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Rentrée : les 8 dossiers chauds d'Emmanuel Macron

Après deux semaines de vacances au fort de Brégançon (Var), l'heure de la rentrée a sonné pour Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat doit en effet réunir, ce mercredi 22 août, un très attendu conseil des ministres où les dossiers chauds ne vont pas manquer. 

La réforme des retraites

Promesse de campagne du président de la République, la réforme des retraites devrait ainsi se placer en tête des dossiers brûlants de cette rentrée 2018, tant le sujet est épineux pour ne pas dire explosif.

Après huit mois de concertation avec les partenaires sociaux, Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire en charge de la réforme, doit en effet entrer dans le vif des discussions en septembre.

Avec au moins deux sujets sensibles au menu : la fin des régimes spéciaux, comme ceux de la SNCF, accompagnée d'une mise en place d'un système universel qui signerait la disparition de 42 caisses de retraite différentes, et la remise en cause de l'âge de départ anticipé de certains fonctionnaires.

Concrètement, un régime de retraite universel, avec un système de cotisation par points indexé sur le revenu, signifierait que tous les actifs, qu'ils soient fonctionnaires ou salariés du privé, bénéficieraient du même mode de calcul de leur pension.

Terminés donc les 6 derniers mois dans la fonction publique et les 25 meilleures années dans le privé. 

Edouard Philippe n'a cessé de marteler que «l'impératif, c'est d'équilibrer le financement des retraites» tout en assurant que les fondamentaux demeureront : il devrait ainsi s'agir d'un système par répartition, dans lequel les actifs paient pour ceux qui sont à la retraite.

Une équation qui n'en reste pas moins compliquée alors que pour faire face au choc démographique du vieillissement de la population, les régimes de retraite français sont en réforme permanente depuis un quart de siècle.

En attendant que la nouvelle révision se précise, la loi ne devant en effet pas être présentée avant le début de l'année 2019 pour être votée sûrement après les élections européennes, une grande consultation citoyenne est organisée jusqu'au 25 octobre via la plateforme internet (participez.reforme-retraite.gouv.fr).

La réforme de l'assurance chômage

L'autre grande réforme à laquelle Emmanuel Macron doit s'atteler est celle de l'assurance chômage, dont la dette est à ce jour de 35 milliards d'euros.

A cet égard, les partenaires sociaux, à la demande du gouvernement, vont renégocier de nouvelles règles alors que l'exécutif souhaite voir instaurer un système de bonus-malus sur les cotisations patronales afin de pénaliser les entreprises abusant des contrats courts. 

Dans le même temps, le gouvernement souhaite aussi que les partenaires sociaux se penchent à nouveau sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi en activité réduite et des chômeurs de longue durée.

En ce sens, une concertation doit débuter fin août avec le gouvernement pour fixer le cadre de la négociation, laquelle devrait se tenir entre cet automne et le mois de février 2019.

Car si le gouvernement veut limiter les pertes de l'Unedic, l'organisme en charge de la gestion de l'Assurance chômage en France, aucune piste n'a jusqu'ici été dégagée. Les négociations à venir vont donc être décisives. 

Le plan anti pauvreté

Plusieurs fois annoncé et reporté, notamment après un couac retentissant en juillet, pour cause de coupe du monde de football, le plan de lutte contre la pauvreté devrait finalement être présenté le 15 septembre prochain. 

Des mesures très attendues après la sortie du chef de l’Etat, où dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par sa conseillère en communication, Sibeth N'Diaye, Emmanuel Macron avait affirmé «qu'on mettait un pognon de dingue dans les minima sociaux».

Censé entré en vigueur au 1er janvier 2019, ce plan devrait notamment inclure la création d'un nouveau dispositif d'accompagnement pour les jeunes de 18 à 25 ans, qui sortent de l'Aide sociale à l'enfance à leur majorité et qui, faute de pouvoir prétendre au RSA, représentent un quart des SDF.

Pour lutter contre le décrochage scolaire, la période de formation obligatoire devrait également être allongée de 16 à 18 ans. En ce sens, un fonds d'investissement social devrait être mis en place et abondé de plusieurs millions d'euros.

Le «versement social unique», à savoir le versement automatique de toutes les prestations sociales le même jour du mois, devrait lui aussi être détaillé. 

Enfin, parmi les mesures attendues, devraient également figurer l'instauration par exemple d'un petit-déjeuner gratuit dans les écoles prioritaire, ainsi qu'un bonus financier pour les crèches accueillant des enfants défavorisés.

L'enjeu est de taille pour Emmanuel Macron, souvent taxé de «président des riches», alors que neuf millions de personnes vivent, en France, en dessous du seuil de pauvreté.

