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Procès Pastor : Pascal Dauriac, «fils» sous domination ou «maître chanteur» ?

Pascal Dauriac, le coach sportif du gendre d'Hélène Pastor, est amené le 2 février 2015 à une confrontation [BORIS HORVAT / AFP/Archives] Pascal Dauriac, le coach sportif du gendre d'Hélène Pastor, est amené le 2 février 2015 à une confrontation [BORIS HORVAT / AFP/Archives]

Pascal Dauriac, «fils» adoptif manipulé par Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor, accusé d'avoir commandité le meurtre de la milliardaire monégasque, ou bien «maître chanteur» retors : les deux thèses se sont affrontées lundi à Aix-en-Provence.

L'ancien coach sportif de Wojciech Janowski et Sylvia Ratkowski-Pastor, Pascal Dauriac, 49 ans, reconnaît avoir organisé le guet-apens où Hélène Pastor, 77 ans, a été mortellement blessée avec son chauffeur en mai 2014 à Nice. Mais Wojciech Janowski, 69 ans, nie désormais en avoir été l'instigateur, après ses aveux aux enquêteurs.

Comme un fils

«Tu es un peu le fils que je n'ai jamais eu», aurait confié l'homme d'affaires polonais à son entraîneur, selon le témoignage d'Anne, une des trois soeurs de Pascal Dauriac, lundi matin, devant les assises des Bouches-du-Rhône : «D'ailleurs Pascal ne l'appelait pas Janowski, mais Pastor», poursuit celle-ci au sujet de celui qui n'avait pourtant pas épousé Sylvia Ratkowski-Pastor. «En fait, Pascal a toujours été en demande d'une figure paternelle généreuse et bienveillante», insiste Peyril Peytavi au sujet de «son cousin germain et ami».

L'aurait-il trouvée en Janowski ? «Il donnait de bons conseils à mon fils», avait déclaré la mère de Pascal Dauriac, celle qui l'avait placé à 12 ans en maison de redressement, dans sa déposition devant les enquêteurs, dans une déclaration lue par l'avocat général, Pierre Cortès lundi.

Croquis d'audience montrant Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor, devant la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône, le 17 septembre 2018 [Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives]
Croquis d'audience montrant Wojciech Janowski, le gendre d'Hélène Pastor, devant la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône, le 17 septembre 2018

Dans le box des accusés, les deux hommes s'ignorent, Dauriac en haut à gauche, Janowski en bas à droite. Pas un regard entre eux, même quand deux autres témoignages, lundi après-midi, viennent esquisser un portrait bien différent de l'ex-coach sportif.

Janowski : «Je suis terrifié»

«A mon avis M. Janowski était victime d'un chantage de la part de M. Dauriac», affirme ainsi Wieslaw Strozik, mandataire de M. Janowski pour ses affaires en Pologne, dans sa déposition de février 2015, déclaration lue lundi par le président de la cour, Pascal Guichard. M. Strozik évoque alors une somme de 200.000 euros réclamée à son client, pour «sa protection et la sécurité de sa famille».

La même thèse est avancée par Katarzyna Janowska-Skora, la soeur de M. Janowski. Comme M. Strozik, elle aussi est absente à l'audience. Seules sont lues ses déclarations aux enquêteurs. «J'avais entendu qu'il y avait des menaces envers leurs filles, qu'elles allaient être kidnappées», déclare Mme Janowska, en avril 2015, au sujet des enfants de son frère et Sylvia : «Il faisait l'objet de chantage de son coach sportif».

Des extraits de deux courriers de décembre 2012 et décembre 2013 adressés par Wojciech Janowski à sa soeur --considérés par l'accusation comme des faux, antidatés-- sont alors lus à l'audience : «Je dois lui payer 200.000 euros pour ma protection rapprochée, mais je ne peux pas, sinon Sylvia en meurt», écrit Janowski en 2012, en mentionnant les soins coûteux pour soigner le cancer de sa compagne; «Je suis terrifié», insiste-t-il en 2013.

«Sa parole ne vaut rien»

Un peu ronronnante, l'audience se réveille alors, avec une passe d'armes entre Me Eric Dupont-Moretti, l'avocat de M. Janowski, et Me Gérard Baudoux, un conseil de Gildo Pallanca-Pastor, le fils de la milliardaire assassinée.

«Je vais affirmer que vous mentez», lâche Me Baudoux à Wojciech Janowski, interrogé sur ces courriers, parlant d'une «correspondance qui serait purement et simplement un faux, antidaté». «Lui, sa parole ne vaut rien, je l'ai bien compris», ironise aussitôt Me Dupont-Moretti, au sujet de son client : «Mais moi je dis simplement 'je ne sais pas', il y a ce qu'on appelle le doute !»

Mais le doute sur la véracité de ces courriers ne fait que grandir quand la propre nièce (fille de Katarzyna Janowska-Skora) et avocate de Janowski, Katarzyna Janowska, l'une des huit autres personnes poursuivies dans ce dossier, avec le tireur et le guetteur, vient contredire sa propre mère en affirmant n'avoir vu ces lettres qu'en 2014 et non en 2012 et 2013.

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