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Après la mobilisation des «gilets jaunes», les regards tournés vers l'Elysée et Matignon

Au lendemain de la mobilisation des «gilets jaunes», qui a rassemblé près de 288.000 personnes dans toute la France et se poursuivait par endroits, tous les regards sont tournés vers l'Elysée et Matignon, restés en retrait.

Les manifestants, qui protestent contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d'achat, ont bloqué samedi autoroutes, ronds-points, hypermarchés ou organisé des opérations de péage gratuit.

Des «gilets jaunes» se sont aussi rendus près de l'Elysée, où les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes. S'ils n'ont pas réussi à paralyser la France, tout le territoire a été touché par leurs actions, organisées en dehors des partis et des syndicats.

Mais le bilan humain est lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice prise de panique, et plus de 400 blessés - dont 14 gravement y compris parmi les forces de l'ordre - et les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.

La nuit a été «agitée sur certains sites», avec quelque 3.500 personnes restées mobilisées «sur 87 lieux différents», a rapporté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Dimanche matin, des blocages persistaient, comme sur l'A8 au péage du Capitou dans le Var. Sur environ 150 sites, les manifestants ont appelé à reconduire le mouvement, selon l'Intérieur.

«A sa place»

Christophe Castaner à Paris le 17 novembre 2018 [Katell PRIGENT / AFP]
Christophe Castaner à Paris le 17 novembre 2018

«Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d'achat», avait martelé samedi le ministre de l'Intérieur, tentant de conjuguer le «en même temps» : à la fois écouter et rester ferme.

«Il y a une mobilisation qui est là, il ne faut pas la nier» mais «ce n'est pas le raz-de-marée attendu», selon un conseiller de l'exécutif. Les chiffres sont comparables à certaines grandes manifestations organisées ces dernières années par les syndicats.

Ni Edouard Philippe, qui avait annoncé mercredi des mesures d'accompagnement aux ménages, ni Emmanuel Macron, en déplacement dimanche à Berlin et dont la cote est au plus bas, ne se sont exprimés, laissant Christophe Castaner monter au front.

«Chacun était à sa place hier, j'étais en lien permanent avec le président de la République et avec le Premier ministre pour les informer des questions de sécurité», a justifié dimanche le locataire de Beauvau, déplorant qu'en face, «personne n'a(it) voulu discuter, négocier».

De son côté, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a indiqué au Parisien que le gouvernement poursuivrait «la trajectoire prévue» en matière de fiscalité écologique.

Cependant, selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 62% des Français jugent qu'il faut «donner la priorité au pouvoir d'achat quitte à aller moins rapidement sur la transition énergétique» dans les prochaines années.

les réactions politiques

«Les +gilets jaunes+ doivent poursuivre leur action tant que le gouvernement poursuit la sienne» a déclaré sur France Inter, Geoffroy Didier, secrétaire général délégué des Républicains.

«Je crains que le gouvernement n'ait pas compris, les choses vont s'aggraver pour lui», a prévenu sur Franceinfo Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national.

Le président des Patriotes Florian Philippot a même appelé sur Cnews à «la dissolution de l'Assemblée nationale».

A l'autre bout de l'échiquier, le Nouveau parti anticapitaliste estime qu'il «va falloir mettre en mouvement le mouvement social, syndicats, associations et partis politiques, pour qu’ils donnent des prolongements à cette colère».

Manifestation de "gilets jaunes" à Caen le 17 novembre 2018 [CHARLY TRIBALLEAU / AFP]
Manifestation de «gilets jaunes» à Caen le 17 novembre 2018

De l'extrême droite à l'extrême gauche, des élus, parfois vêtus de gilets jaunes, s'étaient rendus samedi auprès de manifestants. La plupart l'ont fait discrètement pour ne pas prêter le flanc aux accusations de récupération.

Laurent Wauquiez, patron de LR, était au Puy-en-Velay, d'où il a appelé le président à «corriger ses erreurs». Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, venu place de la Concorde dans la capitale, s'est félicité d'«un immense moment d'auto-organisation populaire».

La présidente du RN Marine Le Pen, qui n'a pas manifesté, doit s'exprimer dimanche à la mi-journée. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, prévient lui que «sans dialogue, en jouant le pourrissement, le gouvernement prend le risque de dérapages».

Côté syndical, le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé Emmanuel Macron à «réunir très rapidement» syndicats, patronat et associations «pour construire un pacte social de la conversion écologique».

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