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L'Etat en soutien des victimes des attentats

Le président a fait plusieurs annonces, qui consacreront le devoir de mémoire et aideront les individus en souffrance.

«Nous ne nous habituerons pas.» C’est avec une émotion palpable qu’Emmanuel Macron a rendu hommage, hier dans les jardins des Invalides, à Paris, aux victimes du terrorisme et à leurs proches. A ce jour, pas moins de 246 vies ont été fauchées sur le territoire depuis janvier 2015 et le début d’une vague d’attentats jihadistes sans précédent.

Depuis son élection, le chef de l’Etat s’était déjà adressé à la population à de multiples reprises, que ce soit au moment de la cérémonie à Nice du 14 juillet 2017 ou de l’hommage national au colonel Arnaud Beltrame en mars, en passant par les commémorations du 13 novembre. Mais cette fois-ci, à l’occasion de la cérémonie organisée par l’Association des victimes du terrorisme et la Fédération des victimes d’attentats et accidents collectifs, l’Elysée a décidé d’aller plus loin dans les actes.

Des victimes mieux épaulées

C’est d’abord en consacrant le devoir de mémoire que l’Etat entend venir en aide aux victimes. Ainsi, devrait bientôt être mis en chantier, à Paris, un musée-mémorial, à mi-chemin entre un lieu de recueillement et un espace de recherche historique. Par ailleurs, un «Centre national de ressources et de résilience» (CNRR) pourrait voir le jour d’ici à la fin de l’année, afin d’améliorer la prise en charge des victimes, quelle que soit l’origine de leur traumatisme. Il sera intégré aux unités spécialisées qui œuvrent déjà dans les hôpitaux.

Et c’est sans compter une possible révision des programmes scolaires pour faire aborder aux élèves la question des attentats, ainsi que la création prochaine d’une journée nationale de commémoration (dont la date n’a pas encore été fixée). Des actes de reconnaissance essentiels, selon l’ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, car «au-delà de la prévention et de la répression des attaques, il y a des victimes qui ont le sentiment d’avoir été délaissées par l’Etat, abandonnées à leur douleur».

A cela s’ajouteraient des aides plus matérielles, en particulier sur le plan judiciaire. Ainsi, les victimes françaises à l’étranger souhaitant assister à un procès hors de nos frontières pourraient, par exemple, voir leurs frais de déplacement payés par l’Etat, tandis qu’en France, les principaux procès pour terrorisme pourraient désormais être filmés. «Cela permettrait aux victimes de mieux faire leur travail de deuil», avance Jean-Louis Bruguière. Autant de mesures que le comité mémoriel, chargé en février par l’exécutif d’actualiser le devoir de mémoire, a préconisé dans son récent rapport.

Un risque toujours élevé

Si l’aide aux victimes est cruciale, la lutte contre le terrorisme ne faiblit pas pour autant. Car la menace pèse toujours, en témoignent les deux attentats commis cette année – une prise d’otages meurtrière à Trèbes (Aude) fin mars, et une attaque au couteau à Paris à la mi-mai. Autre chiffre éloquent, avancé par le Premier ministre fin août : pas moins de 51 attaques auraient été déjouées depuis 2015.

Malgré des moyens de police augmentés, le risque serait aussi élevé qu’avant. Mais néanmoins différent, estime Jean-Louis Bruguière : «Un attentat d’ampleur est improbable, faute d’organisation terroriste structurée, mais les actes isolés sont à craindre.» Une évolution qui pourrait nécessiter une adaptation de l’aide aux victimes traumatisées dans les années à venir.

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