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#PayeToiUnJournaliste : des journalistes dénoncent les violences des gilets jaunes

«On veut dire stop. On ne peut plus se faire cracher dessus, taper, recevoir des œufs... C’est quoi la prochaine étape ? On se fait tabasser ? On se fait tuer ?» [FRANCOIS LO PRESTI / AFP]

Alors qu’ils couvraient les blocages, plusieurs reporters ont été agressés par des gilets jaunes. Certains d’entre eux tirent la sonnette d’alarme pour que ces agressions cessent et que le dialogue soit renoué avec les Français qui ne font plus confiance aux médias.

Gwen Saulnier, journaliste pigiste depuis vingt ans, soutenue par sept confrères montpelliérains, a décidé de réagir et a créé un groupe Facebook, sous le pseudo «Paulette la pigiste». «D’un coup, je me suis rendu compte que je n’en pouvais plus. Que ces actes de violence gratuite envers les journalistes n’étaient plus possibles», a-t-elle expliqué à Franceinfo.

Intitulé #PayeToiUnJournaliste, ce groupe vise à réunir les témoignages de journalistes victimes d’agressions durant les manifestations des «gilets jaunes» ou lors d’autres événements. Le but ? «Mettre en lumière ces agressions, et créer un dialogue avec ceux qui ne nous font plus confiance», détaille la journaliste. Afin de «répondre à un mal être» et rétablir le dialogue, la page a été ouverte à n’importe quel citoyen, du moment que les échanges restent courtois.

Quelques jours seulement après sa création, le groupe Facebook regroupe déjà plus de 2.000 membres, et des dizaines de témoignages y ont été publiés. «On veut dire stop. On ne peut plus se faire cracher dessus, taper, recevoir des œufs... C’est quoi la prochaine étape ? On se fait tabasser ? On se fait tuer ?», s’inquiète Gwen Saulnier.

«Vous êtes à la botte de Macron !»

Le «déclic» qu’a eu Gwen Saulnier s’est produit dimanche soir, après avoir entendu le témoignage d’une de ses consœurs, Céline Durchon. Cette pigiste de 26 ans a été violemment prise à partie lors d’un blocage filtrant des «gilets jaunes» à Montpellier. Un groupe de 100 à 120 manifestants l’a encerclée en lui criant dessus : «Menteurs, vous appartenez au pouvoir, vous censurez, vous êtes à la botte de Macron !»

L’organisateur de la manifestation a fini par extraire Céline Durchon de la foule en s’excusant. Certains «gilets jaunes» sont ensuite venus lui parler, et lui expliquer que ce n’était pas contre elle, mais contre ce qu'elle représentait. 

De son côté, Stéphanie Roque, journaliste pour LCI, a elle aussi dû faire face à des conditions de travail particulièrement difficiles lors de la manifestation des «gilets jaunes» du 17 novembre, à Paris. 

Insultes, coups, menaces

Avec ses collègues, place de la Concorde, les reporters ont été «prises à partie, insultées, traitées de menteuses, de collabos, de médias corrompus… Impossible de faire un duplex», a-t-elle expliqué à Franceinfo, déplorant un climat «qui empêche parfois de faire son métier correctement. Et s’il n’y a plus de journalistes, il n’y a plus de démocratie». Le lendemain, en Normandie, d’autres manifestants les ont traitées de «salopes» et de «youpins macronistes». Pour continuer à travailler, elles se déplacent désormais avec des agents de sécurité.

Un photographe bénévole de Radio Bip, média indépendant et associatif, a quant à lui reçu des injures racistes, suivies d’un coup violent au visage, qui lui a cassé l’os zygomatique. «Traumatisé», selon sa collègue, l'homme, originaire du Laos et établi en France depuis trente ans, «a porté plainte, et bénéficie d’un suivi psychologique.»

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