importe quelle association», explique-t-il, alors que la municipalité avait accepté de participer, à hauteur de 1.800 euros à l’organisation de la fête.

Il envisage désormais de tout annuler. «Ce qui me dérange, c’est que j’ai l’impression que l’image de ma commune est salie par cette fête. Je me doutais que cela ferait jaser, mais pas à ce point-là», argumente-t-il. «Je n’ai pas peur de la réaction des habitants si je finis par l’annuler», assure le maire. Et pour cause : selon lui, près de 70% des habitants de Salency seraient contre l’organisation de cette fête.

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