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L'exécutif défend une hausse «courageuse» du diesel, l'opposition dénonce une «arnaque»

Le Premier ministre Édouiard Philippe devant l'Assemblée nationale le 17 octobre 2018 [Eric FEFERBERG / AFP/Archives] Le Premier ministre Édouiard Philippe devant l'Assemblée nationale le 17 octobre 2018 [Eric FEFERBERG / AFP/Archives]

L'exécutif, Édouard Philippe en tête, a assumé mardi la hausse «courageuse» du prix du diesel au nom de la «transition» écologique, l'opposition dénonçant une «arnaque» destinée à «compenser» les «cadeaux fiscaux» du gouvernement.

Ce débat intervient alors que l'Assemblée nationale a adopté mardi le volet recettes du budget 2019 qui prévoit des baisses d'impôts pour entreprises et ménages, mais qui est synonyme de baisse du pouvoir d'achat selon les oppositions. «Nous avons indiqué très tôt que si nous voulions mettre en place la transition que beaucoup de Français attendent, s'agissant de la prise en compte de l'économie 'décarbonée', il fallait envoyer un signal prix, donner une trajectoire carbone visible, prévisible et irréversible», a déclaré le Premier ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.

«10 petits milliards»

«Nous devons accompagner ceux qui sont les plus fragiles et qui subissent évidemment les prix et le coût. C'est ce que cette majorité fait quand elle développe la prime à la conversion, lorsqu'elle augmente le chèque énergie, lorsqu'elle mettra en place les instruments qui permettront le développement des transports collectifs, y compris dans les intercommunalités où il n'y a pas d'autorités organisatrices de transport», a poursuivi M. Philippe.

Il était interpellé par la présidente du groupe socialiste Valérie Rabault, qui a lancé : «Vous faites les poches des Français qui sont contraints de prendre leur véhicule, soit parce qu'ils habitent à la campagne, soit parce qu'ils n'ont pas accès aux transports en commun». Elle a chiffré le surplus de taxe sur le diesel, «pour une famille de deux parents, deux enfants», à «576 euros en 2022 par rapport à 2017». Le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait auparavant dénoncé «une arnaque».

«La réalité, c'est que sur cinq ans, le gouvernement a prévu de prélever 55 milliards d'euros via cette fiscalité écologique et figurez-vous que ce sont seulement 10 petits milliards sur ces 55 milliards qui vont finalement financer la transition énergétique», a-t-il dénoncé. Mardi matin, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait défendu d'une formule la position de l'exécutif : «quand on a aimé Nicolas Hulot, on assume d'avoir une fiscalité comportementale». Il a rappelé que la hausse du prix du diesel faisait partie du programme du candidat Macron.

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a lui aussi expliqué que le gouvernement voulait «sortir du tout pétrole», soulignant que «la hausse des prix des carburants est aux trois quart due à la hausse des prix du pétrole sur le marché mondial».

Enfer fiscal

«La fiscalité devrait permettre de rapprocher le prix des deux carburants, le diesel et l'essence. En réalité, ils ont aussi augmenté le prix de l'essence et donc c'est là où il y a quelque chose qui ne colle pas, et on a bien compris qu'en réalité, c'est une opération purement budgétaire pour compenser des baisses fiscales», a répondu Olivier Faure.

«C'est tout simplement l'enfer fiscal», a de son côté estimé Daniel Quero, président de l'association «40 millions d'automobilistes». «Chaque matin quand on se lève on se demande quelle nouvelle taxe on va avoir, nous automobilistes. Ca devient tout à fait insupportable». Le diesel, «on a incité les gens à en acheter. Il y a 60% et quelque du parc qui est diesel et 80% du carburant vendu qui est encore du gasoil. C'est une manne pour l'État», a-t-il ajouté.

Lundi, Ségolène Royal, ministre de l'Environnement sous le quinquennat de François Hollande, avait dénoncé la fiscalité sur le carburant, estimant que le gouvernement cherchait à «justifier un matraquage fiscal par l'écologie», ce qui «n'est pas honnête». «Il faut absolument arrêter cette hausse», a dit Mme Royal, jugeant qu'il n'y avait «pas une semaine où il n'y a pas un recul sur l'écologie. On comprend mieux la démission de Nicolas Hulot».

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