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Retour de l'expédition Tara après deux ans et demi à explorer les fragiles coraux

La goélette Tara est de retour, près de l'île de Groix, le 27 octobre 2018 [SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP] La goélette Tara est de retour, près de l'île de Groix, le 27 octobre 2018 [SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP]

Retour au bercail pour Tara. Après deux ans et demi passés à explorer des récifs coralliens dans le Pacifique et à mesurer l'impact du changement climatique sur ces écosystèmes riches mais menacés, la goélette scientifique rentre samedi au port de Lorient.

Des dizaines de scientifiques de plusieurs nationalités se sont succédé à bord du navire de 36 mètres de long et 10 de large au cours de son périple de plus de 100.000 kilomètres, qui l'a conduit dans une quarantaine de pays, du Panama au Japon en passant par les iles Samoa, Hong Kong ou encore l'Australie.

 

Le but de cette mission inédite, partie le 28 mai 2016: parcourir l'océan Pacifique pour étudier la diversité des récifs coralliens et mieux appréhender l'impact du réchauffement climatique sur ces écosystèmes très menacés.

«C'est la première fois qu'on va avoir un état des lieux précis de la santé des coraux à l'échelle d'un océan entier», a souligné Stéphanie Thiébault, directrice de l'institut écologie et environnement CNRS, lors d'une conférence de presse sur l'île de Groix.

«On n'a pas de résultats scientifiques» pour l'instant, «par contre on a observé beaucoup de choses», a expliqué Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara expéditions.

«On a observé des récifs très tristes comme ceux des Samoa, avec des mortalités très importantes et à côté de ça on a des récifs magnifiques», a complété Serge Planes, directeur scientifique de l'expédition, qui parle de «patchwork».

Le petit atoll inhabité et isolé de l'île de Ducie a par exemple souffert d'un fort blanchiment quand à l'inverse, l'archipel de Chesterfield, près de la Nouvelle Calédonie, lui aussi préservé d'activités humaines, présente des coraux en très bonne santé.

La Grande barrière de corail [dmk/ahu, A. Leung/J. Saeki / AFP]
La Grande barrière de corail

«Au global l'équilibre n'est pas catastrophique mais on est dans des systèmes très fragiles», qui peuvent vite se dégrader, a-t-il poursuivi.

«Donner du temps»

Les récifs coralliens ne couvrent que 0,2% de la superficie des océans, mais réunissent environ 30% des espèces marines connues à ce jour.

Plusieurs menaces pèsent sur eux: les aménagements portuaires et touristiques, la pêche à l'explosif ou au cyanure, la pollution, des espèces invasives, le réchauffement des eaux qui entraîne leur blanchiment ou encore l'acidification des océans.

20% des récifs sont déjà détruits, 15% risquent de l'être d'ici à 10-20 ans et 20% supplémentaires sont menacés d'ici à 40 ans.

Les coraux protègent les côtes de l'érosion ou rendent des services pour la pêche, en attirant des poissons. Plus de 500 millions de personnes en dépendent directement à travers le monde.

«C'est important de donner du temps aux récifs pour se reconstruire», a souligné Serge Planes. Si le réchauffement climatique ne peut pas être stoppé du jour au lendemain, «on peut demain empêcher la construction d'une digue ou le versement de sédiments» qui étouffent les coraux.

«Le problème des récifs coralliens qui est en mer se traite à terre», en traitant par exemple les eaux usées.

La goélette sera accompagnée samedi par une armada de plaisanciers sur les derniers milles nautiques entre l'île de Groix et Lorient. Le public, invité à l'accueillir, pourra assister à des conférences et une exposition, des animations qui se poursuivront tout le week-end, avec en parallèle des visites de la goélette dimanche et du 1er au 4 novembre.

Le retour au port de Lorient ne signifie pas la fin de l'aventure. Environ 36.000 échantillons ont été collectés.

Ces échantillons de coraux, de plancton, d'algues ou de poissons ont été acheminés au fur et à mesure de l'expédition jusqu'à la plateforme de séquençage située à Evry, en région parisienne. Là-bas, les scientifiques décryptent l'ADN des coraux, afin de mieux comprendre comment ils fonctionnent et pourquoi certains supportent mieux que d'autres les changements de leur environnement.

«Nous créerons une base de données (...) qui peuvent nous permettre de comprendre ce que peuvent devenir ces écosystèmes à l'avenir», a fait savoir Patrick Wincker, directeur de recherche au CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives).

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