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Entre manifestants et gouvernement, le face-à-face continue

Les gilets jaunes poursuivent leurs actions [PASCAL GUYOT / AFP].

Alors que les manifestants poursuivent leurs actions dans le pays, l’Etat reste  ferme et espère un essoufflement des gilets jaunes.

Les jours passent, mais la situation reste au point mort entre les gilets jaunes et le gouvernement. Ce qui ne devait être qu’une journée de contestation exceptionnelle, samedi, avec environ 300 000 personnes manifestants dans le pays dénonçant le prix des carburants et la baisse du pouvoir d’achat, s’est transformé en guerre d’usure. Un combat dans lequel l’Etat ne veut pas céder, et qui se poursuivra samedi, avec une nouvel appel aux blocages dans la capitale.

Deux camps qui s’affrontent

Après s’en être pris massivement aux ronds-points, aux carrefours ou aux bretelles d’accès autoroutières, les manifestants ont diversifié leurs actions au fil des jours, alors que plus de 10 000 personnes étaient encore mobilisées, selon une source policière. «On est moins nombreux, mais on est solidaires et on s'organise», lançait ainsi, hier, un ouvrier agricole près de Toulouse. 

Les centres d’impôt, les barrières de péage, les zones industrielles ou encore les centres commerciaux sont maintenant ciblés. Et sur les réseaux sociaux, les appels à poursuivre le mouvement n’ont cessé de se multiplier depuis dimanche. Des revendications nouvelles sont même apparues, comme la demande d’organisation d’un référendum sur la légitimité du président.

Face à la grogne, le gouvernement avait d’abord joué la carte de l’apaisement, en annonçant, la semaine dernière, l’extension du chèque énergie et la mise en place d’une «super prime» à la conversion des véhicules pour les ménages les plus modestes l’an prochain. Mais il ne compte pas aller plus loin. Emmanuel Macron, en déplacement hier en Belgique, a en effet insisté sur «l’explication» à apporter à sa politique fiscale, pour qu’elle soit mieux comprise et acceptée.

Misant sur une stratégie qui lui avait été favorable au printemps face à la longue grève des cheminots, l’exécutif affiche plus que jamais sa volonté de ne pas reculer. «Nous gagnerons par la cohérence, la constance et la détermination», a ainsi assuré, hier, le Premier ministre, Edouard Philippe. Un discours répété depuis dimanche, lorsqu’il avait indiqué «entendre la souffrance» des bloqueurs, mais vouloir maintenir le cap pour «libérer le pays de la dépendance au pétrole».

Un dénouement incertain

Reste à savoir comment va évoluer ce mouvement si atypique, car apolitique, asyndical et sans leaders. Alors que des débordements ont été recensés, et qu’un motard blessé lundi près d’un barrage est mort hier, certains craignent, comme le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, une «radicalisation» des actions, qui pousserait les forces de l’ordre à y mettre un terme.

La contestation pourrait aussi s’affaiblir peu à peu, jusqu’à s’éteindre. «Nous ne sommes pas dans une grève, les gens ont pris des congés et devront retourner au travail», décrypte Rémi Bourguignon, spécialiste des mouvements sociaux. «Des actions ponctuelles seront possibles, mais pas sur le long terme. C’est ce que le gouvernement semble attendre». Une troisième hypothèse verrait le mouvement garder sa dynamique, forçant le pouvoir à négocier. Mais il lui faudrait alors parvenir à faire émerger une représentation, capable de mener le dialogue.

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