La réforme de l'hôpital et du système de santé

Attendue pour le printemps puis reportée à l'automne, la réforme portant sur la transformation de l'hôpital et du système de santé est elle aussi très attendue puisque censée apporter des réponses au malaise des soignants et au déficit chronique des hôpitaux.

En février, le gouvernement avait identifié «cinq grands chantiers» prioritaires que sont la qualité et la pertinence des soins, le financement des hôpitaux, la formation et qualité de vie au travail des professionnels de santé, ainsi que le virage numérique et l'organisation territoriale des soins.

Pour désengorger les hôpitaux, Agnès Buzyn, en charge du dossier, envisagerait notamment de s'appuyer davantage sur la médecine de ville et la prévention.

Dans le même temps, alors que l'objectif est aussi de réaliser quinze milliards d'euros d'économies sur le quinquennat, le gouvernement souhaiterait réduire la tarification à l'activité (T2A) des hôpitaux et faire la chasse aux actes médicaux «inutiles».

La réforme du système de santé, ne prévoirait, en revanche «aucune fermeture d’un hôpital de proximité», a assuré, mardi 21 août, la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur France Info.

A noter également que, dans une interview au JDD, le 12 août dernier, Agnès Buzyn avait par ailleurs confirmé que l'Etat réfléchissait à faire prendre en charge les arrêts maladie de courte durée - entre le quatrième et le septième jour d'absence - par les patrons et non plus par l'assurance-maladie.

La «transformation» de la fonction publique

La concertation sur la réforme de la fonction publique entre le gouvernement et les syndicats de fonctionnaires doit reprendre en septembre en vue de l'élaboration d'un projet de loi au premier semestre 2019.

Du côté de l'exécutif, cette négociation vise à accompagner «la transformation de l'action publique», en apportant plus de «souplesse» dans la gestion des agents. 

Le gouvernement souhaiterait notamment créer un «contrat de mission» de six ans maximum et a aussi évoqué l'idée d'un élargissement du recours aux contractuels pour les «emplois permanents des catégories B et C».

Autant de pistes vues par les syndicats comme une «attaque» contre le statut de fonctionnaire.

La loi agriculture et alimentation à nouveau examinée

Le projet de loi agriculture et alimentation, dit «Egalim» et qui vise à améliorer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agro-alimentaire, a été examiné par le Parlement jusqu'à la fin du mois de juillet.

Mais alors que le texte doit être à nouveau examiné dès le 12 septembre, la Confédération paysanne, a estimé que le projet de loi, issu des États généraux de l'alimentation, est insuffisant.

Le syndicat note en effet «quelques avancées», notamment sur la rémunération des agriculteurs, mais estime que «l'on est encore loin du compte parce qu'on bute sur la logique libérale de ce gouvernement et la logique libérale de l'Europe».

L'organisation plaide pour l'instauration d'un «prix minimum d'entrée» sur le marché français pour lutter contre les distorsions de concurrence.

La réforme constitutionnelle

Alors que les députés avaient commencé en juillet à plancher sur le projet de réforme constitutionnelle présenté par le gouvernement, l'examen du texte a dû être repoussé à la rentrée à cause de l'affaire Benalla, mais sans date précise.

La principale difficulté du gouvernement sera surtout de trouver une date dans un agenda de l’Assemblée déjà surchargé sans compter qu'il faudra, ensuite, réussir à venir à bout du marathon législatif annoncé.

Plusieurs articles, comme la diminution de 30 % du nombre de parlementaires ou la maîtrise accrue de l’ordre du jour par l’exécutif, sont en effet farouchement contestés par l’opposition.

Le projet de loi Pacte

Autre serpent de mer du gouvernement depuis près d’un an, le «plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises», ou projet de loi Pacte, doit, lui aussi, revenir sur le devant de la scène à la rentrée.

Le texte, porté par Bruno Le Maire, devait être soumis au gouvernement en avril dernier mais a dû être reporté pour cause de calendrier parlementaire surchargé et d'hésitations sur certaines mesures-clés, comme les privatisations.

Après avoir été présenté en Conseil des ministres le 18 juin, l’examen de la loi Pacte est ainsi prévu pour la rentrée mais le ministre de l'Economie n’a pas exclu un nouveau report, là encore en raison de l’affaire Benalla.

Les protagonistes de l'affaire Benalla [Maryam EL HAMOUCHI / AFP]

[Maryam EL HAMOUCHI / AFP]

Pour rappel, juste avant la trêve estivale, un scandale autour de ce responsable de la sécurité du président Macron, filmé avec un casque de policier en train de maîtriser brutalement un manifestant, avait particulièrement choqué les Français et déchaîné les critiques de l'opposition.

La manière dont Emmanuel Macron a géré ce qui restera comme étant «l'affaire Benalla» a ainsi écorné sa popularité, tombée à 27 % d'opinions favorables, selon un sondage YouGov publié début août.

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